Une courte note, un podcast ou un visuel pour aller plus loin

Crédit : Photo Sébastien Godret.

Dallas, ton univers…

Un documentaire audio de Benjamin Bibas et Sébastien Godret, mise en son Sébastien Lecordier
Coproduction : ArchiDB / la fabrique documentaire

Enregistré en avril 2016, produit dans le cadre de l’exposition « Dallas, Big D » (ArchiDB, Dijon, 1er-24 juillet 2016) dont il constitue l’environnement sonore, ce documentaire audio de 49 min prend la forme d’une promenade en voiture dans Dallas en compagnie de Darryl Baker, architecte municipal qui raconte sa ville à la première personne. Quelques étapes en cours de route nous permettent de nous entretenir également avec divers connaisseurs de Dallas : anthropologue, économiste, artiste latino, militant du mouvement « Better Block »… Au fil des entretiens le plus souvent en français, la ville se dévoile dans son histoire (le poids toujours vivace des questions raciales), dans ses structures (l’autoroute urbaine, facteur de ségrégation autant spatiale que sociale et raciale) comme dans son dynamisme (l’irrépressible volonté de ses habitants de tourner les pages sombres du passé et d’aller de l’avant), dans un contexte politique particulier, à quelques mois de la fin de la présidence Obama et des élections présidentielles aux Etats-Unis.

« Dallas, ton univers… » a été diffusé les 1er et 4 juillet 2016 par la RTBF – La Première et le 1er juillet par Radio Campus Dijon.
Prochaine diffusion : Radio Grenouille (Marseille), émission « Les sons créatifs », 31 juillet 2016 à 20h
Photo : Quincaillerie à South Dallas – Sébastien Godret

Merci à Frank Dufour, professeur de création sonore à l’Université du Texas à Dallas, Ecole d’Arts, Technology, and Emerging Communication.

Merci à la petite Lizzie Browning, qui fut chaque jour à Dallas, et jusqu’aujourd’hui, une source de joie et d’inspiration.

Atlanta : l’aquarium en quête de nouveaux publics

A son ouverture en 2005, l’Aquarium de Géorgie ne désemplit pas. Avec 3,5 millions de visiteurs la première année, ce parc connaît pourtant la même dégringolade que les parcs « à expérience ». Après le phénomène de la nouveauté, le nombre de visiteurs s’établit en rythme de croisière à 2 millions par an puis se tasse. La revue Harward Business Review revient dans son numéro d’Eté 2015 sur la démarche mise en œuvre par cette entreprise pour retrouver la voie du succès sans brader le prix moyen du ticket d’entrée.

Loin d’adopter l’habituelle stratégie de renouvellement de l’offre en cassant les prix, la nouvelle approche de cet établissement a permis de renouer avec une hausse de la fréquentation à deux chiffres en « stimulant la demande ».

 Comment ?

La direction de ce parc aquatique ne souhaitait pas que la stratégie de redressement aboutisse entraine une baisse de satisfaction des clients ce qui est souvent le cas lorsque la fréquentation d’un musée s’accroit. En outre, cette entreprise de taille modeste était contrainte dans ses budgets de communication.

La tache de l’équipe d’appui marketing sélectionnée a consisté à identifier les clients « les plus rentables », susceptibles de revenir et à les capter durablement. L’équipe de V. Kumar, expert en recherche dans ce domaine a ainsi proposé dans un premier temps de relever les codes postaux des visiteurs afin de mettre en valeur les profils socio-démographiques des visiteurs et des abonnés qui dépensent le plus. Elle a ensuite sélectionné des villes aux profils proches mais dont le potentiel de fréquentation avait été sous estimé ou simplement ignoré. Le plan a consisté a mieux allouer le budget marketing en effectuant un dosage davantage en faveur de TV locales ou d’affichages des zones géographiquement ainsi ciblées. Les affichages sur des routes secondaires à proximité des populations cibles ont été privilégiés. Ils ont été en partie financés par un repli des budgets sur la communication « de masse » (TV, pub généraliste en ligne…)

Les résultats de cette stratégie tant en termes de fréquentation, de recette que de renouvellement des abonnements ont été spectaculaires. Des hausses de plus de 10% sur chacun de ces indicateurs ont été atteintes.

