La femme est l’avenir du sport

 

Sous les critiques

L’accès des femmes aux pratiques physiques et sportives est récent.

Il est lié à la conquête de nouveaux droits civils, politiques, et au dépassement des préjugés coriaces sur la féminité. Si les femmes représentent 52% de la population, elles ne représentent que 35% des licenciés des fédérations sportives

En 2004, un rapport du ministère de la Jeunesse,des Sports et de la Vie Associative a mis en évidence les difficultés auxquelles sont confrontées les femmes pour accéder aux pratiques sportives.

  • Il souligne que l’histoire du sport est fortement marquée par la tradition militaire;
  • il met en évidence que le sport est structurellement construit sur des organisations et des pratiques masculines alors que les causes des différences dans l’engagement féminin ou masculin des filles et des garçons dans les activités sportives sont souvent à rechercher dans des déterminants biologiques;
  • de nombreux sports se sont construits autour des concepts de défi et d’affrontement physique .

15 ans plus tard, le ministère des sports met en lumière des constats similaires : les femmes ont 2 fois moins accès que les hommes à la pratique sportive dans certains territoires.

 Jeunes filles à l’écart dés l’école primaire

Pourtant, le sport scolaire et associatif peut représenter un espace de liberté pour les filles et les femmes, pour les garçons et les hommes à tous les âges, une voie de réussite et d’émancipation et un moyen de résistance aux contraintes sociales et culturelles .

Le sport peut permettre aux filles et aux garçons d’accepter l’idée d’être égaux dans le respect des différences des corps

A ce titre, il joue un rôle important dans la prévention des violences sexistes.

Le développement actuel de freins culturels d’ordre communautaire ou religieux dans les « quartiers sensibles » doit interroger sur l’exclusion des filles du monde du sport dans certaines parties du territoire.

Des recommandations du rapport femmes et sports doivent être soulignées, d’autres méritent d’être prolongées. Une remise à plat des dogmes qui alimentent les politiques locales s’impose également.

La pratique sportive doit se faire le plus longtemps et le plus souvent possible dans la mixité. L’entrainement du soir, le cours d’éducation physique, sont des éléments qui permettent une pratique mixte dès le plus jeune age. On peut considérer que le sport associatif est le vecteur privilégié de pratique pendant l’enfance et l’adolescence. C’est un investissement d’un bon retour tout au long de la vie.

Des pistes pour la pratique des femmes adultes

Actuellement l’offre sportive du secteur associatif est étroitement liée à la présence des installations existantes : stades d’athlétisme, terrains herbeux, gymnases… Ces installations sont très coûteuses à la construction et à l’entretien, peu économes en fluides notamment (électricité…) et sous utilisées. Les femmes en profitent globalement peu car elles ne sont pas adaptées à leurs besoins et à leurs rythmes de vie.

Qui a donc décidé de ces orientations ?

Qui conseille les élus ?

Un constat s’impose: il y a sous représentation des femmes dans les instances de prise de décision.

L’orientation est clairement celle d’installations destinées à des pratiques compétitives (les présidents de clubs sont souvent des notables très écoutés et des relais d’opinion) alors que les femmes pratiquent la plupart du temps hors compétition.

L’activité physique des femmes adultes est motivée par des préoccupations de santé, de bien être, d’esthétique. Les principaux motifs qui limitent la pratique sont : « le manque de temps », le fait d’avoir d’autres activités qui entrent en concurrence, et « le manque d’envie ». D’autres freins à la pratique sont le prix des activités (30%) et les contraintes familiales.

Lorsqu’on les interroge les femmes voudraient pratiquer en priorité la gymnastique (12 %), la danse (8 %) et la natation (7 %). Ces disciplines se pratiquent pour la plupart individuellement et renvoient le plus souvent à des sports d »expression corporelle, l’esthétique et l’entretien du corps occupent une place importante.

Lorsqu’on y regarde de plus près, les modes d’engagement corporel des femmes traduisent la façon dont elles investissent le monde. Leurs attentes sont conformes aux représentations permises par notre société.

Lorsque les femmes pratiquent, elle le font souvent hors du secteur associatif, seules ou en famille et ne souhaitent pas faire de compétition. Ce sport que les fédérations tendent structurellement à favoriser…

 

Les femmes de plus de 60 ans

De multiples études démontrent l’impact de l’exercice physique dans le vieillissement corporel et le maintien des capacités cognitives.

L’activité physique retarde la dépendance et assure une plus grande longévité. Elle est donc très rentable pour les comptes de la nation. Mais elle doit intervenir bien avant l’arrivé en maison de retraite.

Il faut solliciter les femmes avant la fin de leur vie active et leur proposer un choix d’activités physiques . C’est dans cette période charnière que se joue le vieillissement à venir. Le coût de l’accès à des activités physique est négligeable par rapport à l’économie de dépenses de santé à terme. La mise en place d’un système de « chèque-sport » permettrait par exemple à chacune de découvrir des activités physiques dans le cadre d’associations. Le niveau d’activité physique des femmes est un révélateur du fonctionnement de notre société.

