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SimCity 5 : prévoir l’avenir des territoires ?

Cercle les echosSimcity est né en 1989 de l’imagination de Will Wright : lassé de créer des décors de villes pour d’autres jeux, il en fait le thème central de quatre versions successives au design soigné. Le joueur est appelé à créer des zones résidentielles, d’activités, pour les relier ensemble par des infrastructures de transports, d’énergies et de fluides tout en faisant face à leurs propres contraintes d’éducation, de santé, de pollution, de gestion des déchets, etc.

Le joueur est ainsi appelé à faire de vrais choix de politiques publiques pour développer sa cité, opérés sous contraintes budgétaires puisqu’un tableau de bord à ce niveau limite les capacités d’emprunt et reflète les conséquences des choix fiscaux. C’est là une originalité de ce simulateur : il place le joueur dans un horizon de contraintes qu’il convient d’optimiser. In fine, chaque « décideur » est amené à profiler son univers selon des orientations qui peuvent privilégier la cité « high-tech », « touristique » ou « industrielle », soumis aux coûts de ses investissements, contraint d’optimiser ses ressources pour y faire face durablement.

GOUVERNER, C’EST CHOISIR

Que la paupérisation et la faible activité s’installent et les problèmes de criminalité se répercutent sur l’attractivité résidentielle. Que le tout industriel polluant prévale et ce sont les Sim’s qui se font la malle pour s’installer dans d’autres villes mieux dotées sur le plan scolaire, la qualité des hôpitaux ou celle des espaces publics.

Si le jeu est inspiré largement de la ville américaine, consommatrice en infrastructures et en déplacements, le « joueur-gouverneur » peut opter en faveur de solutions « vertes » du point de vue énergétique ou du traitement des ordures ménagères. Il peut mettre en réseau des systèmes productifs entre eux, connecter des villes avec des exploitations agricoles, en récolter les fruits sous la forme de la création de marchés, bénéfiques pour la santé de ses habitants.

La version 5 à venir s’annonce plus interactive. Les joueurs mis en réseaux pourront s’affronter en privilégiant un objectif de croissance ou plutôt choisir un modèle coopératif entre eux pour lutter contre le chômage par exemple. Dans un environnement plus rudimentaire, l’ADEME avait développé une version plus « écolo » de cette plate-forme.

Ici, un aspect de la gestion de l’eau dans SimCity 5.

Ces initiatives ludiques connaissent un réel succès, répondant probablement en partie à une espérance déçue d’apprentis élus ou gestionnaires locaux. Ces derniers sont en effet en difficulté pour trouver des solutions du type « système d’information géographique » (SIG) modélisant les interactions complexes entre données. L’INSEE produit des données territoriales souvent anciennes et ne répondant pas toujours aux périmètres des politiques menées : celui des intercommunalités. Les recensements généraux ont été abandonnés, des problèmes juridiques existent sur l’accessibilité des données collectées.

Des modèles pourraient aider à la décision ou à la vision stratégique sur d’autres thématiques que financières ou des « niches » habituellement occupées. Par exemple, des logiciels d’analyse de la « carte de la délinquance », alimentés par les dépôts de plaintes recensés, sont développés localement avec des modules « prévisionnels ». On est cependant encore très loin de solutions globales, intégrant une large variété de données et permettant de mieux rationaliser certains choix d’aménagement par exemple ou d’orienter des dispositifs politiques.

Conseils (gratos) de com’ pour EELV

LES HANDICAPS DE LA COM POLITIQUE

Elle continue de miser tout sur le push.Ce qui compte pour elle c’est de faire passer le message. Le push, ce sont les médias de diffusion, la TV, la radio, la presse, mais aussi l’édition : les tracts, les brochures, les journaux militants. Ce sont enfin les médias sociaux et l’internet ultilisés massivement pour tenter de convaincre : mailing lists, tweets…Avec le résultat qu’on voit. Dans le sondage Ipos-LePoint de décembre 20012, seuls Valls (62%) et Juppé (52%) montrent une côte de confiance supérieure à 50%. Hollande et Ayrault plongent avec une côte de défiance de 60 et 58%. Bref, ça ne marche pas. Mais on continue, parce que c’est la seule méthode qu’on connaît. EELV ne procède pas très différemment.