Une approche complémentaire sur les tarifs a été circonscrite à l’objectif de réduction de l’impact de la fréquentation sur la satisfaction du visiteur. En concentrant les baisses de prix du billet sur les créneaux horaires les moins encombrés par exemple.

La revue de Boston explique que cette stratégie peut être adoptée dans presque tous les secteurs des biens de consommation en intégrant les associations à but non-lucratif. Une expérience qui vient compléter les conclusions de notre dossier « Grand angle » sur le Pompidou à Metz.

Ciné-Jardins prend racine

A l’initiative de la Fabrique documentaire, le festival écolo du cinéma de plein air connaît un succès grandissant. Depuis deux ans, plus de 2000 personnes se retrouvent pour profiter de projections gratuites dans les jardins partagés du Nord-Est parisien (Paris 18e, 19e, 20e, Les Lilas et Saint-Ouen).

Au programme : un buffet pour démarrer où chacun apporte ce qu’il veut. Puis, un film lié à l’environnement, à choisir entre huit programmés cette année. Finitude des ressources, tri sélectif, dérèglement climatique, agriculture urbaine… : les sujets les plus actuels sont abordés par le cinéma documentaire, la photo et même le dessin animé. Pour le plaisir du plus grand nombre car Ciné-Jardins s’est donné pour vocation de mélanger les publics : le festival sème des graines écolos en terreau populaire et familial.
goutte-verte-2

Une rencontre avec un milieu et des films : 200 personnes par projection

Entretien avec Benjamin Bibas, maitre d’œuvre de ce temps culturel qui a poussé au-delà du périphérique et qui connaîtra une reprise partielle ce mois de novembre dans les centres sociaux des quartiers, dans le cadre du Mois du film documentaire.

On cible un public à la fois sensibilisé et les gens du quartier qui ne se croisent pas forcément


Un partenariat avec les communes qui veulent créer une animation dans des lieux investis par le public


L’équipe de Ciné Jardins

L'équipe de Ciné-Jardins

(de gauche à droite) Sébastien Lecordier – Technique. Marianne Alla – Coordination. Benjamin Bibas – Coordination. Anne Delrieu – Technique.

 

Budget du festival entre 15 à 17 000 euros
Public : environ 2000 sur 8 séances
Le site de la Fabrique documentaire
Le programme de Ciné-Jardins l’Eté 2016

Gauche, phase terminale

Après le choc fiscal de début de mandature, il reste l’image d’un quinquennat de « maintien » de notre Etat. Il n’a pas été déshabillé. Il n’a pas non plus été essentiellement réformé. Les fondamentaux sont préservés. Les failles de la coque du bateau France sont toujours aussi béantes. Le décrochage d’une frange de la jeunesse, les origines sociales déterminent les parcours plus que dans d’autres pays de l’OCDE. La persistance d’un chômage massif – singulièrement pour les travailleurs peu ou pas qualifiés- voilà pour quelques marqueurs persistants.

Ces maux traditionnels s’enkystent. L’environnement, lui, a bougé. L’implosion de l’Europe jette le discrédit jusqu’à l’horizon commun à construire. Elle met en lumière bien plus que des questions d’éthique et de gouvernance. Il est aujourd’hui question d’une communauté de croyances réduite, sur son périmètre large, aux acquêts de la monnaie unique. A l’intérieur, l’angoisse du pays s’alimente des transferts de souveraineté dont on ne perçoit pas toujours l’efficacité à l’échelon supérieur. C’est singulièrement le cas sur les questions de sécurité. Dans un contexte d’attentats et de massacres de masse. Faute d’avoir la main sur les politiques publiques ou à défaut de résultats, la tentation d’une partie de la gauche est de retrouver la confiance du peuple en se battant sur les « valeurs ».

Précisément, quelles sont les perspectives à ce niveau.

