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Mon village, c’est Kinshasa


Peinture : Jean-Marie Moké fils

« Partout à Kinshasa, il y a des sons qui existent : des sons de voitures, des sons d’églises, des sons de musiques de bar, et les gens font la fête malgré tout ce qui les oppresse? Car il n’y a pas de liberté d’expression, la vie sociale est catastrophique ici. Mais tout le monde veut exister et pour cela tout le monde se bat pour survivre, tout le monde est obligé de créer. »
Yves Sambu, collectif SADI (Solidarité des artistes pour un développement intégral)

Enregistré en juin 2013 à Kinshasa, ce documentaire audio donne la parole aux résident/es de quartiers populaires de la capitale de la République démocratique du Congo, deuxième ville d’Afrique subsaharienne avec plus de 10 millions d’habitant/es. D’un quartier à l’autre, le micro se promène, à pied ou en fula-fula (mini-bus), pour recueillir les difficultés quotidiennes, les joies et les rêves des Kinois, pour livrer de Kinshasa un portrait autant sonore que documentaire.

Mon village, c’est Kinshasa
Un documentaire audio de Benjamin Bibas mis en son par Sébastien Lecordier, avec la collaboration de Sébastien Godret
Enregistrements : Benjamin Bibas et Sébastien Godret
Réalisation, mixage : Sébastien Lecordier
Production : Radiofonies Europe (www.radiofonies.eu)
Durée : 50 min

Merci à la Fondation Hirondelle, au collectif de journalistes Medumas et au collectif d’artistes SADI.

Diffusions radio
– RTBF – La 1re, émission « Eldoradio », dimanche 1er juin 2014 à 22h
– Radio Aligre, émission « Liberté sur paroles », lundi 16 juin 2014 à 9h
– Africa n?1 (extraits), émission « La Grande matinale », mardi 17 juin 2014 à 9h
– Radio Campus Dijon, le 18 juillet 2014

Diffusions in situ
– exposition « La Ville africaine », Latitude 21 (Dijon), 19 avril – 18 juillet 2014
– Radiofonies Europe (73 bd Barbès, Paris 18e), le 27 juin 2014 à 20h

Politique industrielle : viser l’idéal, comprendre le réel

ENTRE LE REEL ET L’IDEAL

Confronté à une conjoncture exceptionnellement difficile, notre pays fait face à deux défis majeurs. Le premier est celui du réel et du court terme : Florange est l’exemple le plus visible, et personne ne peut être sourd à l’inquiétude profonde que les salariés de l’industrie vivent aujourd’hui. C’est bien une responsabilité nationale et des territoires que d’appuyer des solutions de reconversions mais c’est celle des groupes que de financer l’emploi durable de leurs travailleurs. Le deuxième défi est celui de l’idéal et du long terme : la France est le pays des libertés dont la liberté économique. C’est un pays ouvert : il est en majorité opposé à l’idée d’une préférence nationale, qu’elle soit sociale ou économique, et c’est un pays innovant. Il a su réussir de nombreux paris sur l’avenir en développant sur son sol des pôles d’excellence mondiale, dans l’aéronautique à Toulouse, l’énergie à Belfort…

La difficulté ? et le talent ? des politiques, c’est précisément de trouver le chemin entre ces deux objectifs : comprendre la difficulté du réel, tout en se donnant les moyens de nous rapprocher de l’idéal à long terme. Rarement l’actualité ? tiraillée entre les interpellations de Florange et les promesses de l’avenir, par exemple celles de « l’internet industriel » – aura davantage illustré cette difficulté qu’aujourd’hui.