La communication politique reste incroyablement nombriliste. L’étude des réseaux sociaux faite par Politicosphère montre un détail que les auteurs ne relèvent pas : la plupart des liens sont sortants, et ils ne connectent que des entités qui font déjà partie du réseau très proche. On ne communique qu’avec les siens. Nous appelons cela un écosystème fermé. Ca en dit long sur ce qu’on nomme : la classe politique, un monde à part, déconnecté de la société, replié sur lui-même. Ce n’est pas très surprenant pour les partis traditionnels. Pour EELV, si. Ca ne devrait pas être ainsi.

La communication politique se joue sur des oppositions vides de sens. Chacun est d’un côté du filet, on se renvoie les balles. Affrontement droite/gauche, ce n’est pas une affaire de contenus politiques, c’est une affaire de camp, les bleus contre les rouges fraise. On est pour ou contre en fonction des positions du camp d’en face, parce qu’il faut renvoyer la balle. Depuis des décennies on s’envoie à la tête les mêmes anathèmes, il n’y a plus de débat sur rien, on refait toujours le même match, à vide. EELV est pris dans ce jeu imbécile qui ne permet pas de faire avancer ni les questions d’énergie, ni les questions de transports ou d’agriculture, ni aucune autre. Un jeu dans lequel les positions sont pré-établies et les acteurs n’ont plus qu’à entrer dedans.

ALORS QUOI FAIRE ?

D’abord un constat. Vu du côté d’EELV, l’enjeu n’est pas tellement de gagner les élections, même si c’est mieux que de les perdre. Depuis le sommet de Rio+20 on a bien compris que la transition écologique ne viendra pas des politiques. Il y joueront un rôle, ils suivront, au mieux ils accompagneront, pas plus. Il s’agit d’insuffler la transformation directement dans la société, pour qu’elle la prenne en charge, qu’elle la mette en oeuvre, qu’elle fasse pressions sur ses responsables pour qu’ils prennent les bonnes décisions. En matière de communication politique, ça change tout. Trois orientations stratégiques.

Un positionnement dynamique. Depuis René Dumont, le message sur les dangers écologique est passé, on a compris. Le débat porte aujourd’hui sur la question : « et maintenant on fait quoi? » La réponse des partis traditionnels est toujours : votez pour nous et laissez nous faire. La réponse d’EELV doit être : « Allons-y, avec ou sans eux, on le fait ». « Un positionnement dynamique », cela veut dire mettre l’accent sur ce qui se fait et sur ce qu’il est possible de faire, pas pour chanter « cocorico », mais pour que d’autres à leur tour fassent. Mettre en avant ce discours là, et donc en arrière le discours traditionnel de dénonciation. Corriger l’image d’écolos qui ne sont bons qu’à s’opposer à tout. C’est un premier axe stratégique majeur

Faire réseau. EELV n’est qu’un des éléments de la galaxie écolo, et autour il y a aussi le grand public qui en attend quelque chose. Or EELV communique comme les autres partis, d’abord vers elle-même et puis vers la presse. Ca ne suffit pas. Les adhérents sont déjà convaincus et la presse s’en fout, elle passe les messages au mixeur de la politique politicienne. Parce que l’essentiel de l’énergie d’EELV est consommée en activité internes, les coopérateurs peinent à trouver leur place, ils ne sont pas venus pour ça. Et les partenaires encore bien plus, ils se méfient des « politiques ». Il faut instaurer de nouvelles relations avec eux, plus équitables. Le deuxième axe majeur de la communication d’EELV devrait être une sorte de community management du réseau. Dit autrement, cela signifie animer la vie de l’écosystème.

Sortir de la culture du push, entrer dans l’interactivité. EELV n’est pas « l’avant-garde de la classe ouvrière », mais un « soleil » dans la galaxie écolo, un centre qui rayonne, qui crée des connexions, échange, produit, reçoit, diffuse, transforme. Un parmi d’autres. EELV n’a pas « raison ». Elle n’a pas de « bonne parole » à répandre, elle a autant à exprimer qu’à écouter. Pour l’instant, autour de l’écosystème fermé EELV, il n’a y a pas d’écosystème ouvert permettant de connecter avec le reste du réseau. Ou du moins : trop peu. Il faut ouvrir tous les systèmes de communication d’EELV ou en ouvrir de nouveau dans lesquels EELV ne soit qu’un acteur parmi d’autres. Partagés. En interaction.

