Après plusieurs années d’études, la SAS à capital variable Centrales villageoises PERLE est née au mois de Mars 2013.
Inscrite dans une opération innovante pilotée à l’échelle de la Région Rhône-Alpes, cette société citoyenne a pour objectif de créer et d’exploiter des installations de production d’énergie renouvelable sur le plateau de la Leysse (Massif des Bauges, Savoie) et, plus globalement, de contribuer concrètement à la transition énergétique.
Il s’agit d’une société par actions simplifiées à capital variable. PERLE est l’acronyme de Production d’Energies Renouvelables du plateau de la LEysse. La SAS est constituée et gérée par des habitants du plateau de la Leysse mais est aussi ouverte aux volontaires venus d’ailleurs. Le projet est soutenu par la Région Rhône-Alpes et l’Europe et est accompagné par Rhônalpénergie – Environnement, Chambéry Métropole et le Parc Naturel Régional du Massif des Bauges et les communes du plateau de la Leysse.
Les six communes du plateau de la Leysse sont concernées pour l’installation des centrales : Saint Jean d’Arvey, Curienne, La Thuile, Puygros, Thoiry et Les Déserts.
La société dispose d’un capital composé par des actionnaires, habitants du plateau ou d’ailleurs. Elle investit dans des installations de production d’énergies renouvelables, pour la première tranche des installations photovoltaïques sur des bâtiments publics et privés.
La production est vendue à EDF, les bénéfices étant reversés aux actionnaires après mise en réserve pour assurer la pérennité du projet et financer d’autres installations. L’ensemble de la démarche s’inscrit dans une volonté d’exemplarité (intégration paysagère, développement économique local…).
Les habitant(e)s volontaires peuvent participer de trois manières :
En contribuant au financement par la prise d’actions (1 action = 100€) ou de compte-courants d’associés – ouvert à tous, personnes physiques et morales.
En favorisant les projets en louant son toit pour l’installation de panneaux photovoltaïques – pour les résidents du plateau de la Leysse.
En participant bénévolement à la vie de la société et à son développement.
La première des 8 centrales villageoises celle du PILAT a été mise en service cet été au mois d’Août.
Après bien des péripéties, Perle va suivre cet exemple en mettant 5 de ses 7 sites en service en cette fin novembre, les deux derniers le seront en Avril 2015.
Les principales difficultés que nous avons dû surmonter pour parvenir à réaliser cette opération, découlent du caractère innovant de ce projet, il a fallu imaginer, proposer, modifier, convaincre les citoyens participants, les propriétaires, les banques, les entreprises, les assureurs sans avoir grand-chose de concret à leur montrer (maintenant que les choses sont visibles c’est beaucoup plus facile).
Nos critères d’exigence paysagère et de préférence locale pour les entreprises ont aussi amené leurs lots de soucis, maintenant heureusement surmontés.
Maintenant que notre première tranche est quasi terminée, nos objectifs évoluent vers la gestion de la SAS dans le long terme avec des formations dans ce sens pour les bénévoles du conseil de gestion et une mobilisation citoyenne en vue de définir les futures réalisations de Perle. Dans le même temps nous commençons à répondre aux demandes de plusieurs groupements de citoyens dans et hors du département pour les accompagner et leur faire profiter de notre expérience dans leurs projets similaires.
Acteur ou décideur local, vous avez contribué à la réalisation d’un projet qui favorise l’autonomie énergétique de votre territoire Partagez vos expériences en envoyant icivos témoignages à Novo-Ideo. Votre + : expliquez comment vous avez contourné les difficultés
http://www.novo-ideo.fr/wp-content/uploads/2014/12/article.jpg188628La rédactionhttp://www.novo-ideo.fr/wp-content/uploads/2014/09/logo-blanc-fin.pngLa rédaction2014-12-11 21:18:552015-01-21 12:52:56En Savoie, une "PERLE" pour investir dans les énergies renouvelables
Si l’on ne sait pas quand il surviendra, du moins sait-on que ce moment arrivera un jour. Et la controverse porte tout au plus sur quelques années.
Réfléchir sur l’uranium et le gaz naturel n’est pas très différent. Ces trois ressources ont un point commun : elles relèvent d’un « stock » disponible sur Terre, et sont donc limitées. C’est cette limite qui crée le pic. A l’inverse, les énergies dites de « flux » (vent, soleil, marées?) ne le sont pas, et ne subissent donc pas cette épée de Damoclès. S’interroger sur le secteur énergétique de demain suppose donc de réfléchir aux moyens de réussir une transition énergétique en France.
UNE DOMINATION A EBRANLER
Dans l’imaginaire collectif, la révolution industrielle est indissociable de ces cheminées d’usine rejetant des fumées noires. Au-delà de cette image, c’est un véritable choix de société qui est illustré. Il est évident que la découverte de la quantité d’énergie dégagée par les fossiles sous l’effet de la combustion ne pouvait que provoquer un élan d’espoir chez les chercheurs de l’époque.
