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La femme est l’avenir du sport

 

Sous les critiques

L’accès des femmes aux pratiques physiques et sportives est récent.

Il est lié à la conquête de nouveaux droits civils, politiques, et au dépassement des préjugés coriaces sur la féminité. Si les femmes représentent 52% de la population, elles ne représentent que 35% des licenciés des fédérations sportives

En 2004, un rapport du ministère de la Jeunesse,des Sports et de la Vie Associative a mis en évidence les difficultés auxquelles sont confrontées les femmes pour accéder aux pratiques sportives.

  • Il souligne que l’histoire du sport est fortement marquée par la tradition militaire;
  • il met en évidence que le sport est structurellement construit sur des organisations et des pratiques masculines alors que les causes des différences dans l’engagement féminin ou masculin des filles et des garçons dans les activités sportives sont souvent à rechercher dans des déterminants biologiques;
  • de nombreux sports se sont construits autour des concepts de défi et d’affrontement physique .

15 ans plus tard, le ministère des sports met en lumière des constats similaires : les femmes ont 2 fois moins accès que les hommes à la pratique sportive dans certains territoires.

 Jeunes filles à l’écart dés l’école primaire

Pourtant, le sport scolaire et associatif peut représenter un espace de liberté pour les filles et les femmes, pour les garçons et les hommes à tous les âges, une voie de réussite et d’émancipation et un moyen de résistance aux contraintes sociales et culturelles .

Le sport peut permettre aux filles et aux garçons d’accepter l’idée d’être égaux dans le respect des différences des corps

A ce titre, il joue un rôle important dans la prévention des violences sexistes.

Le développement actuel de freins culturels d’ordre communautaire ou religieux dans les « quartiers sensibles » doit interroger sur l’exclusion des filles du monde du sport dans certaines parties du territoire.

Des recommandations du rapport femmes et sports doivent être soulignées, d’autres méritent d’être prolongées. Une remise à plat des dogmes qui alimentent les politiques locales s’impose également.

La pratique sportive doit se faire le plus longtemps et le plus souvent possible dans la mixité. L’entrainement du soir, le cours d’éducation physique, sont des éléments qui permettent une pratique mixte dès le plus jeune age. On peut considérer que le sport associatif est le vecteur privilégié de pratique pendant l’enfance et l’adolescence. C’est un investissement d’un bon retour tout au long de la vie.

Des pistes pour la pratique des femmes adultes

Actuellement l’offre sportive du secteur associatif est étroitement liée à la présence des installations existantes : stades d’athlétisme, terrains herbeux, gymnases… Ces installations sont très coûteuses à la construction et à l’entretien, peu économes en fluides notamment (électricité…) et sous utilisées. Les femmes en profitent globalement peu car elles ne sont pas adaptées à leurs besoins et à leurs rythmes de vie.

Qui a donc décidé de ces orientations ?

Qui conseille les élus ?

Un constat s’impose: il y a sous représentation des femmes dans les instances de prise de décision.

L’orientation est clairement celle d’installations destinées à des pratiques compétitives (les présidents de clubs sont souvent des notables très écoutés et des relais d’opinion) alors que les femmes pratiquent la plupart du temps hors compétition.

L’activité physique des femmes adultes est motivée par des préoccupations de santé, de bien être, d’esthétique. Les principaux motifs qui limitent la pratique sont : « le manque de temps », le fait d’avoir d’autres activités qui entrent en concurrence, et « le manque d’envie ». D’autres freins à la pratique sont le prix des activités (30%) et les contraintes familiales.

Lorsqu’on les interroge les femmes voudraient pratiquer en priorité la gymnastique (12 %), la danse (8 %) et la natation (7 %). Ces disciplines se pratiquent pour la plupart individuellement et renvoient le plus souvent à des sports d »expression corporelle, l’esthétique et l’entretien du corps occupent une place importante.

Lorsqu’on y regarde de plus près, les modes d’engagement corporel des femmes traduisent la façon dont elles investissent le monde. Leurs attentes sont conformes aux représentations permises par notre société.