Appel pour un média écolo

« Mariage », « fusion », les médias ne savent pas trop quoi dire.

Ils sont déçus. On leur avait promis un nouveau nom, quelque chose de fun, et voilà qu’on sort un newFillon, le nouveau parti s’appelle comme l’ancien : Europe Ecologie.

Que s’est-il donc passé à Lyon le 13 novembre 2010 ? Pas grand chose dans les
journaux sur le parti-réseau, sur les maisons de l’écologie, rien sur les
contenus politiques et les débats des tables rondes. On peut presque tout savoir
en lisant les blogs, les sites et les médias internes au monde écolo. Mais
voilà, un média c’est surtout fait pour parler à l’extérieur, pas pour discuter
entre soi.

Il n’y a pas de média permettant de porter le thème de l’écologie dans le grand
public. De vrai média. Généraliste. Avec de l’info inédite, de l’analyse, du
décryptage, du débat. Toutes les grandes idées ont avancé portées par des médias
: la révolution française, le socialisme, le libéralisme, le mouvement de Mai
68, ou le féminisme. Pas l’écologie. Aujourd’ui un tel média ne peut naître que
sur internet, parce que c’est plurimédia et parce que ça ne coûte presque rien à
éditer et à diffuser. Un tel média doit être appuyé sur les réseaux écolos, mais
pas affilié à une stucture politique, il doit rester un contrepouvoir
indépendant, qui ouvre les thèmes de l’écologie à tout le monde, y compris à ses
adversaires.

Pourtant il y a tout ce qu’il faut

Des réseaux sociaux permettant de bâtir un média social (les geeks
comprendront). La « nébuleuse écolo » est capable de produire une quantité
formidable d’informations locales et globales inédites permettant de nourrir un
média pourvu qu’elle soit mise en réseau.

Des structures et des compétences. Des gens capables de monter et d’animer des
sites ou des plateformes internet.

Chance extraordinaire : un modèle économique possible. La plupart des plateformes d’information participative sont vouées à l’échec, soit parce qu’elles n’offrent pas de contenu de qualité (Le Post) soit parce qu’elles ne trouvent pas de
modèle économique qui leur permette de durer. Avec l’écologie c’est jouable.
Parce qu’il y a tout un secteur économique en émergence qui a besoin de se faire
connaître et qui peut soutenir un tel projet. Parce que le monde de l’écologie
est sans doute prêt à soutenir un tel projet.

Alors qu’est-ce qui manque ?

La volonté des acteurs de se réunir autour d’un projet commun, de se mettre en
réseau : associations écolos, groupes locaux, ecologeeks, producteurs
d’informations

L’élaboration d’un projet édorial + un plan de développement

La mise en place d’une organisation journalistique pour garantir la qualité et
la fiabilité des informations, et pour cocher les journalistes non
professionnels, partager les savoir-faire.

Une presse libre est-elle possible?

La presse populaire de masse est née au milieu du XIXè

Elle s’est appuyée sur la révolution industrielle pour s’affranchir du pouvoir politique qui l’avait maintenue sous tutelle pendant des siècles. A l’époque, elle a trouvé son autonomie grâce à un modèle économique fondé sur les prix bas (rendus possibles par la réduction des coûts de fabrication) et l’ouverture à la publicité. La presse gagne de l’argent. Elle est prospère. Elle participe du libéralisme qui est alors un mouvement d’émancipation général.

Aujourd’hui le pouvoir dominant n’est plus politique mais économique

Les médias se trouvent pris au piège. D’une part, ils dépendent de recettes publicitaires qui se font rares. De l’autre, ils appartiennent à de grands groupes industriels venus d’autres secteurs économiques. En déclin, les entreprises de presse sont maintenues en survie artificielle par des aides de l’Etat et par le renflouement incessant de leurs actionnaires.

Les journalistes eux-mêmes vivent dans des situations professionnelles de plus en plus précaires. Pigistes ou correspondants, ils sont payés à la tâche, à la commande, obligés de satisfaire le ‘client’, sous peine de ne pas être reconduits. Même quand ils le souhaitent, ils n’arrivent plus à exercer leur métier normalement, pris par le temps, la course au scoop, au buzz, l’invasion du people.