Aujourd’hui, les technologies liées aux énergies fossiles se sont imposées au point de déterminer l’aménagement de nos territoires (étalement urbain), comme l’économie mondiale (délocalisations). Il y a une domination évidente des énergies « stockées ». Leur rareté n’est bien sûr pas la seule raison pour laquelle il convient d’en limiter l’usage. Inutile de rappeler pourquoi nous devons enrayer les externalités négatives qu’elles génèrent ? pollutions diverses, déchets, surémission de gaz à effet de serre. L’impact écologique qu’elles induisent est désormais bien connu. Les technologies liées aux énergies renouvelables, de « flux » donc, se développent et se généralisent. Etant ancrées localement, les déperditions d’énergie sont relativement faibles. Elles sont réversibles et endommagent peu ou pas l’environnement.
Le secteur se développe au point d’intéresser les « majors ». Mais jamais aucun plan de grande envergure n’a été développé afin de leur donner l’impulsion qui permettra d’en faire un fleuron industriel. Ce qui est regrettable lorsqu’on considère, d’une part, le potentiel d’emplois à la clef et, d’autre part, le niveau de recherche en France.
UNE POLITIQUE PETROLIERE TARDIVE
Les grandes puissances prennent peu à peu conscience du potentiel de ce secteur. La France en reste à l’effet d’annonce. A croire que l’histoire se répète. Au début du XXe siècle, toutes les grandes puissances misent sur le pétrole, cherchent à s’approprier les terrains, développent des raffineries, créent des pipelines. Seule la France, puissance charbonnière, en reste aux mines. Certes, elle dispose de sous-marins, camions et autres véhicules fonctionnant à l’essence. Elle consomme du pétrole, mais n’en produit pas, ou si peu. Et lorsque, en décembre 1917, Henry Bérenger alerte les sénateurs sur le fait que la France n’aura plus une goutte d’essence au 1er mars 1918 ?dans la simulation la plus optimiste- ils comprennent que la guerre est perdue. Clemenceau en appelle alors à son allié américain, qui lui envoie aussitôt des pétroliers ; les alliés gagnent alors le conflit. De cette leçon, la France comprend, très tard, que le pétrole était devenu, ces dernières années, une denrée stratégique. L’adresse diplomatique de quelques hommes d’Etat de l’époque a permis d’inverser « la vapeur », mais la France n’a pu s’imposer que très tard sur ce marché. Elle n’y est vraiment parvenue qu’en créant la CFP, la « Compagnie Française des Pétroles », qui regroupait banques, Etat, raffineurs, producteurs.
Le Président du Conseil rappelle alors la volonté du gouvernement de « créer un outil capable de réaliser une politique nationale du pétrole » et « de voir se constituer un groupement national de pétrole », société anonyme de statut français. Cette société « s’efforcera de développer une production de pétrole à contrôle français dans les différentes régions productrices », « créera ou développera toutes les entreprises qu’elle jugera utiles pour sa prospérité » et pourra recevoir du gouvernement la mission d’entreprendre des travaux qu’il estimera « opportuns ».
Dans ce but, elle devra « organiser la mise en valeur des ressources et des avantages que l’Etat tient ou tiendra des accords diplomatiques ou autres existants ou intervenir, en ce qui touche le pétrole ». Elle prendra des participations dans les entreprises « exerçant leur activité dans diverses régions pétrolifères, spécialement en Amérique centrale et en Amérique du Sud ». Compagnie nationale, « la Société recevra l’appui du Gouvernement et le concours de ses Administrateurs, dans les démarches et travaux qu’elle entreprendra en conformité des programmes arrêtés d’accord avec le Gouvernement. » L’Etat se réserve de plus un contrôle sur la gestion de la société , avec la nomination de deux commissaires, du ministère du Commerce et de celui des Finances, disposant du droit de veto en Conseil d’Administration. Enfin, de nombreuses dispositions sont censées protéger la CFP des capitaux étrangers : les sociétés industrielles et financières françaises peuvent participer à la société, lorsque leur objet social concerne « la production, le transport, le commerce, la distribution, le raffinage » de pétrole.
Sachant qu’une entreprise peut n’être française qu’en apparence, « le cas de certaines Sociétés comprenant des participations étrangères importantes fera l’objet d’un examen particulier. » Disposition qui vise la Banque de Paris (future Paribas). Poincaré ne ferme aucune porte à « toutes dispositions nécessaires (qui) devront être insérées dans les statuts pour assurer la permanence du contrôle de la Société par des capitaux français. » Enfin, les postes restent toujours des éléments stratégiques pour le contrôle d’une société : le directeur général et les directeurs sont être Français, comme les administrateurs, agréés par le gouvernement.
