Après le Printemps de l’éolien offshore…

Pourtant, l’attribution récente au groupe GDF du second appel d’offres d’un volume de 1000 MW devrait accélérer la sortie des fonds des eaux d’une filière industrielle encore émergente.

La France devra en effet redoubler d’effort afin d’atteindre d’ici 2020 75 % de la capacité actuelle de l’éolien terrestre, soit 6000 MW ou l’équivalent de quatre gros réacteurs nucléaires. Pas moins de 10 000 emplois à créer selon Madame Royal et près de 4 millions de tonnes de CO2 à économiser chaque année.

Plus couteux que son cousin terrestre, mais plus productif, car il dépend d’une météorologie plus prévisible, l’éolien marin n’est pas encore arrivé à son stade de maturité. Il recèle d’ores et déjà un fort potentiel de développement pour les territoires.

L’activité économique locale induite est en effet significative. Pour le précédent appel d’offres de cette importance remporté en 2012 par le concurrent EDF, la valeur ajoutée estimée était au trois quarts nationale et régionale. Dans ce cas de figure, la « Compagnie du vent » quantifiait à près de 2800 le nombre d’emplois créés pour les phases d’ingénierie, de fabrication et de pose.

Pour les collectivités en crise, ce secteur est également une opportunité touristique déjà expérimentée avec succès par nos voisins britanniques et danois. D’autant que sur le plan de l’environnement, « l’effet récif artificiel » constitué par les mâts participe au développement de la ressource halieutique.

Dans un premier temps bloqué par la présence possible de mines, le projet continue de susciter des points de friction en matière de conflits d’usage, particulièrement sensibles. La population des pêcheurs est touchée par la hausse tendancielle des carburants. Une frange s’obstine à vouloir revenir vers une pêche sans avenir, affranchie de tous quotas. Elle appelle cependant une vigilance particulière. La taxe spécifique aux éoliennes en mer devrait représenter à terme un produit de plusieurs dizaines de millions d’euros. Un levier pour une conversion sociale réussie.

C’est là un résumé saisissant des risques entre lesquels la future Loi sur la transition énergétique présentée d’ici cet été devra naviguer. Là où la filière nucléaire a fait l’objet en son temps d’un soutien massif en fonds propres et d’une nouvelle promesse industrielle, le développement de l’éolien devra surtout compter sur les tarifs de rachat et l’obligation d’une reconversion des filières du passé.

D’autant que le gouvernement est également confronté à la concurrence des carnets de commandes, notamment. Ceux des acteurs de l’industrie navale ou des équipementiers électriques. Rien que sur le créneau des énergies renouvelables marines, la valorisation électrique des courants ou les potentialités soulevées par l’éolien posé à grande profondeur, les modèles économiques sollicités s’accommodent peu des taux de retours exigés par les marchés pour ce type de projet.

Réussir « l’Été de la transition énergétique » appellera donc une responsabilité forte des pouvoirs publics dont la maitrise d’ouvrage devrait permettre de desserrer l’étau de la rentabilité des futures réalisations industrielles. Mais ils devront également faire preuve d’innovation si on ne souhaite pas que cela se traduise par un nouveau coup de chaud pour nos finances publiques.

Un article publié sur le site du quotidien Les Echos le 29 mai 2014.