Elles pratiquent moins que les hommes, des activités autorisées par nos représentations du corps, et s’interrompent fréquemment pour des raisons financières ou familiales.

Elles permettent en outre d’améliorer bien-être et longévité : il s’agit d’un enjeu essentiel de santé publique.
Quelques pistes pour un contrat sportif, sanitaire et sociétal renouvelé.

Se réapproprier une partie de l’offre sportive

La gymnastique d’entretien, la danse, la natation lorsqu’elle est pratiquée sous forme d’aqua-gym sont des activités plébiscitées par les femmes. Mais « elles coutent cher » et ne sont pas accessibles à toutes.

L’Etat et les collectivités subventionnent actuellement les fédérations et les structures du sport de compétition. Ces subventions nous permettent d’entendre parfois la Marseillaise résonner lors des compétitions internationales et de montrer ainsi la force de notre communauté.

Cette politique repose également sur un double dogme :

  • celui qui induit que le « sport de masse » en favorisant le « sport d’élite ». Cette approche fondée sur les théories pyramidales les pousse à favoriser la production de champions;
  • les « sports de base » qu’il conviendrait de maîtriser au cours de sa scolarité en facilitant les chances d’accéder à d’autres pratiques : cette hypothèse n’a jamais pu être vérifiée.

Confrontées à leurs limites, les politiques sportives impulsées par les pouvoirs publics peuvent dépasser cette tendance régressive à la privatisation de l’espace sportif, peu satisfaisante en termes de résultats politiques (santé, pratiques, économie des ressources…). Etat, collectivités et associations doivent soutenir davantage l’offre destinée aux femmes en passant par les associations sous condition d’emploi d’animateurs diplômés.

L’offre sportive destinée aux femmes ne doit pas être uniquement une offre centrée sur les infrastructures

Le sport souffre d’un très grand paradoxe : une grande partie des besoins n’est pas satisfaite mais l’Etat continue de subventionner des facultés des sports productrices de chômeurs possédant un haut niveau de qualification.

Avec plus de 2 milliards d’euros par an, l’effort des collectivités dans le domaine sportif est en décalage avec les pratiques de la population. C’est encore plus vrai pour ce qui concerne les femmes.

Ne serait il pas possible de faire glisser des enveloppes destinées à la construction d’infrastructures couteuse vers l’emploi de personnels qualifiés?

En sport comme dans beaucoup de domaines, l’humain est le premier paramètre, celui qui agit sur les corps avec son savoir. Il ne faut pas imaginer un seul instant que la présence d’installations sportives a un effet magique sur la santé et les besoins sportifs de la population.

 

Propositions

  1. Développer la mixité dans l’encadrement sportif… La possibilité de former les jeunes filles des « quartiers » est une solution très intéressante pour faciliter le contact avec les jeunes. Il ne s’agit pas d’attribuer de façon systématique des encadrants filles à des groupes de filles mais d’assurer à certains moments des relais féminins pour faciliter l’accession aux pratiques. A cette fin, les jeunes filles motivées du club doivent être encouragées à passer les brevets fédéraux. Les municipalités doivent ainsi s’attacher à une mixité dans le recrutement de leurs animateurs municipaux
  2. Féminiser les cadres de direction. Selon l’étude réalisée en 2003, les femmes accèdent rarement aux responsabilités politiques : 5% des présidents de comités régionaux, départementaux et de fédérations, 13,7 % des membres de bureau, 3,5 % des présidents de fédérations, 3 % des directeurs techniques nationaux. La division sexuée mérite d’être soulignée: les hommes sont davantage présents aux plus hautes fonctions et les femmes aux postes d’adjointes ! Quant au secteur technique, il est exclusivement masculin : l’animation (11% de conseillères techniques et sportives) , l’entraînement (9 % d’entraîneurs nationaux, 15% de femmes parmi les détenteurs de Brevets d’Etat du deuxième degré). Si les femmes sont de bons adjoints, on peut raisonnablement imaginer qu’elles pourraient occuper de plus hautes fonctions. L’état et les collectivités devraient alors s’attacher à moduler une partie de ses subventions aux fédérations sur des critères de parité relative aux postes décisionnaires.
  3. Améliorer la formation des éducateurs. La politique de la valorisation des « grands frères » déployée dans certaines collectivités a montré ses limites : ceux-ci n’étaient pas toujours bien intentionnés avec les « petites soeurs ». Et ils sont encore plus rarement bien formés.Quelles alternatives ? Pour accroître la dimension qualitative du lien sportif, il serait pertinent d’intégrer des contenus mettant en évidence les enjeux de la mixité dans les formations initiales et continues des éducateurs sportifs.
  4. Développer le partenariat entre les professeurs d’éducation physique et le milieu associatif. Les professeurs d’éducation physique sont identifiés par les famille comme des membres à part entière de la communauté éducative. Ils représentent un cadre sécurisé. Leur savoir faire en matière d’intégration à fait l’objet de multiples études. Ils font pratiquer les filles autant que les garçons, quoi qu’on en dise même dans les ZEP, et peuvent le partager avec des membres d’association dans le cadre de partenariats…

 

 

 

 

 

Le temps de la ville moyenne

Notre contribution publiée par La Tribune le 22 juillet 2020

Les écologistes métropolitains résistent à considérer certaines préférences françaises, comme la maison individuelle, ses représentations en matière de qualité de vie, d’éducation et de sécurité. Les fractures territoriales et sociales auront raison de ce déni pour au moins trois raisons. 