La hiérarchie est bousculée. Les traditionnelles attentes sur le chômage sont désormais concurrencées par les inquiétudes sur le terrorisme et le djihadisme. Ce sont les nouveaux moteurs de vote de la France en 2017. Dans une frange de la population[1] par ailleurs concernée par le racisme et les discriminations, elle s’incarne dans un système autoritaire « qui passe avant les lois de la République ». La France populaire se scinde en son sein entre une frange massivement attachée à la laïcité et une minorité travaillée par une Fitna. Un puissant moteur politico-religieux satellise par milliers jusqu’aux nouveaux convertis.

Nous avons à faire face à un problème de transmission des valeurs démocratiques dont les canaux se sont progressivement grippés. De l’école, où la tentation croissante des familles est d’accéder aux circuits de la meilleure éducation. Elle tend à les émanciper de la carte résidentielle, elle même soumise à une centrifugeuse sociale. Les rares chemins communs autrefois empruntés par le corps social tels que le service national se sont perdus sur la route de l’armée de métier. Le travail, rare et si difficile d’accès lorsqu’on ne dispose pas des diplômes ou des réseaux joue moins son rôle d’intégrateur.

En réponses, les stratégies auprès d’électorats ciblés se sont perdues dans le maquis du clientélisme

L’urgence pour les progressistes est de renouer avec les attentes fondamentales des ouvriers et des employés qui constituent leur socle politique historique. Cette voie permet au moins de renouer avec l’idéal de fraternité attendu par ces catégories. La peur les en éloigne. Ces classes sociales constituent la majorité de la population française. Cette réponse recentre la proposition politique autour d’un élément qui les unie, c’est-à-dire le contrat de travail. De la feuille de paie, la formation toute la vie, à la sécurisation individuelle des parcours. Enfin, elle desserre la tension traditionnelle entre les politiques de l’offre et de la demande.

Le gouvernement à la quinzaine

La redistribution du CICE est vécue comme au seul bénéfice des entreprises. Elle a de manière inattendue alimenter les salaires. En détachant dés l’origine les réformes du contrat de travail de la négociation de contreparties, les salariés, inquiets, se sont braqués. En négligeant la soupape de l’investissement public, le gouvernement a mis au second plan le niveau des carnets de commande. L’offre est certes plus compétitive mais elle manque de débouchés.L’intention vis-à-vis des entreprises est louable mais elle ne s’inscrit dans aucune perspective de progrès.

Réagissant au coups par coups, la majorité n’impose aucun rapport de force culturel. Elle donne à penser qu’elle serre les boulons d’un véhicule pour satisfaire des passagers qu’elle ne nomme pas, redonnant parfois à l’un ce qu’elle lui a pris quelques instants plus tôt. Elle s’apprête à défendre sa vieille traction sans indiquer dans quelle direction l’engager. faute de répondre aux insécurités sociales et culturelles, incapable d’assumer un mouvement de réformes juste après les attentats, elle a la tentation vaine de s’installer dans la conservation de l’existant « menacé par la droite ». C’est la défaite assurée.

[1] http://www.institutmontaigne.org/res/files/publications/institut_montaigne_-_un_islam_francais_est_possible.pdf#page=22
[2] Le mot peut être également traduit par « trouble, révolte, agitation, sédition

Portugal : quelles pistes pour un redécollage

En péril démographique, le Portugal cherche de nouveaux relais de développement. Par Jean-marc Pasquet, Think tank Novo Ideo.

Bruxelles a renoncé tout récemment à sanctionner le gouvernement portugais de coalition de gauche et des écologistes pour non atteinte de ses objectifs. Un certain pragmatisme pour ne pas fragiliser la reprise naissante. Pour autant, le Premier ministre Antonio Costa (PS) a confirmé le pays sur la trajectoire des fameux 3 % de déficit. En rupture, selon une presse unanime, avec le côté « technocrate » de son prédécesseur. Mais sans le renier sur cette orientation de fond.