UNE POLITIQUE INDUSTRIELLE ECOLO
L’époque n’est pas la même, la ressource non plus. Une transposition serait à prendre avec la plus grande précaution, si tant est qu’elle est imaginable. Mais cette leçon de l’histoire doit nous amener à réfléchir sur le rôle de l’Etat dans l’impulsion d’un tissu industriel nouveau.
Aujourd’hui, les entreprises travaillant sur les énergies renouvelables n’ont pas l’écoute des majors du pétrole, du nucléaire, ou du gaz. Ces dernières, de plus, investissent aussi sur le renouvelable et peuvent donc siéger et peser dans leurs groupes d’influence. L’Etat doit donc réinventer son rôle, investir et se réinvestir. C’est à lui qu’incombe, pour une durée certes limitée, le rôle de pilotage stratégique. En créant un consortium qui pourrait, peu ou prou, s’appuyer sur les membres du Syndicat des Energies Renouvelables (SER), l’Etat créerait une structure puissante, capable de rivaliser avec les majors du pétrole, tout en les canalisant en interne.
Cette « régie intéressée », où la participation de l’Etat ne pourrait excéder 25%, permettrait également de maîtriser une stratégie foncière (doublée d’un portage foncier) sur tout le territoire, et les bénéfices générés permettraient à la collectivité de compenser ses investissements. Un tel dispositif, bien sûr, ne peut se substituer à un grand plan d’économies d’énergies et à une politique ambitieuse à l’échelon européen. Mais ce peut être un dispositif complémentaire.
En somme, les énergies renouvelables attendent encore « leur » Henry Bérenger.
Propositions
1. Création d’un consortium d’Etat appuyé sur le Syndicat des Energies Renouvelables (SER) : renforcement de sa fonction de pilote stratégique
2. La forme de « régie intéressée » privilégiée pour assoir une stratégie foncière sur tout le territoire
3. Financement de son action par les plus-values de ses achats/reventes
http://www.novo-ideo.fr/wp-content/uploads/2014/09/arton174.jpg7971200Jean-Marie Bouguenhttp://www.novo-ideo.fr/wp-content/uploads/2014/09/logo-blanc-fin.pngJean-Marie Bouguen2014-12-04 01:47:002014-12-21 00:17:26Energies renouvelables : pour un consortium industriel
Comment résoudre l’équation de la diminution des GES et du passage des énergies de stock (charbon, gaz, uranium…) à des énergies de flux (énergies renouvelables), moins risquées…
La fausse assimilation énergie = nucléaire
On a tendance à assimiler énergie et nucléaire alors que plus de 76% de l’énergie que nous consommons est massivement importée. L’uranium, bien sûr, mais également le pétrole auquel nous avons recours pendant les fameux « pics de consommation » du fait du chauffage électrique, participant ainsi à 70 milliards d’euros de notre déficit commercial. C’est donc un enjeu de souveraineté.
Des pistes d’un scénario énergétique alternatif
Sur la question de l’énergie, les écologistes mettent d’une part l’accent sur la politique d’offre en matière de transports publics, d’autres part, ils plaident en faveur d’un changement nécessaire de tarification du fret ferroviaire.
On sait agir sur le secteur industriel (cogénérations…), sachant que celui-ci s’est déplacé en partie hors d’Europe et avec ses emplois, ses gaz à effet de serre. Il appelle des investissements ciblés de la part des pouvoirs publics sur les plus gros consommateurs. Les études récentes menées par Ecofys pour le WWF montrent que d’ici 2030, l’UE : -> a les moyens d’abaisser sa consommation d’énergie d’au moins 38 % (par rapport à une projection « Business as Usual ») – > est en mesure de tirer plus de 40 % de son énergie des ressources renouvelables, – > et, en supposant que les deux précédents objectifs soient atteints, peut réduire de moitié ses émissions de gaz à effet de serre liées à l’énergie par rapport à 1990. Le think tank Vista, spécialiste des questions énergétiques, soutient un « management territorial des systèmes thermiques » en soulignant par exemple que le « montage d’un projet de méthanisation demande vingt-quatre mois en France alors qu’il n’en demande que douze en Belgique ».
Transition énergétique : quelles opportunités pour l’industrie française ? Vista-Eurogroup Consulting (72 pages, Juin 2014)
Sur l’énergie, on a donc des leviers, c’est sur l’électricité que cela coince
Une nouvelle politique énergétique écologiste, globale et ancrée dans les territoires, doit avant tout passer par un changement radical de notre modèle économique. Sur l’électricité en particulier, le remplacement du nucléaire par les énergies renouvelables est une partie de la solution à condition que cette substitution ne se fasse pas à kilowattt-heure constant. (1)En l’état, seul le scénario « nouveau mix » de RTE prévoit cette option avec, outre l’ouverture de Flamanville, le maintien ou le remplacement de toutes les tranches, sauf les 28 groupes 900 MW les plus anciens (40 GW installés
Qu'est-ce que la transition énergétique ?