D’une part, la concentration accrue de l’emploi dans les pôles urbains et la hausse du coût du foncier ont contribué à pousser nombre de nos concitoyens dans les périphéries. D’autre part, les temps de contacts avec les villes centres se font avec un recours massif à la voiture individuelle thermique. Avec elle, augmentent l’empreinte environnementale, l’artificialisation des sols et s’éloignent les perspectives d’ascension sociale, les bassins d’emploi et les réseaux éducatifs. Enfin, avec l’évolution des modes de consommation, la dévitalisation des cœurs de ville – même si les efforts de la puissance publique sont considérables en la matière – un nombre croissant de citoyens ressent un sentiment de solitude et de délaissement. 

La crise sanitaire annonce un changement des perceptions

La prise de distance apparaît désormais comme un potentiel de richesses quand la métropole s’engorge et renvoie à l’idée de promiscuité, de pollutions, de mauvaise santé, et de vie chère. Plus profondément, le territoire de la “ville moyenne”, entre bourg rural et 100 000 habitants, est désormais plébiscité par près de trois-quarts français. Selon un récent sondage de l’IFOP (2019), il représente tout à la fois un plafond de leurs attentes et un plancher de perspectives. Il regroupe le tiers de la population française, des quartiers prioritaires et des établissements de santé ainsi que les succursales des Universités. « Trait d’union » entre ruralité et espaces métropolitains, ce territoire dispose de la taille critique pour faire face à l’arrivée de nouvelles populations.

La crise sanitaire annonce un changement des perceptions. La prise de distance apparaît désormais comme un potentiel de richesses quand la métropole s’engorge et renvoie à l’idée de promiscuité, de pollutions, de mauvaise santé, et de vie chère. Plus profondément, le territoire de la “ville moyenne”, entre bourg rural et 100 000 habitants, est désormais plébiscité par près de trois-quarts français. Selon un récent sondage de l’IFOP (2019), il représente tout à la fois un plafond de leurs attentes et un plancher de perspectives. Il regroupe le tiers de la population française, des quartiers prioritaires et des établissements de santé ainsi que les succursales des Universités. « Trait d’union » entre ruralité et espaces métropolitains, ce territoire dispose de la taille critique pour faire face à l’arrivée de nouvelles populations. 

Cela oblige à des coutures urgentes, pour mieux filer la trame d’une économie fondée sur ce qui marche déjà. En accompagnant les individus et en s’appuyant sur des attentes populaires.

Par exemple, un «droit à la mobilité durable» doit offrir une solution de déplacement à chacun sans recours systématique à la voiture individuelle. Un «droit à l’émancipation sociale», se déclinerait sur un «compte personnel», sous forme de points, cumulables et convertissables pour accéder aux besoins fondamentaux : formation, ancienneté, mutuelle, aide au déménagement, garantie jeunes, cours du soir pour adultes qui souhaiteraient jouer une deuxième chance comme en Scandinavie, etc. Ce compte pourrait être abondé par l’État, les accords de branche et les régions. 

Les circuits courts, l’alimentation saine, l’économie du réemploi et du recyclage, la diffusion d’une culture du vélo, la valorisation énergétique ou l’isolation constituent des mailles connues de développement et de réussites pour ces territoires. Pour accroitre les effets du plan de relance sans précédent en discussion à l’Assemblée, elles doivent être renforcées. À l’image d’expériences au Canada ou au Japon, des sociétés de développement commercial mobilisent entreprises et associations de quartiers autour de « banques de commerces vides » pour diminuer la vacance. En France, des villes dynamiques utilisent monnaies complémentaires et des préemptions ciblées pour accroître l’impact de la consommation sur le tissu local.

Demain, avec la généralisation du Très-Haut-Débit, la voiture autonome, nous améliorerons la compétitivité globale des villes moyennes. Les utilisations du foncier seront optimisées dans sa capacité naturelle à rendre des services écosystémiques. Par exemple, l’arbre réduit certes l’impact des pollutions mais sa capacité à se substituer à des réseaux classiques pour filtrer l’eau reste encore sous-estimée.

Enfin, des développements industriels locaux doivent être accélérés sur l’hydrogène décarboné et la méthanisation à l’image de nos voisins allemand et portugais.

