Questions autour d’un projet : le Canal Seine-Nord

Nous allons tout entendre à propos de ce Canal : développement économique, partenariat public-privé et, bien sûr, « développement durable ». Les grands mots ! Mais il faudra, avant toute chose, sortir le porte-monnaie. Car non seulement les vertus de cette infrastructure sont illusoires, mais le creusement du canal risque d’être aussi celui du déficit de l’Etat. Mais, peut-être, tous les « coûts » sont-ils permis un an avant la présidentielle.

Le Canal Seine Nord, Qu’est-ce que c’est ?

C’est un projet de nouveau canal à grand gabarit de 106 km entre Cambrai et Noyon destiné à faire passer des péniches de 4.400 tonnes, ce qui implique une envergure importante et surtout des ouvrages d’art colossaux. Il s’agit de construire ce canal dans une zone dite « inter-bassin », ce qui signifie qu’il faut creuser et importer de l’eau à des endroits où les cours d’eaux navigables naturellement ne sont pas reliés. L’objectif d’un canal à grand gabarit est de constituer l’Hinterland ([Hinterland : zone d’attraction et d’influence économique d’un port)] de grands ports pour assurer la liaison des marchandises importées vers l’intérieur du continent. Ce sont ici les ports d’Europe du Nord, tels Anvers et Rotterdam, qui sont concernés au premier chef, avec en arrière-plan les chaines de production de l’atelier du monde en Asie.

Questions sans réponses

Depuis des années, les nombreuses questions soulevées à propos de ce canal restent sans réponse. Une forme de dogmatisme aveugle conduit VNF ([Voies navigables de France : maître d’ouvrage du projet)] – présidé par un député UMP dont la circonscription est traversée par le projet ? à défendre ce projet contre tout bon sens.

Or le Canal Seine Nord va coûter cher au contribuable français. Tout laisse penser que l’investissement initial devrait dépasser cinq milliard d’euros. D’autant plus que le gouvernement s’est engagé à assumer financièrement le risque financier lié au trafic. En clair, si le canal est un bide, le contribuable paiera sa rente à Vinci ou Bouygues. Au moment où ce dernier peine à investir 15 milliards par an sur l’ensemble du territoire national, tous projets confondus, dans un contexte de crise économique sévère, ce n’est pas une paille. Ce choix, a priori sympathique, (« le fluvial, c’est du développement durable ») mérite donc qu’on aille un peu au delà des symboles.