Lorsque les femmes pratiquent, elle le font souvent hors du secteur associatif, seules ou en famille et ne souhaitent pas faire de compétition. Ce sport que les fédérations tendent structurellement à favoriser…

 

Les femmes de plus de 60 ans

De multiples études démontrent l’impact de l’exercice physique dans le vieillissement corporel et le maintien des capacités cognitives.

L’activité physique retarde la dépendance et assure une plus grande longévité. Elle est donc très rentable pour les comptes de la nation. Mais elle doit intervenir bien avant l’arrivé en maison de retraite.

Il faut solliciter les femmes avant la fin de leur vie active et leur proposer un choix d’activités physiques . C’est dans cette période charnière que se joue le vieillissement à venir. Le coût de l’accès à des activités physique est négligeable par rapport à l’économie de dépenses de santé à terme. La mise en place d’un système de « chèque-sport » permettrait par exemple à chacune de découvrir des activités physiques dans le cadre d’associations. Le niveau d’activité physique des femmes est un révélateur du fonctionnement de notre société.

Elles pratiquent moins que les hommes, des activités autorisées par nos représentations du corps, et s’interrompent fréquemment pour des raisons financières ou familiales.

Elles permettent en outre d’améliorer bien-être et longévité : il s’agit d’un enjeu essentiel de santé publique.
Quelques pistes pour un contrat sportif, sanitaire et sociétal renouvelé.

Se réapproprier une partie de l’offre sportive

La gymnastique d’entretien, la danse, la natation lorsqu’elle est pratiquée sous forme d’aqua-gym sont des activités plébiscitées par les femmes. Mais « elles coutent cher » et ne sont pas accessibles à toutes.

L’Etat et les collectivités subventionnent actuellement les fédérations et les structures du sport de compétition. Ces subventions nous permettent d’entendre parfois la Marseillaise résonner lors des compétitions internationales et de montrer ainsi la force de notre communauté.

Cette politique repose également sur un double dogme :

  • celui qui induit que le « sport de masse » en favorisant le « sport d’élite ». Cette approche fondée sur les théories pyramidales les pousse à favoriser la production de champions;
  • les « sports de base » qu’il conviendrait de maîtriser au cours de sa scolarité en facilitant les chances d’accéder à d’autres pratiques : cette hypothèse n’a jamais pu être vérifiée.

Confrontées à leurs limites, les politiques sportives impulsées par les pouvoirs publics peuvent dépasser cette tendance régressive à la privatisation de l’espace sportif, peu satisfaisante en termes de résultats politiques (santé, pratiques, économie des ressources…). Etat, collectivités et associations doivent soutenir davantage l’offre destinée aux femmes en passant par les associations sous condition d’emploi d’animateurs diplômés.

L’offre sportive destinée aux femmes ne doit pas être uniquement une offre centrée sur les infrastructures

Le sport souffre d’un très grand paradoxe : une grande partie des besoins n’est pas satisfaite mais l’Etat continue de subventionner des facultés des sports productrices de chômeurs possédant un haut niveau de qualification.

Avec plus de 2 milliards d’euros par an, l’effort des collectivités dans le domaine sportif est en décalage avec les pratiques de la population. C’est encore plus vrai pour ce qui concerne les femmes.

Ne serait il pas possible de faire glisser des enveloppes destinées à la construction d’infrastructures couteuse vers l’emploi de personnels qualifiés?

En sport comme dans beaucoup de domaines, l’humain est le premier paramètre, celui qui agit sur les corps avec son savoir. Il ne faut pas imaginer un seul instant que la présence d’installations sportives a un effet magique sur la santé et les besoins sportifs de la population.