Nous faisons le pari d’un socle productif pour chaque territoire en nous appuyant sur des relocalisations choisies et des déconcentrations supplémentaires d’administrations centrales. La production de réseaux locaux d’énergies renouvelables entre bourgs et villes moyennes et l’émergence de centrales de grandes tailles (méthanisation, éolienne, agri voltaïque) seront autant de charpentes de la maison France. D’autant plus solides qu’elles seront issues des territoires qui n’ont pas encore déployés tous leurs atouts.

         Osons le temps de la ville moyenne, source de relance économique sociale et écologique. 

Hélène Roques, Territoires de Progrès

Jean-Marc Fabius, fondateur de Green LightHouse Developpement

Jean-Marc Pasquet, think tank Novo Ideo

(Crédits : Nicolas Brignol via Wikipedia (CC BY-SA 3.0))

Pour une politique des jours heureux

Notre contribution publiée dans les colonnes du quotidien La Croix.

Quatre millions d’usagers des « colonies » dans les années soixante contre un peu plus d’un million aujourd’hui. Une décennie nous sépare peut-être de leur quasi-extinction. Paradoxe de notre époque. Un enfant sur trois ne part toujours pas en vacances dont la moitié sont issus du monde ouvrier et agricole.                                                                                  

                                                                                                               

Comment relancer une dynamique de la « colo » par nature fondée sur le volontariat ?

Cette expérience des « jours heureux » empruntée par des générations s’est scellée dans le compromis d’après-guerre, noué par des forces politiques, syndicales et religieuses. Il a été le ciment de séjours pensés par des adultes « dans l’intérêt éducatif de l’enfant ». La médiatisation d’accidents aidant, les années quatre-vingt ont vu entrer en concurrence d’autres impératifs. Ceux liés à la sécurité et à son cortège de normes. Les conditions structurelles de l’offre ont été bouleversées.

La hausse des coûts a évincé les opérateurs artisanaux et les collectivités. Ces dernières se sont débarrassées de leurs centres, saisonniers et budgétivores. Cette spirale inflationniste a également précipité la concentration des entreprises du secteur, d’autant plus tournées vers les « segments rémunérateurs » que le marché se rétrécit. Depuis vingt ans, il diminue de 30 000 unités par année avec un décrochage plus brutal depuis 2015. Le mouvement de spécialisation vers des publics « à plus forte marge » s’est donc accéléré. La machine à séparer également. Du « haut de gamme » spécialisé, accessible aux familles aisées, jusqu’aux séjours généralistes, fortement subventionnés.

Un enfer pavé de subventions publiques a facilité ce séparatisme estival. Entre les « politiques de la ville » et les « personnes handicapées », les « filles » et les « garçons », les « riches » et les « pauvres », cette approche par niche a évincé la classe moyenne. Sa progéniture ne joue plus le rôle d’incubateur démocratique.

Comment rassembler les acteurs autour de quelques objectifs politiques lisibles comme reconstruire du commun ?

D’abord, en concentrant les ressources publiques sur l’appui au montage de projets. En suivant le chemin déjà éprouvé avec succès par un certain nombre d’entre eux. En tenant compte des nouvelles attentes familiales, soucieuses de l’ancrage territorial, d’une direction d’équipe ou de la présence d’un référent sanitaire. Autant d’atouts face aux logiques plus hôtelières.

Cela suppose le renforcement et la professionnalisation d’une filière de l’animation en lien avec les activités des collectivités toute l’année (Centres communaux d’action sociale, périscolaire…). Loin des destinations les plus prisées et les plus coûteuses, pourquoi ne pas les aider à rénover 1 000 lieux dans nos territoires pour ancrer durablement dans de nouveaux séjours un demi-million d’enfants supplémentaires ?

Ceux-ci seront d’autant moins isolés dans le groupe qu’ils viendront eux-mêmes avec une sœur, un voisin. Sans nécessairement le ticket d’entrée du comité d’entreprise. En proposant également des formules à faible coût sur le modèle du scoutisme qui passe mieux l’épreuve de la crise.

Le prix toutefois n’explique pas tout. La clé essentielle, c’est rompre avec le modèle de la « colo » d’antan. Celle aujourd’hui ne peut se résumer à un guichet ouvert sur une jungle d’opportunités. Faire société, c’est apporter sa pierre à un projet sur un séjour, au-delà de la participation à des activités. Réaliser une pièce de théâtre, découvrir un sport, bricoler, faire aboutir un projet solidaire : des opérateurs produisent de telles offres avec succès. Au stage qui enferme l’expérimenté et isole le néophyte, les pouvoirs publics doivent privilégier l’appui aux séjours de la découverte progressive et ludique. Ceux qui actionnent les qualités cognitives moins marquées socialement ou sexuellement.

À l’heure de l’effondrement des temps de relations sociales des adolescents, pourquoi ne pas créditer chaque enfant d’un « compte colo » individuel ?

