A l’approche des élections présidentielles
Pour y voir plus clair, il faut revenir sur les quarante ans de l’histoire de l’écologie en politique en insistant sur l’émergence des idées et les résultats électoraux, en dents de scie. En filigrane, la question qui a accompagné cette émergence semble perdurer, au fil des événements et des remises en cause : faut-il politiser l’écologie, ou écologiser la politique ? Extraits.
Il était une fois un 21 avril
« Après de nombreuses années d’étude et plusieurs ouvrages publiés sur la question de l’extrême droite et du Front national, c’est à l’autre parti qu’on désigne parfois comme « émergent » dans le champ politique qu’il parait évident de s’attacher désormais. (?)
On ne travaille jamais impunément sur un sujet aussi complexe que l’émergence d’une idée et de ses formes. Max Weber parlait de la nécessité de « dénouer les fils de nos démons », qu’ils nous hantent ou nous portent vers l’espoir. L’extrême droite hante les imaginaires. L’écologie serait plutôt du côté de l’espoir, parfois décevant, mais nécessaire. »
« L’histoire de l’écologie passe par plusieurs phases, de sa naissance en tant que discipline à usage scientifique à son engagement dans le combat naturaliste, puis son passage dans une sphère de mouvements critique de la société productiviste et matérialiste, avant de tenter l’aventure politique et électorale. Ces âges de l’écologie ne sont pas exclusifs les uns des autres, ils coexistent et se mêlent au fil des soubresauts que cette discipline scientifique, activité, puis revendication, qui apparaissent et s’enrichissent mutuellement. En réalité, c’est bien sur deux pieds, ou la rencontre de deux piliers principaux, que l’écologie construit son entrée dans le champ politique : l’écologie « scientifique » et l’écologie « sociétale ». »
« Au sortir de la participation gouvernementale, le « choc » du 21 avril 2002 marque la fin de l’élan des écologistes vers ce que certains estimaient pouvoir être la conquête du pouvoir. Auréolé d’un score inédit pour un candidat écologiste à une présidentielle (5,25 %) Noël Mamère n’en profite pas ; dès 20h, il appelle à défiler contre la qualification de Jean-Marie Le Pen au second tour. Le pari des écologistes tenait à la poursuite ? voire l’approfondissement, dans de meilleures conditions ? de la « majorité plurielle » mise en place avec le PS en 1997. Non seulement cette stratégie s’effondre avec l’élimination de Lionel Jospin au premier tour, mais pire encore, Noël Mamère fera partie des candidats accusés d’avoir divisé la gauche, affaibli Lionel Jospin (avec Jean-Pierre Chevènement, ou Christiane Taubira, notamment) et poussé à ce résultat désastreux. Preuve supplémentaire, s’il en était besoin, que l’écologie est encore perçue assez généralement comme un « supplément d’âme » non obligatoire, à peine nécessaire, aux yeux de beaucoup d’acteurs et de commentateurs politiques. »
Ces extraits sont issus de l’ouvrage « Des écologistes en politique », d’Erwan Lecoeur. Sortie en libraiie le 25 mars (18 ?). Avec la participation de José Bové, Cécile Duflot, Daniel Cohn-Bendit et Corinne Lepage. En savoir plus : présentation sur : www.lignes-de-reperes.com
Contacts presse : Patrick Blaevoet