 

Propositions

  1. Développer la mixité dans l’encadrement sportif… La possibilité de former les jeunes filles des « quartiers » est une solution très intéressante pour faciliter le contact avec les jeunes. Il ne s’agit pas d’attribuer de façon systématique des encadrants filles à des groupes de filles mais d’assurer à certains moments des relais féminins pour faciliter l’accession aux pratiques. A cette fin, les jeunes filles motivées du club doivent être encouragées à passer les brevets fédéraux. Les municipalités doivent ainsi s’attacher à une mixité dans le recrutement de leurs animateurs municipaux
  2. Féminiser les cadres de direction. Selon l’étude réalisée en 2003, les femmes accèdent rarement aux responsabilités politiques : 5% des présidents de comités régionaux, départementaux et de fédérations, 13,7 % des membres de bureau, 3,5 % des présidents de fédérations, 3 % des directeurs techniques nationaux. La division sexuée mérite d’être soulignée: les hommes sont davantage présents aux plus hautes fonctions et les femmes aux postes d’adjointes ! Quant au secteur technique, il est exclusivement masculin : l’animation (11% de conseillères techniques et sportives) , l’entraînement (9 % d’entraîneurs nationaux, 15% de femmes parmi les détenteurs de Brevets d’Etat du deuxième degré). Si les femmes sont de bons adjoints, on peut raisonnablement imaginer qu’elles pourraient occuper de plus hautes fonctions. L’état et les collectivités devraient alors s’attacher à moduler une partie de ses subventions aux fédérations sur des critères de parité relative aux postes décisionnaires.
  3. Améliorer la formation des éducateurs. La politique de la valorisation des « grands frères » déployée dans certaines collectivités a montré ses limites : ceux-ci n’étaient pas toujours bien intentionnés avec les « petites soeurs ». Et ils sont encore plus rarement bien formés.Quelles alternatives ? Pour accroître la dimension qualitative du lien sportif, il serait pertinent d’intégrer des contenus mettant en évidence les enjeux de la mixité dans les formations initiales et continues des éducateurs sportifs.
  4. Développer le partenariat entre les professeurs d’éducation physique et le milieu associatif. Les professeurs d’éducation physique sont identifiés par les famille comme des membres à part entière de la communauté éducative. Ils représentent un cadre sécurisé. Leur savoir faire en matière d’intégration à fait l’objet de multiples études. Ils font pratiquer les filles autant que les garçons, quoi qu’on en dise même dans les ZEP, et peuvent le partager avec des membres d’association dans le cadre de partenariats…

 

 

 

 

 

Personnes SDF : dépasser l’urgence

L’URGENCE C’EST LE COURT TERME

Je suis travailleur social, depuis septembre 2008 pour une grande association d’insertion dans un centre d’hébergement d’urgence qui a réouvert dans le 10ème arrondissement, après une complète rénovation qui a été engendrée grâce à la loi 2002- 2 évoquée plus loin. Ce centre etait un dortoir insalubre, il a été transformé en un havre de repos pour des personnes qui sorte de la rue. C’est un centre de stabilisation qui porte le projet de réinsérer les personnes par la culture, l’art et la citoyenneté. C’est un piste sérieuse pour répondre à l’exclusion sociale des personnes.

J’ai auparavant oeuvré pendant 3 ans dans une équipe de maraude d’intervention sociale, pour cette même association, dans le nord est de paris ( 9,10,18 et 19 ème arrdts). Maraude financée par la mairie de paris et les arrondissements dans lesquels nous intervenons. Antérieurement, je fus bénévole aux Restos du Coeur depuis l’an 2000. Cela fait plus de 10 ans que je côtoie le public exclu, avec plus ou moins de recul. Je suis travailleur social de fait, embauché grâce à mon expérience, et par ma vision décalé par rapport au travail social, étant urbaniste de formation.

A PARIS ET EN ILE-DE-FRANCE

En fait, en premier lieu, il faudrait que tout le monde ; les politiques, les médias, les citoyens se mettent à essayer de comprendre les failles du public et les raisons qui font qu’il y a autant de SDF à Paris. Parler « d’urgence » pour les SDF n’est pas approprié, l’urgence c’est le court terme, c’est le fait de palier aux insuffisances pour aider à la survie et pour faire une comparaison facile, ce n’est pas avec les urgences simples que l’on traite les graves maladies, mais c’est le premier accès avant le traitement de fond. Sauf qu’en la matière, on ne traite presque jamais du fond, faute de moyens financiers et surtout faute de temps pour les intervenants.