Paris : municipales en suspens

En 2014, l’actuelle maire de Paris s’engage pour “une ville plus agréable à vivre”. Qu’en est-il cinq ans plus tard ? Notre état des lieux est assorti pour chaque item de “cartons” (vert, orange, rouge). Aujourd’hui, Novo Ideo adresse un carton rouge à l’ensemble des équipes en compétition. A un mois du premier tour, il est temps de s’engager enfin dans des municipales que les parisien-ne-s méritent.

Une sortie de route inouïe vient à peine troubler la torpeur dans laquelle se sont installées ces municipales parisiennes. Les parisien-ne-s se sont tout juste remis d’harassantes semaines de grèves, encore saisis par un épisode si étranger à nos mœurs hexagonales, qu’ils peinent à répondre à une question simple. A moins d’un mois du premier tour, quelle ligne distingue chacun-e des tête s de file présenté à leurs suffrages ?

On serait bien en difficultés de leur porter secours. Ce mois de janvier, une course à de très attendus “grands projets” fini d’épuiser les plus fins observateurs de l’histoire de la capitale: Et de répéter cette manie très française des processus longs et coûteux qui ne règlent que ponctuellement les problèmes, qu’on en juge :

  • 10 janvier, la maire ressort des cartons une “forêt urbaine”, porte de la Chapelle. Elle fait l’impasse sur un projet nécessairement lié “à l’autre côté” du périphérique (impensé), pour que cet espace fasse sens. Au passage elle balaie les difficultés attachées au million d’automobiles-jour et à la misère du monde qui s’est installée dans l’échangeur.
  • 20 janvier, Cédric Villani propose de déplacer la Gare-du-Nord au niveau du carrefour Pleyel. Dans un mimétisme troublant, l’ex-candidat Griveaux porte le projet d’un Central Park de deux milliards au bas mot pour une finalité écologique très hypothétique.
  • Le 7 février, Rachida Dativeut ramener la dette de Paris à zéro” ce qui reviendrait à supprimer un budget entier sur la prochaine mandature, charges de personnel comprises…
  • Les Verts d’EELV ne sont pas en reste et ressortent de leurs cartons des précédentes municipales la (re)découverte d’une Bièvre pourtant très profonde et ayant peu d’intérêt à la promenade, ainsi qu’un tramway doublant le métro entre les gares pour un demi-milliard d’euros. Le prix cumulé de dizaines de kilomètres de desserte de transports de rabattement en banlieue.


On ne réglera pas les questions de santé, de bruit et de pollutions par quelques esquisses pour tracts faites à l’emporte-pièce. Le respect des normes de qualité de l’air, la sortie du Diesel (relancée pour 2024, pourtant déjà promise en 2014 pour 2020!), la montée en puissance du vélo dont le plan dédié n’est réalisée qu’à environ 40%, le développement d’îlots de fraîcheur appellent des engagements sérieux. Ils peuvent être mis en oeuvre rapidement et avec une économie relative de ressources

Des municipales du “buzz écolo” ?

Agnès Buzyn, spécialiste de la santé aurait l’opportunité de développer un plan ambitieux pour la santé environnementale à Paris. Pollution, canicules, bruit, accidentologie, stress… Les parisiens sont particulièrement exposés. Directrice de l’Institut National du Cancer (INCa) de 2011 à 2016, elle s’est parfois montrée rétive aux causes environnementales de la maladie, préférant les approches comportementales comme la lutte contre le tabagisme. Le diesel est pourtant classé cancérogène certain par l’OMS depuis 2012, associé à un risque accru de cancer du poumon.

Anne Hidalgo peine à incarner le renouvellement après vingt années d’une gestion qui s’essouffle. Sa prise de conscience récente de la banlieue tranche avec un mandat marqué par une course au leadership international de la ville écolo, elle est entravée par une mise en oeuvre (espaces publics à l’économie, manque d’anticipation des décisions prises sur les déplacements) sous le feu de la critique.

David Belliard incarne un double décalage : vis-à-vis de son électorat, plus au centre, et de son appareil qui répugne à la main tendue de Villani, dans une impasse stratégique. La campagne verte parisienne trahit l’appauvrissement intellectuel militant de ces dernières années. Il est contraint de recycler quelques idées paresseuses (lire plus haut) de campagnes précédentes pour surfer au mieux sur une vague annoncée. Son partenaire putatif semble confondre cette élection locale, incarnée dans des lieux, avec une élection législative sur des dispositifs. A l’image de l’ex-candidat Griveaux, la sociologie militante du candidat mathématicien tend à cristalliser sur les réseaux sociaux une peur du vide  masquée par le gigantisme des annonces.

Quid des autres ? Le “tout sauf Hidalgo” de MmeDati suffira-t-il à consolider sa remontada ? Côté site de campagne, le « programme écologique » fait état d’actions en faveur…des bois de Boulogne et de Vincennes. C’est peu.

Nos dossiers précédents : « Déchets : toujours plus, un peu mieux triés », « Mobilités dans le brouillard », « Sécurité : Paris nouée par les angoisses », « Démocratie participative à tâtons »

#ETUDE Crise et défis de la prison française

La crise de l’appareil carcéral dure. C’est une crise de ressources, soit la moitié de celles affectées au ministère de la Justice lui-même paupérisé, et une crise du modèle, soumis à l’impératif de la réinsertion et au défi des nouvelles violences terroristes. 