S’agissant de l’actualité, les tentatives d’amalgame sont nombreuses. Oui, le non respect des promesses de Mr Mittal doit être dénoncé avec force. Non, le fait qu’il soit Indien, Américain, Suisse ou Berrichon n’a jamais, et ne doit jamais entrer en ligne de compte. Oui, l’Etat est dans son droit de négocier une nouvelle solution quand il apparaît que celle qui conditionnait le rachat d’Arcelor ne sera plus respectée, et pour cela, tous les outils d’un état de droit, y compris une nationalisation, doivent être envisagés. Non, le gouvernement ne souhaite ni spolier les investisseurs quels qu’ils soient, ni les affranchir de leurs responsabilités sociales. Le fait qu’il existe des divorces houleux, notamment lorsque l’un des conjoint a fauté et dispose des moyens d’assumer ses responsabilités, ne veut pas dire qu’il n’y ait pas une majorité de mariages heureux par ailleurs. Ni que des secondes noces soient possibles avec des conjoints plus respectueux, quelle que soit leur origine.

L’AVENIR N’ATTEND PAS

Mais pendant ce temps, l’avenir n’attend pas. Ou plutôt, nous ne devons pas atteindre pour le façonner d’une manière conforme à nos valeurs. Tristement célèbre, un ancien dirigeant d’Alcatel avait voulu nous faire croire au caractère inéluctable de l’entreprise sans usines (fabless), produisant dans les pays à bas coûts ? et théorisant ainsi une condamnation de nos ouvriers au chômage à perpétuité. Mais un autre monde est possible : une autre forme d’industrie, est en train de naître de la convergence avec les nouvelles technologies et stimulée par les enjeux de la transition vers une économie moins carbonée. Autant pour multiplier les emplois d’avenir que pour proposer des transitions aux emplois aujourd’hui menacés, nous devons saisir toutes les opportunités de cette formidable mutation.

L’industrie du futur intégrera à la fois des activités de recherche, de production. Celle-ci sera localisée au plus près des clients et des centres d’innovation, donc en Europe et de service destinés à aider les clients à tirer le meilleur parti de produits haut de gamme ? par exemple le rendement énergétique, le taux d’utilisation d’un bloc opératoire ou l’efficacité d’un moteur d’avion. Elle intègrera aussi davantage les contraintes environnementales, y compris lors du recyclage : les phases de conception et de Design sont autant d’opportunités de développements. Elle sera également intégrée d’un point de vue européen ? que nationale : notre stratégie industrielle devra progressivement devenir plus européenne, et accepter un jeu donnant-donnant dans lesquels les produits allemands auront plus de contenu français, et réciproquement.

Oui, il existe un avenir industriel pour la France. Il doit tourner le dos au déni pour embrasser une complexité féconde pour nos usines et leurs travailleurs. C’est là une clé de notre « nouveau modèle français ».Jean-Marc Pasquet, janvier 2013

Illustration photographique CC : Mr. Dtb

Vive les « intrapreneurs-ses »!

Premier exemple, les politiques d’innovations. A juste titre, la figure de l’entrepreneur est au centre des débats. Moins celle de son cousin germain, «?l’intrapreneur?», qui transforme une idée en projet à l’intérieur d’une entreprise existante. Et pourtant, dans de nombreux secteurs, la réussite de la France repose sur le second plus que le premier, tel que celui des technologies vertes «?industrielles?», nécessitant des milliards d’investissements et la masse critique mondiale d’une grande entreprise. De même, la compétitivité du modèle industriel «?fabs, labs and advices?», repose sur la combinaison d’innovations technologiques, de procédé et de services propres aux offres des grandes entreprises. Impossibles sans intrapreneurs, ces innovations constituent la seule alternative au modèle «?fabless?» d’entreprises industrielles à la production délocalisée dans les pays à faibles coûts. C’est enfin à des intrapreneurs que l’on doit de nombreuses innovations telles que le monospace, le transistor ou les post-it.
Et pourtant, quelle reconnaissance pour l’intrapreneur?? Récompensé par son employeur s’il découvre un vaccin contre la malaria, il sera plus taxé que celui qui revend un site érotique. Et les propositions telles de recentrage du crédit-impôt recherche sur les entreprises nouvelles entraineraient l’exil d’une partie d’entre eux.