Bernard Laponche, polytechnicien et ancien du CEA, consultant international, fait le point pour Novo Ideo sur la question de la transition énergétique.
Des enjeux économiques colossaux
Si le nucléaire n’avait pas capté dans notre pays 60% des dépenses de Recherche Développement France, en minorant ses coûts, sa compétitivité serait fortement dégradée. Selon une étude récente de l’Union française de l’électricité (UFE), le prix de l’électricité augmenterait de 33% d’ici 2030 même dans un scénario à 70% nucléaire, il connaîtra une hausse inexorable.
Mais plus encore, le modèle de l’électricité peu chère a vécu.
Ainsi, pour la Commission Energie d’EELV, « ce ne pourrait être une électricité moins chère qui sauverait la compétitivité de l’industrie française dans un environnement hautement concurrentiel. Il faut au contraire miser sur l’innovation dans les process et sur l’efficacité énergétique de la production ». Une approche confirmée par [l’Ademe : il faudrait à cette fin accroitre de 30 à 90% le niveau actuel des investissements énergétiques (37 milliards d’euros).
Qu’en est-il ainsi du tertiaire du résidentiel, l’angle mort des politiques électriques. Ces secteurs resteront ils des débouchés (infinis?) pour l’industrie nucléaire ?
La question clef de la rénovation du résidentiel et du tertiaire
Le secteur résidentiel et tertiaire, point noir énergétique et débouché clé du nucléaire, représente selon l’Insee 44% de la consommation finale énergétique et 69% de l’électricité est d’un traitement plus difficile. Il est en butte à une cible « diffuse » à traiter et des outils financiers trop souvent déconnectés des possibilités du ménage moyen par exemple. (2)On lira à ce sujet nos articles sur les expériences réussies en régions sur des « prêts à taux zéro » sur l’isolation élargissant la base sociale par rapport aux subventions classiques car évite les avances de trésorerie des ménages.
Un des facteur de la réussite du « scénario NégaWatt » porté par [un collectif de plusieurs centaines de chercheurs est ainsi basé sur ces enjeux majeurs : la lutte contre les gaspillages, l’efficacité énergétique et des actions de sobriété. (3)Dans leur projection 2011, « les gisements de NégaWatts » visent à diminuer ainsi très fortement la dépendance actuelle vis-à-vis des ressources fossiles (pétrole, gaz, charbon) et de l’uranium
Selon un scénario « réaliste » à horizon 2050, la population française devrait augmenter encore de sept millions de personnes ce qui accroîtrait les tensions sur la demande. Pour les compenser, l’association table sur une stabilisation moyenne de la surface des logements. Or, l’Insee prévoit qu’en 2050 le nombre moyen d’occupants par logement passerait de 2,2 à 2,01 personnes/logement. Négawatt envisage que l’évolution des pratiques (cohabitations…) fasse monter le nombre à 2,25 personnes par logement. Selon le support spécialisé du secteur du BTP « Le Moniteur », la différence entre les deux scénarii représente un écart de trois millions de logements.
L’autre point clé est lié à l’obligation de rénover de la même façon l a » solution technique universelle », gage de massification et d’économies d’échelle. (4)Etablie par Olivier Sidler, directeur du bureau d’ études Enertech, elle consiste à réaliser systématiquement 5 actions dont l’isolation aux murs, au plancher bas et en toiture, la mise en place d’une ventilation double flux, le remplacement des chaudières voire une pompe à chaleur ?
La rénovation n’a pas de prix mais elle a un coût
D’un coût de l’ordre de 200 euros HT /M2, cette « solution » pourrait être mise en ?uvre automatiquement à l’occasion de la revente du bien. Le Président de l’association constate ainsi que les bâtiments labélisés Minergie en Suisse « sont vendus pour un prix de 5 à 15% plus élevé ». De son côté, Terra Nova propose un système de « bonus-malus » lors de la vente d’un logement ancien en fonction de sa performance énergétique.
Pour Novo Ideo, ce sont 15 milliards de travaux par an en moyenne sur le résidentiel qu’on pourrait lisser sur une dizaine d’annnées pour les ménages à l’aide d’un [mécanisme de « tiers investisseur », c’est-à-dire un système d’avance des travaux dont les remboursements sont financés sur les économies d’énergie futures voire des crédits à taux zéro plus ciblés que l’Eco-prêt actuel dont les charges seraient plafonnées aux revenus des bénéficiaires.