Zones grises de la prison

Les causes exogènes de l’incarcération sont encore méconnues.

Plus de 20% des personnes incarcérées pour crime

Le taux de personnes emprisonnées a doublé en quatre décennies.

Alors qu’en 1977 le nombre de personnes incarcérées s’élevait à 29 482 personnes (0,05 % de la population française), elles sont au nombre de 70 059 personnes aujourd’hui (0,1 % de la population française pour 60 151 places opérationnelles.

Au 1er juillet 2018, 23 % (11 274  personnes) des personnes écrouées le sont à cause de vol et 18 % à cause d’infraction à la législation sur les stupéfiants (9 118 personnes). Le nombre de personnes incarcérées pour crime grave reste conséquent : 11 % (5 427 personnes) le sont à cause de viol et agression sexuelle et 10 % (4 874 personnes) pour homicide et atteinte volontaire ayant entraîné la mort.

Un homme jeune non diplômé et inactif

La population carcérale française est essentiellement masculine, jeune et issue de situation précaire. En effet, 4 % des personnes écrouées sont des femmes, 50 % ont moins de 32 ans et environ 25 % moins de 25 ans. Parmi les personnes détenues, 48 % n’ont aucun diplôme et le taux d’activité à l’entrée en détention est inférieur à 50 %. Les troubles de la santé et addictions sont pléthores et mettent en lumière des corrélations sanitaires et sociales.

Le ministère de la Justice indique que les SDF et personnes qui ne sont pas nées sur le territoire français ont huit fois plus de risques d’être condamnées à une incarcération ferme.

Plus d’un quart des prisonniers pratiquent le ramadan

La prison française se caractérise par un fort taux d’incarcération des personnes  de “culture arabo-musulmane”. Selon les statistiques de l’administration pénitentiaire de 2017, 25,81 % (17.899 individus) des 67 000 détenus en France se sont enregistrés pour le ramadan, ce qui est une mesure d’un point bas d’une présence musulmane en milieu carcéral(tous les détenus musulmans ne sont pas pratiquants).

Un biotope mortifère 

100

euros de coût journalier d’une détention

Le taux de récidive est élevé en France : 63 % donc près de deux personnes sur trois retournent en prison dans les cinq années suivant une incarcération. Cette réinsertion défectueuse a également un prix carcéral . Une journée de détention coûte près de 100 euros contre 50 euros pour une semi-liberté et 10 euros pour une surveillance électronique. En moyenne les coûts de détention peuvent être évalués à 32 000 euros par an et par détenu contre 1 014 euros par an et par personne pour une mesure en milieu ouvert.

Conditions de l’incarcération

La surpopulation reste le vrai fait alarmant touchant nos prisons. Dans les établissements, le taux d’occupation est de 116 % en densité carcérale globale et de 139 % en maison d’arrêt (hors places mineurs). Le manque de place entraîne une dégradation des conditions d’emprisonnement. Le taux de suicide en prison est sept fois plus élevé qu’à l’extérieur.

Le « mitard » ou cellule d’isolement, est un endroit clos et obscur où le prisonnier isolé ne peut sortir qu’une heure par jour. Cet enfermement individuel peut durer jusqu’à 30 jours

Le défi terroriste et de la “radicalisation”

Plus de 500 personnes sont incarcérées pour des faits de terrorisme islamiste (TIS) et on compte plus de 1 000 prisonniers de droit commun susceptibles d’être radicalisés (DCSR). Parmis les 137 radicalisés musulmans suivis par le renseignement pénitentiaire en 2014, 22 sont déjà passés par la case prison. Ce lien entre délinquance, prison et radicalisation doit être davantage documenté, il questionne les facteurs de passage à l’acte. Plus en amont, il soulève la question de la tolérance en la violence et du rapport à la sédition, en particulier de jeunes de culture arabo musulmane dans un rapport de 1 à 5 (à milieu social équivalent par rapport à un jeune de culture chrétienne), tels qu’ils ils ont été mis en lumière par le rapport Galland (CNRS 2018). Si tous les prisonniers musulmans ne sont pas des terroristes en puissance, la proportion des personnes incarcérées en lien avec une entreprise de cette nature qui a un passé de délinquant, l’importance nouvelle des femmes musulmanes et converties, laissent entrevoir une problématique d’une toute autre profondeur. Une zone grise des prisons françaises.

Réparer les maillons de la chaîne carcérale

En prison, le suivi des prisonniers souffre d’une discontinuité de temps et d’acteurs.

Repenser la peine : l’échelle

La crise de l’appareil carcéral questionne la manière d’emprisonner les individus. Par exemple, les peines de sûreté sont des peines incompressibles. Elles ne permettent pas d’aménagement. Dans le cas de l’aggravation de la situation, la peine ne peut être également allongée. Ordonnées par un juge ou une autorité administrative lorsqu’un individu est jugé dangereux, les mesures de sûreté sont renouvelables. Ces mesures n’ont pas de fonction éducative ou thérapeutique.

