Stratégies pour projets urbains durables
La plupart des projets présentés dans « Projets urbains durables » sont innovants en techniques mais se caractérisent également par une nouvelle approche de la commande plus à l’écoute du contexte social et des initiatives citoyennes. Cet ouvrage collectif, rappelle les piliers du développement durable : ancrage au territoire, gestion des eaux, économie d’énergie et approche collective des projets? à travers les points de vue de quelques spécialistes comme Jean-Michel Roux, consultant sur l’économie, le montage et la programmation de projets urbains, ou Alain Bornarel, ingénieur, assistant à la maîtrise d’ouvrage, pour qui la complexité est au c?ur du développement durable.
Ariella Masboungi, en charge de la mission « Projet urbain » auprès du directeur général de l’aménagement, a réuni sur le sujet maîtres d’?uvre et maîtres d’ouvrage autour de démarches réalisées ou en cours. Les projets sont exemplaires d’une démarche d’aménagement durable en pleins tâtonnements. Tous posent la question du site – comment s’inscrire dans l’existant et le transformer ? – de l’interdisciplinarité, des nouveaux territoires de projets à la périphérie des villes. La paysagiste Marion Talagrand fait l’éloge du « potentiel périurbain » à travers plusieurs exemples dont le projet de développement économique sud francilien du Val d’Orge : ? au sein du périurbain, l’alternance d’espaces bâtis et non bâtis, la présence dispersée de l’agriculture donnent l’opportunité d’inventer de nouvelles interrelations ? systèmes d’échanges sur le modèle de l’écologie industrielle ? entre des secteurs traditionnellement organisés et gérés de façon autonome. Françoise-Hélène Jourda, parmi les premiers architectes à avoir intégré le développement durable dans sa pratique de l’architecture, en France, défend une remise à plat du système de production des villes s’appuyant sur de nouveaux indicateurs comme la réduction des émissions carbonées, la réversibilité des projets, l’adaptation de l’espace public à l’évolution des usages.
Henri Bava, Olivier Philippe et Michel Hoessler (agence TER), militent en bons paysagistes, pour une appréhension globale des territoires incluant tout particulièrement la dimension géographique et celle du temps, ici illustrées par deux projets de planification : une étude sur le Rhin où sont anticipés les risques d’inondations, intégrés au projet, et l’étude pour le développement urbain du Grand Toulouse plaçant la Garonne au c?ur de l’articulation ville?nature. L’eau, sous toutes ses formes, est un vecteur essentiel de projet durable.
Michel Destot, maire de Grenoble, présente le projet (quasi terminé) de la ZAC de Bonne où avec les opérateurs publics et privés, les architectes et la paysagiste chargés de l’opération, il a fallu inventer de nouvelles façons de travailler et de nouveaux processus de financement. Au delà de quartiers exemplaires comme cette ZAC, il semble urgent d’étendre la notion de développement durable à la cité dans son ensemble (l’écocité) en travaillant sur plusieurs entrées : l’énergie, les espaces publics, les déplacements et l’économie.
Ecoquartiers en France : Grenoble, quartier de… par Ecoquartiers
Jean-Luc Poidevin, promoteur immobilier chez Nexity, déveoppe ses projets en privilégiant le lien transports ? logements ? équipements ; concernant les coûts de construction le groupe Nexity réfléchit à des processus économiques qui faciliteraient le montage des opérations.
Bernardo Secchi (urbaniste, architecte, professeur à la faculté d’architecture de Venise?) insiste sur une approche sociale du développement durable en citant l’exemple de la consultation pour le Grand-Paris, à laquelle il participait, où une cartographie des zones riches et des zones pauvres a révélé que ces dernières étaient généralement difficile à arpenter à pied. Au terme d’urbanisme Secchi préfère «architecture de la ville », concept plus riche pour le développement d’une pensée du cadre de vie.
Daniel Delaveau, maire de Rennes, témoigne de sa ville : « archipel » où la campagne a été très tôt associée au développement de la ville et où les transports s’appuient sur une vision globale du territoire, tout cela grâce à l’élaboration d’un schémas de cohérence territoriale (SCOT). Au delà de ce cadre intercommunal, Rennes réfléchit maintenant à d’autres échelles de développement avec Nantes, Saint-Nazaire et Saint-Malo.
Citons aussi les contributions de l’architecte David Mangin, du paysagiste Michel Desvigne (grand prix national d’urbanisme 2011) et de Sacha Veltz pour le plateau de Saclay, de Thierry Laverne sur le mariage ville et agriculture qu’il teste en tant qu’élu local et paysagiste sur le Triangle Vert, territoire maraîcher préservé près de Paris.
Thierry Madec propose en fin d’ouvrage un « Petit glossaire critique en mode doux » mêlant termes techniques, concepts et réglementation? utiles rappels.