La question de l’accès au crédit pour ce type de travaux est cruciale : elle doit permettre de palier aux difficultés des ménages quant à l’avance de travaux et à la frilosité de nombre de banques commerciales qui facturent ce type de crédit trois à quatre fois plus chers que les prêts immobiliers.
La Caisse des Dépôts et Consignations propose de rapprocher ces taux par [un fonds de garantie financé par EDF et GDF. La Poste quant elle envisage d’utiliser ses postiers comme porteurs d’une offre énergétique en faveur des ménages : bilan thermique, etc.
Toutes ces pistes doivent être approfondies car au rythme actuel, moins du tiers de l’objectif de rénovation de 500 000 logements par an à horizon 2017 sera tenu. C’est le signe notamment de l’inadéquation des outils financiers par rapport aux besoins. L’insuffisance de la commercialisation de l’éco-PTZ (moins de 35 000 par an) reflète certainement la trop grande complexité du dispositif et son montant moyen, deux à trois plus élevé que les capacités de remboursement d’un ménage autour de deux SMIC.
Isolation des murs
entre 6000 et 12 000 euros de travaux pour une économie de 400 euros (gaz) à 500 euros (électricité) par an
Isolation des combles
entre 3 000 à 6 000 euros de travaux pour une économie de 500 euros (gaz) à 600euros (électricité) par an
Remplacement de fenêtres
entre 6 000 à 8 000 euros de travaux amortis entre 6 et 12 ans
Chaudière à condensation ou basse température
entre 3 000 et 8 000 euros environ de travaux pour une économie de 500 euros par an
Les conditions de la réussite
Le scénario de transition énergétique demanderait un véritable changement d’échelle des politiques actuelles de rénovation et le développement de nouveaux métiers.
Pour Novo Ideo, la politique de changement énergétique appelle ainsi une stimulation exceptionnelle de larges pans des secteurs de la construction, du bâtiment qui connaissent déjà des pénuries de main d’?uvre, sont peu attractifs pour les jeunes et ont des pyramides des âges défavorables. Revalorisation des métiers et politiques de qualification ambitieuses sont des conditions préalables de la réorientation de la main d’?uvre du nucléaire vers d’autres activités dont les énergies renouvelables.
La réussite d’une telle politique est fondée sur une approche transversale y compris des besoins à couvrir. En Angleterre par exemple, on a ainsi mis en lumière qu’un frein à la politique d’isolation des ménages n’était pas seulement financier mais parfois de nature psychologique (la peur de déménager les combles…), autant d’offres de services à intégrer dans un « package global » à destination des familles.
Elargir le bouquet énergétique et développer des filières
Autres piste : le « mix » des énergies renouvelables à déployer. Si l’essentiel aujourd’hui des énergies renouvelables provient de l’hydraulique (12 à 15% soit les 9/10e de l’énergie renouvelable), le potentiel est considérable et présente des dimensions économiques colossales. Mais a France a pris au moins trois décennies de retard à ce niveau par rapport à l’Allemagne.
Le gouvernement a décidé de revoir les mécanismes de soutien aux énergies renouvelables (photovoltaïque, éolien, bois?). L’arrivée de Ségolène Royal au Ministère de l’écologie devrait marquer la relance à ce niveau sur le modèle de la région Poitou Charentes.
Le solaire photovoltaïque, en forte croissance sur la période récente (croissance à deux chiffres) reste dépendant du soutien des Etats. Avec 57 000 emplois, l’Allemagne héberge l’essentiel de l’emploi européen lié au photovoltaïque, estimé à 90 000. D’après des estimations très prudentes du WWF, la main d’oeuvre dans le photovoltaïque devrait se développer largement et atteindre 727 000 emplois en 2020, 1.4 million en 2030. Le solaire photovoltaïque est marqué par l’entrée sur le marché de nouveaux opérateurs, notamment Chinois, développant de nouveaux matériaux (polymères) qui devraient mieux s’intégrer au bâti. Notre pays reste malgré tout un « nain solaire ».
Solaire Thermique : Alors que la Chine a le marché le plus important au niveau mondial, le marché européen a doublé entre 2006 et 2009. On évalue à plus de 27 000 les emplois déjà existant dans cette industrie en Europe. Au total, il est probable selon le WWF que l’Europe ait déjà quelques 30 000 emplois dans cette industrie émergente, qui dispose encore d’un potentiel de croissance supplémentaire et, couplé à un chauffe eau, dispose des rendements satisfaisants sur l’ensemble du territoire français.
La géothermie représente au niveau mondial une production d’environ 50 TWH, concentrée sur quelques pays (USA, Philippines, Italie…). En France, le potentiel est concentré en Ile de France où plus de 200 000 logements sont raccordés à des réseaux de chaleur utilisant la géothermie. La filière géothermique reste fortement dépendante des équipements Japonais et pourrait, en France, connaître un nouvel essor en relation avec les meilleures performances à basse profondeur.