Repenser les peines : le contenu

Contrairement au modèle nordique, la prison française n’organise que très peu d’activités permettant aux détenus de construire une vie future et de se projeter à nouveau dans la société. Le temps d’attente pour l’inscription dans un programme d’enseignement ou de travail est extrêmement long. Peu d’espaces sont dédiés aux activités à cause de la surpopulation. Dans les faits, seulement une heure à une heure trente par jour est consacrée aux diverses activités (enseignement, sport, apprentissage d’un travail, service en prison, ateliers de lutte contre la récidive, arts) contre quatre à cinq heures en Suède.


Le temps passé derrière les barreaux n’est pas un temps fertile, c’est un temps perdu où les rythmes de vie sont abandonnés et où les individus abandonnent peu à peu l’envie de construire ou de reconstruire leur vie future
Gabriel Mouesca 

Les personnels sous pression 

Le personnel carcéral dénonce un manque de reconnaissance, un effectif trop peu nombreux face à la surpopulation carcérale et la dangerosité du métier pour une trop faible rémunération à la clef. La France a un ratio de 2,46 détenus par surveillant ; seuls sept pays européens ne font pas mieux.

Les syndicats réclament une classification des établissements en fonction du type de détenus, notamment en cas d’individus radicalisés. De plus, ils souhaitent que ces établissements soient dotés de personnels appropriés en fonction du public carcéral.

Le système de renseignement carcéral doit être renforcé

Des appareils de sonorisation des cellules peuvent être utilisés pour agir en prévention d’une nouvelle radicalisation. Des techniques de captation des conversations téléphoniques permettent aussi de prévenir la radicalité. La composition des cellules doit être étudiée pour éviter à de jeunes délinquants de se faire radicaliser par d’autres.Enfin, face à la nouvelle donne terroriste, la déconstruction du discours salafiste en prison repose essentiellement sur les aumôniers et non pas sur le personnel carcéral professionnel, en sous-effectif. Il est nécessaire de faire évoluer, d’une part, le processus de recrutement des aumôniers et, d’autre part,  que tous les professionnels puissent bénéficier de formation permettant une prise en charge éducative et psychologique des détenus pour déconstruire le discours rhétorique fondé sur les principes du jihad armé radical.

Après la peine

L’insatisfaction de l’ensemble des acteurs

Lors des États généraux de la condition pénitentiaire de 2006, les détenus se sont exprimés et se sont déclarés insatisfaits à 78 % sur la manière dont ils sont préparés à réintégrer la société. Les autres acteurs du monde pénitentiaire (avocats, magistrats, surveillants pénitentiaires, intervenants extérieurs, familles, personnels de santé et travailleurs sociaux) sont, quant à eux, insatisfaits à 87 %. 

Ainsi les principaux intéressé affirment-ils vouloir « faire de la réinsertion la mission première de l’administration pénitentiaire ». Pour cela ils proposent trois mesures prioritaires : 

  • « Élargir les possibilités d’accès des sortants de prison aux dispositifs d’accueil d’urgence, d’hébergement et de logements sociaux »
  • « Lever les obstacles liés au casier judiciaire pour l’accès à la fonction publique »
  • « Limiter les cas où un employeur peut demander la production d’un extrait du casier judiciaire »

La post-détention

Depuis les attentats de 2015, des lois spéciales ont été mises en place pour les personnes incarcérées pour terrorisme. Ces régimes spéciaux posent la question du suivi individualisé post-détention attaché aux crédits de réduction de peine. Une réforme du dispositif de libération conditionnelle serait alors favorable pour donner la possibilité aux magistrats de prononcer des mesures “libération-expulsion” rapidement en cas de besoin. Il est  nécessaire de coupler ces mesures à une politique de suivi socio-judiciaire sous le contrôle d’un juge. Celui-ci peut exécuter une nouvelle peine d’emprisonnement en cas d’inobservation des obligations décrétées.

La prison à l’étranger


L’usage illicite de stupéfiants concerne 59 % des condamnations pour ILS et représente 3 390 incarcérations en 2015. En 2015, parmi les 58 000 condamnations prononcées pour ILS, 25,7 % ont écopé d’une peine de prison ferme


Les infractions à la législation sur les stupéfiants (ILS) ont été multipliées par plus de 50 depuis leur prohibition en décembre 1970. Selon des chiffres récents, c’est 19 % de l’ensemble des condamnés qui le sont pour ILS. L’usage illicite de stupéfiants concerne 59 % des condamnations pour ILS et représente 3 390 incarcérations en 2015. En 2015, parmi les 58 000 condamnations prononcées pour ILS, 25,7 % ont écopé d’une peine de prison ferme.