Deuxième exemple, le financement des entreprises. La situation est grave?: avant la crise, la somme des prêts aux entreprises de la zone euro augmentait de 600 milliards d’euros par an. Désormais, les nouveaux prêts ne font que compenser ceux arrivés à échéance.?Les entreprises d’Europe ont ainsi perdu 600 milliards de nouveaux financements, soit l’équivalent de l’ensemble des dépenses de R&D en Europe, privées ou publiques, ou trois fois le PIB Grec. De la même façon, les levées de capital investissement ont été divisées par 4, et les introductions en bourse par plus de trois.
Or l’affacturage, c’est-à-dire le financement des factures, qui permet aux entreprises de recevoir immédiatement les fonds d’une facture payable à terme, est l’une des seules sources de financement à croître malgré la crise, de plus de 17 % entre 2008 et 2010. Peu visible dans les débats sur le financement, il représente désormais un volume comparable aux levées de fonds du capital investissement ou aux introductions en bourses. Une entreprise en difficulté peut en bénéficier si elle dispose de clients solvables. Les TPE, soit la majorité des 3 millions d’entreprises en France, peuvent en bénéficier sans formalités excessives, alors que moins de 100.000 bénéficient des outils publics de financements des PME.

Pour accélérer l’affacturage, il ne faut pas chercher loin le client qui représente à la fois le risque ? et donc le coût de financement – le plus faible et qui pourrait proposer au plus grand volume de fournisseurs un paiement accéléré de ses factures?: c’est le secteur public. Ses achats représentant plusieurs dizaines de milliards par an, l’apport de financement aux entreprises serait significatif, même si seule une minorité des fournisseurs publics y recourraient. Contrairement à d’autres mesures d’appui au financement, proposer l’option pour le Paiement Immédiat de l’Etat?(PILE) ne coûterait rien au contribuable. Elle serait accessible simplement pour les entreprises, et relativement rapide à mettre en ?uvre, indépendamment des évolutions engagées pour faire évoluer les paiements publics, qu’elle pourrait également accompagner. Malheureusement, cette «?PILE?» est peut-être située trop loin du réverbère?

Retrouvez les chroniques de Vincent Champain sur son blog

Quelle place du politique dans un monde globalisé ?

Comment sortir des rapports de domination entre le « Nord » et le « Sud», et transformer le pillage des ressources naturelles en un outil de développement dont les fruits bénéficient réellement aux populations locales et ne sert pas seulement d’alibi à l’exploitation des terres ?

Transversale, cette problématique entrecroise les thématiques économiques, sociales et environnementales abordées ici sous l’angle de la responsabilité des entreprises transnationales.

Entreprises, Etats, citoyen-nes… Quelles responsabilités et quels outils pour construire un monde plus équitable, et moins destructeur de la planète ?

Nos modes de production et de consommation ont des conséquences lourdes dans les pays pauvres qui produisent les matières premières et les produits transformés qui viendront ensuite alimenter nos marchés. Une grande partie des émissions de carbone des pays émergents est liée à la demande des pays riches et à l’industrialisation qui en résulte. Non contents d’importer leurs matières premières, nous avons également trouvé un système efficace pour délocaliser la pollution et les salaires. Les retombées économiques existent, la croissance des pays émergents en témoigne. Mais à quel prix environnemental et social ? Et sur quels modèles de répartition des bénéfices induits par ces activités?

Au-delà de la morale, le droit


L’organisation transnationale des grandes entreprises françaises permet à celles-ci de s’appuyer sur la diversité des lois locales pour mieux se dégager des contraintes sociales ou environnementales qui pourraient peser sur leurs activités si elles étaient soumises aux lois des pays où sont implantées les sociétés-mères.

Avec des ressources leur permettant de s’assurer d’excellentes expertises légales, ces grandes entreprises savent s’appuyer sur le droit là où il leur est favorable, tout en entravant l’émergence d’une réglementation internationale dotée d’instruments de contrôle externe et d’outils de sanction.

Pourtant, cette régulation est nécessaire, d’abord pour prévenir les risques ? qu’il s’agisse de la violation des droits humains, de la destruction d’éco-systèmes ou des accidents industriels – ensuite parce qu’il faut pouvoir, le cas échéant, réparer les dégâts dus à un accident industriel, indemniser les victimes et sanctionner des violations flagrantes des droits ? ou des manquements aux mesures de sécurité.
Cette régulation s’impose aussi pour limiter les conséquences géopolitiques de la concurrence dans l’accès aux ressources ? les richesses pétroflifères et minières provoquant l’appauvrissement des populations vivant dans les zones concernées et nourrissant des foyers de guerre.

