Le soutien aux artistes en difficulté : l’autre volet social

Quelques départements, enfin, ont décidé de soutenir les artistes en difficulté en leur proposant un accueil spécifique et une écoute particulière dans l’élaboration de leurs projets professionnel. C’est sans doute le Département de Paris qui propose l’approche la plus complète de cette question. Un travail d’identification du public cible a ainsi été menée, concluant à l’éligibilité à des dispositifs spécifiques de près d’un allocataire sur 6 (8 000 artistes au RSA pour 51 000 allocataires).

La « plate-forme d’appui artistes », un nouveau dispositif d’accompagnement individualisé, vise ainsi l’accompagnement de 1000 artistes allocataires. Elle est créée en complémentarité des services de Pôle Emploi (ex-ANPE) chargés de l’accompagnement des intermittents du spectacle, dans les secteurs des arts plastiques et photographie, métiers de l’audiovisuel, métiers de l’écrit, spectacle vivant. L’accompagnement se déroule sur 24 mois, avec pour objectif la concrétisation professionnelle du projet artistique et l’autonomisation financière. Pour financer cette plate-forme, le Département de Paris s’engage à hauteur de 1,2 million d’euros par an pendant les quatre années du marché.

Elle est animée par un comité d’orientation présidé par Philippe Torreton et s’appuie sur des prestataires ciblés pour un accompagnement personnalisé des allocataires :

– Le Troisième Pôle (www.letroisiemepole.com), une agence d’ingénierie culturelle qui anime des ateliers pour les allocataires dans les espaces insertion

– Altermédia (www.altermedia.org), une association créée par des professionnels du cinéma dans les années 80,

– Actemploi (www.actemploi.fr), un organisme de formation et une structure d’insertion par l’activité économique (SIAE) sur les secteurs du spectacle vivant, des arts plastiques et des métiers de l’écriture,

– Le S.O.C.L.E. ? Solidarité, Culture, Lien social, Emploi (http://atelierencommun.free.fr). une association d’accompagnement à la réalisation et la production de projets artistiques.

Le Conseil général des Pyrénées-Orientales propose également des actions d’insertion pré-professionnelles et des contrats aidés à ce public, ainsi que des modules d’accompagnement et d’évaluation professionnelle. La Gironde soutient pour sa part la professionnalisation des artistes en envisageant notamment le développement de « compromis professionnel acceptable » entre création et emploi alimentaire. Des dispositifs d’aide aux projets mais aussi des formations informatiques aux artistes sont ainsi mis en place.

On le voit, le volet culturel des politiques sociales est en plein développement au sein des départements, i.e. le niveau de collectivité qui est sans doute le mieux à même de porter ce croisement. Le recul manque cependant pour en évaluer l’impact réel. Il serait sans doute profitable aux CG de formaliser les grandes lignes de l’action culturelle au sein de l’action sociale générale et d’identifier ses porteurs, ses modes d’action et les volumes financiers qui lui sont consacrés, afin d’en faciliter l’évaluation ex post.

Les chroniques culturelles de Nicolas Defaud sont issues de Terrains de culture, le blog des élèves administrateurs territoriaux.