A Lisbonne, le consommateur est désormais passible d’amendes ou de travaux d’intérêt général alors que l’effort des forces de l’ordre lusitaniennes est concentré sur la lutte contre les trafics

La politique de décriminalisation menée par le Portugal a permis de diviser par deux le taux de personnes emprisonnées pour ILS, passant de 41 % en 2001 à 20 % aujourd’hui, tout en produisant de meilleurs résultats sur le taux de prévalence aux substances. La démarche et les résultats obtenus par le Portugal posent la question des flux entrants français au regard des résultats sanitaires et sécuritaires.

“Cannabis, comment reprendre le contrôle ?”

C’est une problématique à laquelle le Conseil d’analyse économique a lui aussi répondu par une légalisation contrôlée du cannabis. La dépense publique de la lutte contre le cannabis est estimée à 568 millions d’euros, composée de la répression policière (70 %) de l’action judiciaire (20 %) et des dépenses de soin, de recherche et de prévention (10 %). Elle augmente de 40 % si l’on ajoute les pertes de revenus, de production et de prélèvements obligatoires liées à l’emprisonnement, atteignant 919 millions d’euros. Ainsi le Conseil d’analyse économique préconise-t-il un monopole public du cannabis récréatif de qualité assurant la protection des mineurs, une consommation de meilleure qualité et l’éradication des trafics. Les recettes de la vente seraient allouées aux politiques de prévention ainsi qu’aux politiques de la ville visant les zones de trafic et la réinsertion des trafiquants vers des emplois légaux.

Quelles peines ?

Les chercheurs Di Tella et Schargrodsky, dans une étude nommée « Criminal Recidivism after Prison and Electronic Monitoring », ont comparé des individus libérés de prisons à des individus libérés d’une surveillance électronique à domicile en Argentine. L’utilisation du bracelet électronique en Argentine est appliqué aux individus ayant commis des crimes , ce qui permet d’éluder l’hypothèse d’une solution applicable uniquement aux populations à faible risque. Les résultats révèlent que les personnes ayant porté le bracelet électronique ont une probabilité de 48 % moins élevée, que ceux emprisonnés, de récidiver, à caractéristiques et peines égales.

Dans une étude de 2018, Mueller Smith et Schnepel se sont concentrés sur les effets des reports judiciaires au Texas. Ils permettent aux accusés d’éviter la condamnation formelle par le biais de la liberté conditionnelle. Les résultats montrent que l’absence de condamnation formelle, se traduisant par une non-inscription dans le casier judiciaire, réduit la récidive et le chômage chez les accusés à faible risque pour la société et inculpés pour la première fois, notamment les jeunes cambrioleurs et vendeurs de drogue.

Quelles modalités ?

Dans une étude menée par Keith Chen et Jess Shapiro en 2007, les deux chercheurs ont comparé les effets du temps passé dans des prisons à haute et basse sécurité sur des détenus très similaires. Ils ont alors observé que passer du temps dans des prisons à sécurité plus élevée a un effet négatif sur la récidive. Ces conclusions sont aussi partagées par les chercheurs Drago, Galbiati et Vertova dans une étude menée en 2011. Ainsi, des expériences de prisons moins sécurisées ou « ouvertes » sont développées dans divers pays. 

Mastrobuoni et Terlizzesse ont produit une étude en 2009 intitulée  “Prison Conditions and Recidivism” où ils cherchent à comprendre si la dureté des prisons ainsi que le degré d’isolement des prisonniers du reste de la société affectent le taux de récidive. Durant ce travail, ils se sont notamment intéressés au « Traitement Bollatte ». Bollate est une prison ouverte près de Milan en Italie qui travaille avec des entreprises et possède des salles de convivialité pour les détenus et leur famille. L’étude montre qu’un an de plus dans cette prison, pour peine égale, réduit le taux de récidive d’environ 15 % par rapport à une année ailleurs. Si les caractéristiques du corps social des pays du Nord sont nettement différentes des nôtres, ce n’est pas le cas pour l’Italie. L’ouverture des établissements pénitentiaires est à prendre en considération pour satisfaire l’impératif de réinsertion et lutter contre la récidive. 

Repenser la place de la victime

La peine de prison a une double fonction, de réparation morale et d’éloignement du danger vis-à-vis de la société et de la victime. La loi belge de 1994 a introduit la possibilité d’effectuer une médiation entre la victime et l’auteur pour des faits de faible gravité concernant des mineurs. Forte d’une expérience concluante, la loi de 2005 a élargi la médiation à tout stade de la procédure pénale sans limite sur le type d’infraction. Qualifiée désormais de “restauratrice”, la demande de médiation s’effectue soit de la part de l’auteur, soit de la victime. Elle est assurée par un médiateur qui met l’accent sur un double besoin de la victime : lui permettre d’exprimer des sentiments durs intériorisés et répondre à des interrogations toujours présentes après le procès. De plus, cette mesure permet de réduire l’angoisse autour de la sortie du délinquant de l’appareil carcéral. Une médiation pénale peut aussi être proposée par le Procureur du roi dans le but d’éviter un procès pénal si celle-ci est concluante.