Maîtriser l’étalement urbain : 8 propositions de la FNAUT

L’étalement urbain se présente sous la forme d’une périurbanisation en tache d’huile et, de plus en plus, d’un éparpillement urbain : les communes dont la croissance démographique est la plus rapide sont les communes rurales de 500 à 2 000 habitants.

Ce phénomène, dont les causes sont multiples et souvent imbriquées et qui continue à se développer, est, de longue date, une préoccupation fondamentale de la FNAUT en raison de ses conséquences sociales, économiques et écologiques inacceptables.

– Il explique en grande partie (avec la séparation spatiale des différentes fonctions urbaines) la croissance persistante de la circulation automobile urbaine, qui engendre accidents, nuisances, dégradation de la santé publique, consommation élevée d’espaces agricoles et naturels, gaspillages de pétrole, émissions de gaz à effet de serre.

– Il fragilise les ménages périurbains aux revenus modestes qui, en raison de la hausse inévitable du prix du pétrole, vont voir augmenter les prix de leurs déplacements et baisser celui de leur patrimoine immobilier.

Yves Martin, ingénieur général des Mines, ancien président de la Mission Interministérielle contre l’Effet de Serre : « la ville est invivable avec l’automobile et la périphérie urbaine invivable sans l’automobile ».

Gilbert Lieutier, président de l’association Rue de l’Avenir, membre de la FNAUT : «j’aime les villes qui ont su maîtriser leur développement et s’arrêtent là où commencent la campagne et la nature. L’étalement que nous connaissons produit une non-ville au milieu d’une noncampagne».

Réorienter la politique des transports ne suffira donc pas pour réduire la circulation
automobile, une inflexion simultanée et très volontariste de la politique d’urbanisme et de logement est indispensable.

Il s’agit aujourd’hui de maîtriser l’étalement urbain et de densifier les zones déjà urbanisées.

Cette perspective est rejetée par une partie de l’opinion. Mais il n’est évidemment pas question d’imposer dans les zones urbaines françaises la densité de Hong Kong, 30 000 habitants/km2 ! Une densification urbaine intelligente est possible et ne doit pas faire peur : on peut « densifier sans entasser » dans des tours et dans des barres, en suivant l’exemple des pays germaniques et anglo-saxons.

Les propositions de la FNAUT

1 – Transférer toutes les compétences en matière d’urbanisme (documents d’urbanisme, permis de construire,…) des communes aux autorités d’agglomération, ces dernières étant élargies à l’échelle géographique des aires urbaines.

2 – Taxer plus fortement les logements inoccupés pour favoriser leur remise sur le marché.

3 – Récupérer les friches urbaines, artisanales, industrielles et militaires. Réhabiliter l’habitat ancien. Privilégier l’habitat social.

4 – Densifier l’habitat et les activités autour des gares ferroviaires, en particulier périurbaines, et le long des axes de transport collectif urbain en site propre. Rouvrir des lignes périurbaines([ Cas école de l’agglomération de Tours.
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5 – Favoriser le commerce de proximité, par exemple en taxant le stationnement sur les grandes surfaces commerciales périphériques.

6 – Cesser d’encourager la circulation automobile urbaine par la construction de nouvelles infrastructures routières et de parkings centraux, réduire la vitesse maximale autorisée sur les grandes voiries urbaines. Etudier la localisation et le dimensionnement des parcs relais de façon à ne pas contribuer à l’étalement urbain.

7 – Tarifer la circulation automobile urbaine à son juste coût pour la collectivité (congestion, nuisances locales, effet de serre) en introduisant le péage urbain et, bien entendu, en affectant son produit au développement des alternatives à la voiture.

8 – Pour libérer de l’espace en ville, favoriser la pratique de l’autopartage.