Réapprendre à gérer un logement prend du temps et dépend de l’état initial de la personne, il faut avant qu’elle apprenne à s’apprécier d’abord et reprenne confiance en elle. Quant on parle de « cassés » en parlant des personnes qui vivent depuis longtemps à la rue, ce qui est véridique, on peut comprendre que ce n’est pas qu’avec un logement en bonne et due forme qu’on va résoudre tous ses problèmes.

La seule urgence véritable est ce qu’on appelle le « primo-arrivant à la rue », celui qui n’est pas encore atteint profondément par les différents maux que génèrent celle-ci. Encore faut il que les services sociaux répondent présents ! Et puis , vivre à la rue entraine un effet que je qualifierai « d’Indiana Jones», je survis à la rue, aux épreuves qu’elle impose, donc je pourrai survivre à tout, malgré tout. C’est aussi un conditionnement dans un instinct de survie.

Déjà, il faut savoir qu’il y a une forte densité de structures d’accueil dans la capitale, de prise en compte des publics en errance à Paris. Densité incomparable lorsqu’on franchit le périph’, il n’y a guère qu’à Créteil ou Nanterre, où on peut constater un tissu associatif destiné au public en errance, et en état d’exclusion. Par exemple, dans le 10ème, il y a 7 « accueils de jour » qui informent, orientent et tentent de régler les situations, 3 sont spécialisés vers certains publics ( tox/ jeunes/migrants) les autres sont généralistes. Tous sont fermés le week-end et à partir de 18h00. ( il est de toute façon difficile d’aider ces personnes dans ces périodes là , les administrations, services sociaux etc? étant fermés). En dehors de ces moments, interviennent les équipes bénévoles, de soupes populaires, et les « urgences » et Samu social ( cf plus bas).

Néanmoins, le tissu parisien même s’il est dense est totalement engorgé par les demandes. Par ailleurs, il est assis sur les systèmes de solidarités confessionnelles, même si certaines se sont laïcisées.

MANQUE DE PERENNITE DES DISPOSITIFS

Le problème du secteur, c’est le manque de pérennité des mesures, des structures et du personnel. Empiriquement, cela s’explique, assez naturellement, par le fait que chaque ministre ( ou adjoint en mairie) du social, chaque président veut « régler le problème », et chamboule le système. Et comme le ministre des affaires sociales, et/ou du logement, et/ou de la solidarité et/ou de la sante change(nt) tous les ans ? Aujourd’hui, la priorité c’est le logement d’abord, ce qui est assez décalé par rapport à la situation réelle des personnes à la rue.
D’autre part, il y a un fort lien entre l’exclusion sociale et la réduction du nombre de place en santé mentale. L’errance est la condition de vie de beaucoup de schizophrènes, paranoïaques. Des problématiques personnelles qui trouvaient un terrain propice de développement dans l’instinct d’ « Indiana Jones » évoqué plus haut.

Législativement, le secteur de l’exclusion est encadré par deux lois loi 2002-2 et celle qui a instauré le RSA. La première a généré une transformation radicale et bénéfique du secteur. Même si les effets se font ressentir que maintenant, elle permet d’humaniser les structures d’hébergement, de responsabiliser un peu plus les intervenants, de donner un place plus significatives aux publics accueillis dans les différents services sociaux. Elle permet aussi de redonner une place sociétale aux personnes en difficulté via un système de représentation à l’intérieur des structures. La seconde a réduit la logique de seuil qui rendait absurde le système d’insertion.