L’éolien, essentiellement tiré par l’initiative privée, bénéficie des tarifs de rachat par EDF et d’un coût de production proche du charbon. Les grands énergéticiens sont sur les rangs même si l’enjeu économique reste, de leur point de vue, « marginal » pour l’instant. En Allemagne, le potentiel de production (utilisé à 25%) représente l’équivalent d’une quinzaine de réacteurs nucléaires.
Quasi nul en France il y a quelques années, l’éolien terrestre (3.000 machine installées fin 2009) est bridé faute de stratégie globale (5)Le marché de l’éolien peine à accélérer depuis trois ans. Son taux de croissance est stable depuis 2008, avec un rythme annuel de croisière autour de 1.100 MW supplémentaires.
L’éolien off shore est appelé à se développer suite aux appels d’offres lancés pour l’installation, selon le Grenelle de l’Environnement, de 1.200 machines au larges des côtes françaises, qui pourraient fournir environ 3,5% de la consommation électrique en France. Sur cette technologie, le [syndicat des énergies renouvelables estime à 36 000 les créations nettes d’emploi, avec pour hypothèse une implantation au large de 6 GW à l’horizon 2020-2022.
Le bois-énergie en production locale pourrait représenter assez facilement 2 à 3 points de plus dans le bouquet énergétique français à condition que la ressource forestière ne reste pas, selon les termes de l’ADEME, « sous-exploitée » au regard de l’importance de notre patrimoine forestier. La hausse des prix du baril de pétrole favorise, à l’instar des autres énergies renouvelables, la rentabilité de cette énergie en même temps que l’amélioration des techniques de combustion. On estime à un emploi créée la valorisation de 2000 m3 de bois (ou 440 TEP) à condition que cette exploitation ne vienne pas en concurrence avec le bois-oeuvre.(6)80% du bois-énergie est consommé par les particuliers, soit 6 millions de foyers et l’équivalent de 7 millions de TEP ou 40 millions de stères. Les granulés (moins de 200 Euros la tonne fabriqués à base de sciure ressemblent à des bouchons d’environ 2 cms de long et de 6 à 8 mms de diamètre : ils ne posent pas de problèmes particuliers de stockage. Les rendements des chaudières les plus récentes atteignent habituellement les 80% tandis que les émissions dégagées par la combustion se limitent quasiment à de la vapeur d’eau
Stratégie globale
Au final, la France a désavoué son ambition initiale, de sécurisation et de diversification de ses ressources énergétiques, inscrite dans les statuts d’EDF.
Elle est passée à côté de la grande vague de la réorganisation des filières énergétiques à l’échelon européen, en délaissant la société civile, en prenant du retard sur des projets portés par l’initiative privée tout en faisant preuve d’une déconcertante passivité de sa politique industrielle. (7)Terra Nova prône la création d’un fonds de capital investissement Energies Vertes de l’ordre de 1Md? géré par le Fond Stratégique d’Investissement (FSI) ou une nouvelle Banque publique d’investissement
Le débat tel que nous le connaissons aujourd’hui dans le paysage politique français est alimenté par des demi-vérités du lobbye nucléaire, déstabilisé par Fukushima, une ressource d’uranium en extinction, des débouchés incertains et une pyramide des âges de la filière marquée par des départs massifs en retraite des effectifs à horizon de dix ans.
C’est donc une filière menacée qui tente d’imposer les termes d’une conversion nécessaire y compris sur les questions stratégiques du transport et de la distribution électrique notamment sur l’enjeu de la précarité énergétique. Novo Ideo propose dans cette perspective une refonte de l’actionnariat de RTE et une réforme de sa gouvernance intégrant notamment les territoires. Nous baissons la tête devant cette opportunité historique de refonder notre pacte social autour de la question de l’énergie.
Jusqu’à quand ?
Propositions
Se fixer un objectif de politique publique et quelques « cibles » : ne pas se disperser, priorité aux effets massifs à l’échelle d’une génération
Définir les outils de la politique publique en rapport avec les objectifs : priorité sur l’efficacité énergétique+isolation+systèmes de chauffage performants avec un axe particulier sur le résidentiel et le tertiaire
Systématisation du « tiers investisseur », du paiement de l’avance des travaux par crédit à taux zéro sur le résidentiel et le tertiaire (objectif : zéro prélèvement sur la trésorerie des ménages)
Opter pour une politique industrielle volontariste pour muscler notamment des opérateurs performants sur le solaire et l’éolien de masse, de la régie aux acteurs européens
Sécuriser et diversifier l’approvisionnement : réformer l’actionnariat et la gouvernance de RTE pour renforcer les coopérations
En l’état, seul le scénario « nouveau mix » de RTE prévoit cette option avec, outre l’ouverture de Flamanville, le maintien ou le remplacement de toutes les tranches, sauf les 28 groupes 900 MW les plus anciens (40 GW installés
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On lira à ce sujet nos articles sur les expériences réussies en régions sur des « prêts à taux zéro » sur l’isolation élargissant la base sociale par rapport aux subventions classiques car évite les avances de trésorerie des ménages
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Dans leur projection 2011, « les gisements de NégaWatts » visent à diminuer ainsi très fortement la dépendance actuelle vis-à-vis des ressources fossiles (pétrole, gaz, charbon) et de l’uranium
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Etablie par Olivier Sidler, directeur du bureau d’ études Enertech, elle consiste à réaliser systématiquement 5 actions dont l’isolation aux murs, au plancher bas et en toiture, la mise en place d’une ventilation double flux, le remplacement des chaudières voire une pompe à chaleur ?