Le nécessaire retour du politique

Tandis que certaines multinationales montrent une puissance comparable voire supérieure à certains Etats, comment prévenir les risques sociaux, environnementaux, sociétaux liés aux activités économiques de ces entreprises, comment contrôler l’impact de leurs activités, et, le cas échéant, comment sanctionner les infractions aux droits fondamentaux, et assurer aux victimes des réparations qui dépassent le symbolique ?

Pour mener ce travail, la participation de toutes les parties prenantes est essentielle ? entreprises, syndicats, associations de consommateurs, ONGs, juristes… mais aussi politiques, qui doivent être en mesure d’imposer l’équité nécessaire et indispensable à la construction d’un monde moins destructeur de ses propres ressources, et plus juste pour les femmes et les hommes qui devraient pouvoir y vivre dignement.

Des efforts de la part des entreprises

Suite aux campagnes de sensibilisation menées par les ONGs, les multinationales ont pris la mesure du risque « réputationnel » qui accompagne leurs activités. La RSE (responsabilité sociale des entreprises) a parfois gagné un E pour mieux valoriser la préservation de l’environnement. Cependant ces efforts sont essentiellement basés sur l’auto-régulation, via des codes de conduite édictés et contrôlés en interne, quand il ne s’agit pas tout simplement d’opérations de pure communication, au fil de rapports dotés d’illustrations en couleur mais de peu de chiffres vérifiables et comparables d’une entreprise à l’autre.
Plus efficaces, des accords-cadres internationaux peuvent être négociés entre management et syndicats des sociétés-mères et des filiales.
Encore faut-il que la liberté syndicale puisse s’exercer dans les pays où les multinationales se sont délocalisées ? ce droit fondamental constitue un préalable indispensable à la création de contre-pouvoirs internes. Il concerne aussi directement les associations de consommateurs, qui, jusqu’ici, se sont peut-être moins emparées de la question que les confédérations syndicales, assez mobilisées. (Sur ces questions, voir le Forum citoyen pour la responsabilité sociale des entreprises http://forumcitoyenpourlarse.org/).

Ces accords-cadres s’appuient sur les textes internationaux issus de l’OCDE et de l’OIT à la fin des années 70, et retravaillés au début des années 2000. Depuis, les tentatives successives d’établissement de réels systèmes de contrôle assortis d’un arsenal de sanctions ont globalement échoué. Tout semble montrer que, depuis le milieu des années 2000, les entreprises transnationales ont pris la main sur le droit ? et sur le politique.
Est-ce une raison pour s’y résigner ?

Un chantier pour l’écologie politique

Quelles peuvent être nos propositions, au niveau national et international, pour mieux contrôler l’impact des activités des entreprises transnationales et, le cas échéant, avoir la capacité d’imposer des sanctions aux sociétés qui se rendraient coupables de violations des droits fondamentaux ?

Pistes de réflexion :

Comment interpeller les grandes entreprises françaises pour qu’elles s’impliquent plus activement dans la mise en oeuvre de bonnes pratiques ?

Comment instaurer, à l’échelle nationale et internationale, des contrôles menés par des inspections publiques (et non déléguées à des entreprises privées)?
Quels seraient, à l’échelle nationale et internationale, les outils juridiques les plus adaptés ?
Faut-il aller jusqu’à l’instauration d’un « droit d’ingérence économique » qui permettrait à l’Etat qui le souhaite de se saisir d’une violation des droits humains et/ou environnementaux pour demander des comptes à une entreprise située sur le territoire d’un autre Etat ?

La dérive de l’intelligence économique « à la française »

NI MORALE, NI ETHIQUE ?