Dernièrement, à Paris, et en Ile de France, en lien avec une loi dite 2002-2 (LOI no 2002-2 du 2 janvier 2002 rénovant l’action sociale et médico-sociale), et aussi avec le mouvement du Canal qui s’est produit en 2004, nous assistons à un nouveau chamboulement, qui s’il promet des lendemains meilleurs ne va rien régler du tout. Le nouveau mot magique s’appelle « SIAO » : système intégré d’accueil et d’orientation.

C’est un outil informatique et pratique qui vise à mettre en commun toutes les places d’hébergements en stabilisation (stabilisation qui est le contraire des centres d’urgence : type Nanterre, Mie de pain etc?). Idée qui apparait noble mais qui induira un fichage de tous les publics aujourd’hui dans les structures, pour la plupart gérées par des associations. Ces associations vont être soumises, et n’auront plus leur libre arbitre pour appliquer leur politique d’accueil (notamment inconditionnel). Fichage ne signifie pas garantie d’obtention du droit.

En lien avec ce SIAO ; les hommes du ministère ou de la préfecture ont concocté un questionnaire que les travailleurs sociaux devront faire remplir à tous les SDF qui voudraient avoir un hébergement : 15 pages de questions sur l’identité, le passé et les objectifs des personnes qui ne sont vraiment pas forcement en état d’en avoir un. Des personnes qui sont fatiguées, par un stress, un manque de sommeil, le système D, et tout simplement par la vie dehors qui est épuisante.

115 DEFICIENT

Ce SIAO est une sorte de 115 pour les hébergements de transition entre l’urgence et le logement « normal ». Le problème du 115, c’est qu’il n’est déjà pas efficace. Car le système d’urgence souffre d’une absence totale de contrôle. Sans compter une maltraitance de son personnel, (cf grève de 2010), il maltraite le public en demande : des interrogatoires d’une demi heure , après au minimum une heure d’attente sans juger des évaluations sociales que les travailleurs sociaux peuvent faire, pour souvent avoir à la fin une fin de non recevoir.

Les sdf n’appellent pas le 115, parce que le 115 ne s’arrête pas sur les groupes de plus de 2 personnes, parce qu’il recale les personnes qui parle mal le français, celles qui ne sont pas à Paris depuis plus de 3 mois (dehors). Les SDF n’appellent pas le 115 parce qu’ils connaissent les solutions : la boulangerie, une ancienne caserne transformée en centre d’urgence, le Chapsa (Nanterre), la mie de pain, Yves Garel ? même type de centre vieillot, où il est dangereux de dormir, où il est impossible d’avoir une intimité et surtout où les personnels sont des veilleurs de nuit et non des éducateurs ou assistants sociaux qui sont les postes les plus communs dans le secteur social. Des travailleurs pas adaptés au public très cassé donc.

Et pourtant, les politiques ont une influence possible sur ce Samu Social, notamment en termes de gouvernance et de financement. Et même si les centres cités ci-dessous sont pour certains en train d’être « humanisés », comme c’est le cas pour Yves Garel et la Mie de Pain, ces dortoirs ne permettent que trop rarement de retrouver une estime de soi, élément préalable à toute reconstruction sociale.

SE POSER, SE REPOSER, REPRENDRE CONFIANCE

Ce qu’il faut développer, c’est des lieux où les personnes en grande souffrance puisse « se poser, se reposer, reprendre confiance », comme le disait l’Abbé Pierre dans son appel en 1954. L’endroit où je travaille aujourd’hui est absolument ce qu’il faut développer. Les moyens ont été mis, tant en personnel qu’en possibilités pour créer de l’interaction avec l’extérieur. Ce qui peut développer le sentiment d’insertion, d’être dans la société à part entière.

La domiciliation est aussi un véritable casse-tête. Pour pouvoir demander ses droits, un SDF a besoin de tous ses papiers, et pour que l’administration lui donne ses droits il lui faut une adresse ?
Sauf que le service public destiné aux SDF (Permanence sociale d’accueil) qui s’occupe théoriquement de domicilier les sdf parisiens recale systématiquement, les étrangers en situation irrégulière, les européens, ceux qui ont perdu leur(s) papier(s) et ceux qui ont eu le malheur de débarquer à Paris en venant de province.