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Le marché de l’éolien peine à accélérer depuis trois ans. Son taux de croissance est stable depuis 2008, avec un rythme annuel de croisière autour de 1.100 MW supplémentaires
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80% du bois-énergie est consommé par les particuliers, soit 6 millions de foyers et l’équivalent de 7 millions de TEP ou 40 millions de stères. Les granulés (moins de 200 Euros la tonne fabriqués à base de sciure ressemblent à des bouchons d’environ 2 cms de long et de 6 à 8 mms de diamètre : ils ne posent pas de problèmes particuliers de stockage. Les rendements des chaudières les plus récentes atteignent habituellement les 80% tandis que les émissions dégagées par la combustion se limitent quasiment à de la vapeur d’eau
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Terra Nova prône la création d’un fonds de capital investissement Energies Vertes de l’ordre de 1Md? géré par le Fond Stratégique d’Investissement (FSI) ou une nouvelle Banque publique d’investissement
http://www.novo-ideo.fr/wp-content/uploads/2014/09/arton241.png340512Bernard Laponchehttp://www.novo-ideo.fr/wp-content/uploads/2014/09/logo-blanc-fin.pngBernard Laponche2014-06-17 13:19:002014-10-23 13:14:26Transition énergétique: le scénario Novo Ideo
Pourtant, l’attribution récente au groupe GDF du second appel d’offres d’un volume de 1000 MW devrait accélérer la sortie des fonds des eaux d’une filière industrielle encore émergente.
La France devra en effet redoubler d’effort afin d’atteindre d’ici 2020 75 % de la capacité actuelle de l’éolien terrestre, soit 6000 MW ou l’équivalent de quatre gros réacteurs nucléaires. Pas moins de 10 000 emplois à créer selon Madame Royal et près de 4 millions de tonnes de CO2 à économiser chaque année.
Plus couteux que son cousin terrestre, mais plus productif, car il dépend d’une météorologie plus prévisible, l’éolien marin n’est pas encore arrivé à son stade de maturité. Il recèle d’ores et déjà un fort potentiel de développement pour les territoires.
L’activité économique locale induite est en effet significative. Pour le précédent appel d’offres de cette importance remporté en 2012 par le concurrent EDF, la valeur ajoutée estimée était au trois quarts nationale et régionale. Dans ce cas de figure, la « Compagnie du vent » quantifiait à près de 2800 le nombre d’emplois créés pour les phases d’ingénierie, de fabrication et de pose.
Pour les collectivités en crise, ce secteur est également une opportunité touristique déjà expérimentée avec succès par nos voisins britanniques et danois. D’autant que sur le plan de l’environnement, « l’effet récif artificiel » constitué par les mâts participe au développement de la ressource halieutique.
Dans un premier temps bloqué par la présence possible de mines, le projet continue de susciter des points de friction en matière de conflits d’usage, particulièrement sensibles. La population des pêcheurs est touchée par la hausse tendancielle des carburants. Une frange s’obstine à vouloir revenir vers une pêche sans avenir, affranchie de tous quotas. Elle appelle cependant une vigilance particulière. La taxe spécifique aux éoliennes en mer devrait représenter à terme un produit de plusieurs dizaines de millions d’euros. Un levier pour une conversion sociale réussie.
C’est là un résumé saisissant des risques entre lesquels la future Loi sur la transition énergétique présentée d’ici cet été devra naviguer. Là où la filière nucléaire a fait l’objet en son temps d’un soutien massif en fonds propres et d’une nouvelle promesse industrielle, le développement de l’éolien devra surtout compter sur les tarifs de rachat et l’obligation d’une reconversion des filières du passé.
D’autant que le gouvernement est également confronté à la concurrence des carnets de commandes, notamment. Ceux des acteurs de l’industrie navale ou des équipementiers électriques. Rien que sur le créneau des énergies renouvelables marines, la valorisation électrique des courants ou les potentialités soulevées par l’éolien posé à grande profondeur, les modèles économiques sollicités s’accommodent peu des taux de retours exigés par les marchés pour ce type de projet.