Pour paraphraser le Ministre du Budget et porte parole du gouvernement, François Baroin, Renault a sombré dans un «amateurisme (?) de barbouzes». Mais cette opération de déstabilisation, vraie-fausse affaire d’espionnage industriel ou bien vengeance interne, n’est pas propre à l’entreprise de Carlos Ghosn: à défaut d’avoir lu «L’art de la guerre» de Sun Tzu, de grandes entreprises françaises ont bu les paroles du député UMP Bernard Carayon et du Ministre de l’Industrie Eric Besson, prônant tous deux la «guerre économique». Mal leur en a pris. Selon cette vision un peu réductrice, l’intelligence économique n’est pas simplement l’obtention d’informations stratégiques par une entreprise, afin de se prémunir d’un concurrent ou en vue de la conquête d’un nouveau marché. Non, son but final serait protectionniste et étatique: officiellement, il s’agit de sauvegarder les emplois français. Mais officieusement, l’objectif est plutôt de défendre «l’intérêt national» en écrasant impunément le reste du marché pour affaiblir les pays adverses?

« L’entreprise n’a ni morale ni éthique, seulement des objectifs et un bilan » expliquait avec justesse le philosophe André Comte-Sponville. Mais qu’en est-il au niveau de sa nouvelle mission: le rayonnement de la France sur le marché mondial ? Au nom d’un patriotisme économique qu’il n’assume qu’à demi-mots, le gouvernement français tolère -lorsqu’il n’en est pas lui-même à l’initiative- que ses fleurons industriels développent des pratiques illégales. C’est dans cette logique que Renault recrute d’anciens des services secrets (DPSD, DGSE) dans son service de sécurité et d’intelligence économique. S’ils ne sont pas des professionnels de la veille informatique (via des sources ouvertes: médias, tribunal de commerce, etc?) ou du lobbying, eux usent -et abusent- des méthodes habituellement réservées au renseignement (accès aux sources dites fermées comme les fichiers de police, effraction, écoutes). Et ce malgré qu’ils exercent désormais dans le privé et n’en ont théoriquement plus le droit.

FERMER LES YEUX

En accréditant ces James Bond des temps modernes, professionnels de l’espionnage industriel, du vol d’informations ou du trafic d’influence, le gouvernement jette l’opprobre sur toute une profession. Pire, l’Etat oublie ce qui devrait être une de ses priorités -avant même de rendre de la compétitivité à nos grandes entreprises pour soigner la réputation française: ré-industrialiser notre pays et développer le tissu des PME-PMI.

L’Etat ne se donne pas seulement bonne conscience en fermant les yeux. Outre les petites phrases de Carayon et Besson distillées ici et là, il encourage cette pratique plus agressive et in fine plus patriote: la médiatisation -quatre mois après le déroulement des faits- du piratage de 150 ordinateurs de la direction du Trésor à Bercy, est le fruit d’une opération de communication et de sensibilisation de l’Etat. La révélation de ce hacking de grande ampleur a permis à François Baroin de pointer à nouveau le retard pris par les entreprises françaises, en matière d’espionnage industriel par rapport à ses voisins asiatiques ou anglo-saxons: ««on n’est pas le pays des Bisounours, il y a des attaques d’intelligence économique contre les entreprises».»

L’Etat veut contrôler et affaiblir la mouvance dite «offensive» (veille, sécurité, influence) de l’intelligence économique pour imposer sa vision «défensive» et ainsi assurer la pérennité économique du pays, main dans la main avec ses entreprises. L’article 32 de la LOPPSI 2, qui prévoyait amendes et peines d’emprisonnement pour la «méconnaissance» (sic!) de l’activité, a été légitimement supprimé (n? 2011-625) par le Conseil Constitutionnel. Les -pas si désuets- Sages ont donc refusé d’imposer tout cadre légal et étatique à l’intelligence économique?

A défaut d’être directement placée sous tutelle du gouvernement, la profession doit cependant se structurer, se réglementer et se doter d’une charte de déontologie. Garantissant par là une intelligence économique encore «intelligente» dont les activités ?inscrites donc dans un cadre éthique- répondraient uniquement à une logique de compétition économique. Ne mélangeant pas les intérêts privés des entreprises et la raison d’Etat, l’intelligence économique et l’espionnage industriel.