Entreprises versus climat ?
A l’occasion du débat organisé dans son numéro d’Eté par L’Expansion, Novo Ideo a publié dans ce magasine sa contribution avec « Les Amis de la terre » et « La fabrique de l’industrie ».
Les enjeux du climat sont mondiaux, une action efficace ne peut être purement nationale : USA, Chine, Inde et Russie émettent ensemble plus de 51 % des gaz à effet de serre. Il n’existe pas non plus de panacée pour réduire les émissions. Durcir les textes n’aura qu’un effet partiel : une loi peut interdire les activités les plus polluantes mais elle ne pourra pas stimuler les milliers d’innovateurs qui ont chacun une partie de la solution pour décarbonner l’économie. Interdire purement ce qui pollue pourra parfois être contreproductif : développer en France des technologies de centrales à charbon efficaces réduira les émissions si cela sert à remplacer des technologies « sales » dans les pays où le choix du charbon est acquis.
A l’inverse peut-on se reposer sur des actions volontaires au risque de mêler le bon grain des actions efficaces avec l’ivraie du « greenwashing » ? C’est l’une des questions posées par le rapport « Transition par l’Innovation »* sur le cas des enjeux climatiques.
La réponse est que la contribution des entreprises peut être efficace, et même plus efficace qu’une action trop centralisée, mais à condition que la réglementation donne des signaux cohérents et stimulants pour les innovateurs. Ce n’est actuellement pas le cas, et cela supposerait notamment de se doter d’une « valeur de référence mondiale » pour la tonne de CO2. Cette référence manque, alors que quelques économistes pendant un trimestre y suffiraient. Une telle valeur donnerait un signal clair à tous, y compris dans les pays émergents qui n’auront les moyens de mettre en place les taxe et subventions permettant de passer de cette valeur de référence à un « prix carbone ».
Une telle référence permet facilement de distinguer les actions de communication, de celles qui ont un réel sens à la fois climatique et économique. En effet, on peut précisément mesurer l’effet des actions en termes de nombre de tonne de CO2 évitées. Il suffit de multiplier ce nombre par une valeur de référence de la tonne de CO2 pour estimer ce que valent ces actions. On peut alors savoir si les actions en question ont une valeur ajoutée (ie, si elles valent plus que ce qu’elles coûtent). Par exemple, un projet au coût net d’un million qui évite 10.000 tonnes de CO2 n’a pas de sens : mieux vaut ne rien faire et utiliser l’argent pour planter des arbres, l’effet sera plus favorable sur le climat !
Bref les entreprises peuvent être des alliés puissants du climat, à conditions – ce qui ne coûte rien – que les signaux économiques qu’elles reçoivent soient vraiment cohérents !