Il n’y a pas de presse indépendante sans indépendance économique

Les médias les plus prospères, ceux qui ont la plus forte audience, sont aussi ceux dont le contenu est le plus insignifiant. De l’autre côté, les médias à forte valeur ajoutée, restent confidentiels voire élitistes. La presse « populaire » est de plus en plus vide d’information.

Le désintérêt de la chose publique qui en résulte menace directement la démocratie. Si le politique n’a pas à dicter au journalisme la manière d’exercer, il doit en revanche créer les condition pour que cet exercice soit possible. ( A moins qu’il croit qu’il suffit de laisser faire le marché).

Quelques propositions

Pour éviter les collusions d’intérêt encombrantes entre des entreprises de presse et des médias dont elles seraient actionnaires : créer des fondations de presse pour financer les médias. Les entreprises pourraient y verser des fonds sans devenir directement actionnaires.

Parce qu’un média d’information n’est pas une entreprise comme un autre, encourager la création de SCIC (Sociétés Coopératies d’Intérêt Collectif) de presse. Au Conseil d’administration siègent les financeurs, les salariés et les utilisateurs. Statutairement l’indépendance du média est garantie, tant qu’il poursuit un but « d’intérêt collectif ».

Pour en finir avec le formatage des journalistes qui sortent des mêmes écoles et des mêmes milieux sociaux, développer des filières d’apprentissage permettant à des jeunes de tous milieux d’accéder aux professions du journalisme et d’y défendre une vision du monde plus diverse.

Une nouvelle gouvernance pour l’audiovisuel public ?

Deux amuseurs publics Stéphane Guillon et Didier Porte ont été virés de France Inter par la nouvelle direction nommée par le même président. Quoi qui ait motivé, la décision etc…

Selon Dominique Berretta du Point, le président va jusqu’à transmettre le liste noire des animateurs qu’il ne veut plus voir : Laurenrt Ruquier, Patrick Sébastien, Eric Zemmour, Guilllaume Durand. La situation n’est pas nouvelle. La désignation en 2005 de Patrick de Carolis par le CSA avait déjà fait grincer des dents. Et ceux qu’il veut voir : Les frères Bogdanoff, Patrick Sabatier, Didier Barbelivien. N’est-il pas le biographe officiel de Madame Bernadette ? Pas nouvelle mais pire. Selon Nicolas Sarkozy l’indépendance d’avant étati une « hypocrisie ». On a remplacé l’hypocrisie par le cynisme.

1 Aujourd’hui le lien entre les directions des médias publics et le pouvoir est direct. Le CSA ne joue même plus le rôle d’entremetteuse. Il est d’ailleurs devenu une structure obsolète autant qu’aberrante puisqu’il est à la fois l’arbitre des médias, et le responsables d’un camp : celui des TV publiques contre les TV privées.

2 Le pouvoir du président de France Télévisions n’a jamais été aussi fort. La grande réforme lancée par Carolis en juillet 2007 organise la fusion progressive de toutes les chaînes dans une seule entité à l’horizon 2012. Le pdg du groupe sera alors seul maître à bord. Les directions de chaînes seront réduits à l’état de chefs de bureau.

3 La suppression même partielle de la publicité entraîne une dépendance financière très forte avec le Parlement. Sans une rallonge budgétaire de l’Etat, la télévision publique serait en faillite (458 millions cette année). Or le sous financement de la télévision publique française est patent. Par comparaison le budget de France Télévisions est de 2,7 Mds euros quand celui de la BBC est de 6,2 Mds euros. La redevance française (seule ressource propre garantie) est de 116 euros contre 118 au Royaume Uni.

L’avenir de la TV publique s’annonce inquiétant. Les menaces budgétaires, la mainmise du politique, les grandes restructurations en cours avec renégociation des statuts ne peuvent qu’entraîner une forte inquiétude chez les personnels qui ne sont pas en situation de pouvoir défendre leur indépendance. Or le service public de l’information doit être garanti, d’autant plus dans une période où la presse est malade. Outre les questions de ressources, d’organisation interne, de définition des missions, il est urgent de réformer la gouvernance de France Télévisions pour que le groupe devienne enfin maître de son destin et fonctionne comme un service public des médias.

Le site de Pierre Gandonnière