 Un premier semestre au pouvoir fêté sans effusions

Dans les grandes villes, le parti socialiste a fait discrètement placarder sur des panneaux d’affichage les « engagements tenus ». Parmi lesquels, la politique sociale, avec la revalorisation du revenu d’insertion ou du complément solidarité pour les personnes âgées. La politique familiale du pays, minée par sa faible natalité, a été renforcée et la meilleure prise en charge des dépenses personnelles de santé signent une ligne clairement progressiste. Faute toutefois de disposer des marges de manœuvre budgétaires de ses ambitions, la gauche s’est engagée sur les 35 heures dans l’essentiel de la fonction publique, dès le 1er juillet prochain. Du temps redonné faute d’argent. Sans pour autant mettre sous tension accrue le secteur de la santé, elle négocie pour ces salariés des contreparties dont des jours de congés et des crédits d’heures.

 Trouver un modèle original de développement

Convalescent et sous perfusion des crédits européens, le Portugal tente de trouver un modèle original de développement. En misant sur son ensoleillement, son statut de porte d’entrée de l’Europe. Lisbonne s’impose comme un pays d’accueil des sièges européens, de l’économie créative, maritime, touristique et du bien-être. Le pays bénéficie d’une position d’interlocuteur privilégié de l’Amérique latine. Il favorise sur son territoire les installations issues des pays émergents d’Afrique et d’Asie. Il lance des appels du pied à la jeunesse de pays en plein chaos comme le Venezuela, ou de retour au pays auprès de ses natifs. L’urgence est de retourner la tendance à la baisse préoccupante de la population. Les projections à horizon de quelques décennies laissent entrevoir des risques importants pour les régimes sociaux.

 Péril démographique et modèle de développement

La natalité, en berne, explique en partie le tassement récent du solde naturel. L’excédent des décès sur les naissances est de 22 000 en 2014. Il reflète en partie les incertitudes de la population. Contrairement à une idée reçue, le solde migratoire est régulièrement négatif, c’est encore le cas en 2014 : 30 000 personnes on quitté le Portugal en solde net.

La politique (controversée) des « golden visas » et les exonérations fiscales décennales des résidents étrangers ont pourtant créé un climat de confiance. Les demandes en attente d’attribution de « statuts de résidents non habituels » doivent contribuer à atteindre l’objectif très volontariste pour 2016 de 20 000 de la Chambre de commerce et d’industrie franco-portugaise. En outre, ces mesures produisent des effets en décalage avec les attentes initiales. Beaucoup de séniors sans activité en sont bénéficiaires. Seuls 20% des « résidents non habituels » en exercent une ici, considérée comme « à forte valeur ajoutée ». En revanche, ces nouveaux habitants représentent 20% du total des transactions immobilières en 2016. Et déjà, les répercussions sur les prix immobiliers font la « une » de certains médias inquiets des effets possibles d’un tourisme de masse.

Nouveaux relais d’activité

Le Portugal est donc contraint de trouver de nouveaux relais d’activité. Il a déjà réformé son marché du travail : baisse du coût du travail, assouplissement des règles de licenciement, dégressivité accrue des allocations chômage, moins généreuses mais plus universelles. Le gouvernement peine à améliorer des points faibles singuliers comme une bureaucratie souvent pesante et un enseignement supérieur inadapté : à rebours de ses voisins européens, il ne protège pas ou peu du chômage.

Antonio Costa mise également sur des points d’excellence de l’économie lusitanienne. Dans le domaine des énergies renouvelables par exemple, les efforts depuis le début des années 2000 sur l’hydraulique et l’éolien ont permis au pays de fonctionner en début d’année quelques jours sans énergie fossile. Les écoles de santé, dans lesquelles de nombreux établissements suisses viennent recruter infirmiers et autres assistants de soins, constituent aussi un gisement d’emplois locaux en lien avec l’économie des séniors. Le Portugal, « Floride de l’Europe » ? Quand se faire soigner une dent pose le choix entre un rendez-vous dans plusieurs mois à l’hôpital public ou payer un libéral pour près de 15 % du salaire minimum, le redécollage portugais oscille encore entre désir d’excellence et vie quotidienne difficile.

Cet article a été publié par La Tribune le 2 juin sous le titre :

« Portugal : six mois de gauche au pouvoir, et après ? »