Conseils (gratos) de com’ pour EELV

LES HANDICAPS DE LA COM POLITIQUE

Elle continue de miser tout sur le push.Ce qui compte pour elle c’est de faire passer le message. Le push, ce sont les médias de diffusion, la TV, la radio, la presse, mais aussi l’édition : les tracts, les brochures, les journaux militants. Ce sont enfin les médias sociaux et l’internet ultilisés massivement pour tenter de convaincre : mailing lists, tweets…Avec le résultat qu’on voit. Dans le sondage Ipos-LePoint de décembre 20012, seuls Valls (62%) et Juppé (52%) montrent une côte de confiance supérieure à 50%. Hollande et Ayrault plongent avec une côte de défiance de 60 et 58%. Bref, ça ne marche pas. Mais on continue, parce que c’est la seule méthode qu’on connaît. EELV ne procède pas très différemment.

La communication politique reste incroyablement nombriliste. L’étude des réseaux sociaux faite par Politicosphère montre un détail que les auteurs ne relèvent pas : la plupart des liens sont sortants, et ils ne connectent que des entités qui font déjà partie du réseau très proche. On ne communique qu’avec les siens. Nous appelons cela un écosystème fermé. Ca en dit long sur ce qu’on nomme : la classe politique, un monde à part, déconnecté de la société, replié sur lui-même. Ce n’est pas très surprenant pour les partis traditionnels. Pour EELV, si. Ca ne devrait pas être ainsi.

La communication politique se joue sur des oppositions vides de sens. Chacun est d’un côté du filet, on se renvoie les balles. Affrontement droite/gauche, ce n’est pas une affaire de contenus politiques, c’est une affaire de camp, les bleus contre les rouges fraise. On est pour ou contre en fonction des positions du camp d’en face, parce qu’il faut renvoyer la balle. Depuis des décennies on s’envoie à la tête les mêmes anathèmes, il n’y a plus de débat sur rien, on refait toujours le même match, à vide. EELV est pris dans ce jeu imbécile qui ne permet pas de faire avancer ni les questions d’énergie, ni les questions de transports ou d’agriculture, ni aucune autre. Un jeu dans lequel les positions sont pré-établies et les acteurs n’ont plus qu’à entrer dedans.

ALORS QUOI FAIRE ?

D’abord un constat. Vu du côté d’EELV, l’enjeu n’est pas tellement de gagner les élections, même si c’est mieux que de les perdre. Depuis le sommet de Rio+20 on a bien compris que la transition écologique ne viendra pas des politiques. Il y joueront un rôle, ils suivront, au mieux ils accompagneront, pas plus. Il s’agit d’insuffler la transformation directement dans la société, pour qu’elle la prenne en charge, qu’elle la mette en oeuvre, qu’elle fasse pressions sur ses responsables pour qu’ils prennent les bonnes décisions. En matière de communication politique, ça change tout. Trois orientations stratégiques.

Un positionnement dynamique. Depuis René Dumont, le message sur les dangers écologique est passé, on a compris. Le débat porte aujourd’hui sur la question : « et maintenant on fait quoi? » La réponse des partis traditionnels est toujours : votez pour nous et laissez nous faire. La réponse d’EELV doit être : « Allons-y, avec ou sans eux, on le fait ». « Un positionnement dynamique », cela veut dire mettre l’accent sur ce qui se fait et sur ce qu’il est possible de faire, pas pour chanter « cocorico », mais pour que d’autres à leur tour fassent. Mettre en avant ce discours là, et donc en arrière le discours traditionnel de dénonciation. Corriger l’image d’écolos qui ne sont bons qu’à s’opposer à tout. C’est un premier axe stratégique majeur

Faire réseau. EELV n’est qu’un des éléments de la galaxie écolo, et autour il y a aussi le grand public qui en attend quelque chose. Or EELV communique comme les autres partis, d’abord vers elle-même et puis vers la presse. Ca ne suffit pas. Les adhérents sont déjà convaincus et la presse s’en fout, elle passe les messages au mixeur de la politique politicienne. Parce que l’essentiel de l’énergie d’EELV est consommée en activité internes, les coopérateurs peinent à trouver leur place, ils ne sont pas venus pour ça. Et les partenaires encore bien plus, ils se méfient des « politiques ». Il faut instaurer de nouvelles relations avec eux, plus équitables. Le deuxième axe majeur de la communication d’EELV devrait être une sorte de community management du réseau. Dit autrement, cela signifie animer la vie de l’écosystème.

Sortir de la culture du push, entrer dans l’interactivité. EELV n’est pas « l’avant-garde de la classe ouvrière », mais un « soleil » dans la galaxie écolo, un centre qui rayonne, qui crée des connexions, échange, produit, reçoit, diffuse, transforme. Un parmi d’autres. EELV n’a pas « raison ». Elle n’a pas de « bonne parole » à répandre, elle a autant à exprimer qu’à écouter. Pour l’instant, autour de l’écosystème fermé EELV, il n’a y a pas d’écosystème ouvert permettant de connecter avec le reste du réseau. Ou du moins : trop peu. Il faut ouvrir tous les systèmes de communication d’EELV ou en ouvrir de nouveau dans lesquels EELV ne soit qu’un acteur parmi d’autres. Partagés. En interaction.