Réussir « l’Été de la transition énergétique » appellera donc une responsabilité forte des pouvoirs publics dont la maitrise d’ouvrage devrait permettre de desserrer l’étau de la rentabilité des futures réalisations industrielles. Mais ils devront également faire preuve d’innovation si on ne souhaite pas que cela se traduise par un nouveau coup de chaud pour nos finances publiques.
Un article publié sur le site du quotidien Les Echos le 29 mai 2014.
http://www.novo-ideo.fr/wp-content/uploads/2014/09/arton3741.jpg18543000Jean-Marc Pasquethttp://www.novo-ideo.fr/wp-content/uploads/2014/09/logo-blanc-fin.pngJean-Marc Pasquet2014-05-29 22:08:172014-10-16 19:07:04Après le Printemps de l'éolien offshore...
Impératif climatique (les émissions de CO2 doivent être limitées pour préserver le climat), la transition énergétique est également un impératif écologique (les ressources les plus utilisées sont non-renouvelables ou en voie d’épuisement) mais également moral : le statu quo n’étant pas soutenable, il faut agir dès maintenant.
Une nécessaire transparence
Le premier devoir politique est celui de la transparence démocratique : expliquer aux citoyens les enjeux, coûts et bénéfices de la transition, pour qu’il puisse exprimer une opinion sur les choix possibles. Le second devoir est celui de la clarté. On se perd en effet facilement face aux multiples options pour produire une énergie plus verte, développer des technologies bas-carbone, renforcer l’efficacité énergétique ou promouvoir une juste consommation.
En Europe, c’est le marché qui sélectionnera les options de transition énergétique
Mais les moyens publics sont limités et ces solutions contribuent inégalement aux finalités de la transition énergétique. L’Europe ayant choisi le marché pour organiser son système énergétique, c’est le marché qui sélectionnera les options qui apportent à la transition plus qu’elles ne coûtent aux français – au travers des décisions des entreprises et des ménages, qui choisiront ce qu’ils trouvent le plus avantageux économiquement. Il est donc nécessaire que ce qui importe aux Français se traduise par un prix juste. Faute de quoi le marché continuera à balayer les objectifs non quantifiés – le climat sera perdant si le CO2 est au mauvais prix, il y aura un jour des black-out si la continuité d’approvisionnement n’a pas de valeur, et les décès liés aux particules fines augmenteront si les risques énergétiques sont mal pondérés.
Des objectifs de transition non traduits dans les prix de l’énergie
Or sur les quatre finalités de la transition – maîtriser les prix, réduire l’impact sur le climat, garantir la disponibilité et maîtriser les risques liés à l’énergie – seule la première est traduite par un prix, celui du kwh. Pour la sécurité d’approvisionnement énergétique, un prix sera donné par le « marché de capacité » mis en place en 2015 en France – mais avec peu de cohérence européenne malgré les interdépendances entre pays.
L’impact climatique est valorisé par un marché des quotas carbone basé sur des hypothèses dépassées, avec peu de perspectives d’atteindre le juste prix de 30 ?/tonne. Or un prix trop bas empêche d’investir dans les technologies qui émettent moins (comme le gaz face au charbon) ou la capture du co2. Le prix de la sûreté est, enfin, à géométrie variable, certaines énergies sont proscrites (gaz de schiste) et d’autres limitées (nucléaire) ce qui conduit à faire augmenter le charbon. Or les rares études scientifiques (Markandya, A.; Wilkinson, P. Electricity generation and health. Lancet 2007)montrent que le charbon entraîne 28 décès par TWh, 10 fois plus que le gaz, et 400 fois plus que le nucléaire (hors déchets)…
Quatre prix à fixer: une nécessité pour éviter les incohérences
Fixer ces quatre prix, que ce soit au travers de mécanismes de marché (comme le marché de capacité) ou par l’expertise (celle des risques), est une nécessité pour que les incitations du marché aillent dans le sens des ambitions affichées, et éviter de coûteuses incohérences. C’est également la meilleure façon de permettre aux Français de faire des choix sans en ignorer les coûts. C’est enfin un préalable à une convergence européenne : tous les pays partageant les quatre objectifs de la transition, l’enjeu n’est pas pour les français de critiquer les choix allemands, ou vice-versa, mais d’aller vers des prix européens qui traduisent la somme des préférences de l’ensemble des citoyens européens.
http://www.novo-ideo.fr/wp-content/uploads/2014/09/arton3731.jpg7681024Vincent Champainhttp://www.novo-ideo.fr/wp-content/uploads/2014/09/logo-blanc-fin.pngVincent Champain2014-05-23 20:49:162014-10-20 16:48:44Transition énergétique : l'effet prix