Service civil : en avant, marche!

En 1997, le service national est aboli et fait place à une armée de métiers. Cette mesure a contraint le ministère de la Défense à une restructuration de ses bases au prix du dynamisme de certains territoires. Dans le même temps, tout laisse à penser que les valeurs humaines et républicaines, qui font l’unité de la population de notre pays, se sont délitées.

C’est une lapalissade, mais elle est bien réelle : l’armée n’a pas vocation à faire de l’aménagement du territoire, mais à vocation à le protéger. L’implantation de sites militaires se fait donc en fonction d’une logique technique et opérationnelle, pour que l’état-major puisse mener à bien ses missions. Pour autant, l’armée est un marqueur fort du territoire. Le développement d’une base amène de fait la création d’infrastructures, renforçant l’économie, l’emploi local et conforte un sentiment d’appartenance à la République, via des partenariats réalisés avec les écoles par exemple. Les restructurations de la défense imposées par la loi de programmation militaire ont été nécessaires pour adapter notre armée à ce XXI siècle, mais ont déconstruit des territoires entiers avec un impact social et territorial fort.

Devant la crise de citoyenneté que nous vivons actuellement, la question de l’implication de notre jeunesse dans les valeurs de la République se pose en effet avec davantage d’acuité. Les attentats de ce tragique mois de janvier ont souligné la nécessité de reconstruire des lieux de mixité massive. Avec tous ses défauts, le service national était le lieu ou notre jeunesse de tous les milieux sociaux se retrouvait. Il était un temps rare de confrontation de la mixité sociale, de découverte des territoires de la France. Pour les uns, une échéance pour laquelle l’allongement de la durée de ses études, trouvait quelques motivations supplémentaires, pour d’autres, une occasion d’acquérir des savoirs et des compétences que l’école n’avait su leur délivrer. Les enseignements et les expériences partagées permettaient à cette population de se retrouver derrière un idéal commun qui, même s’il diminuait avec le temps, restait gravé dans la mémoire, comme un dénominateur entre générations, renforcé par la force du souvenir. C’était un rite républicain, un point d’étape du passage vers une vie autonome.

Il y avait « avant » le service et « après » la quille.

Dans notre esprit, il est bien question de mettre en avant la citoyenneté des jeunes, dont l’avenir est plus complexe que celui des précédentes générations. L’objectif dans ce système d’action est qu’ils acquièrent à la fois ce qui fonde notre Etat (liberté, égalité, fraternité), nos principes de République sociale et laïque et dans le même temps qu’ils s’engagent dans les domaines sociaux, écologiques et humanitaires. Cette plateforme qui permettrait de renforcer l’estime de soi de ces jeunes en réalisant des missions d’intérêt général, c’est l’inspiration d’un nouvel esprit du service civil et civique, obligatoire et dérogatoire, dès lors que les jeunes justifieraient d’un contrat de travail, autre puissant levier de leur intégration.

Certains de nos territoires, principalement l’Est et le Nord ont été vidés du fait de la restructuration de la Défense, laissant des infrastructures nombreuses et disponibles. À l’heure où il existe une nécessité de confronter notre jeunesse à reprendre conscience des sources de son appartenance, il est certain que l’armée, associée aux collectivités locales, a un rôle de premier plan à jouer. Un rôle qui permettra dans le même temps de revitaliser les territoires, en particulier ceux confrontés à la désindustrialisation et la désertification par un ensemble d’acteur national et local.

Ensemble, ministère de la Défense, associations locales, municipalités (via leur conseiller de défense) peuvent construire des parcours permettant de recréer ces valeurs partagées, tout en apportant une dynamique chez ces jeunes et dans les territoires. Les lieux d’accueils de ces futures plateformes – civiles, républicaines et citoyennes – où ce nouveau service de plusieurs mois sera accompli doivent permettre en même temps de revitaliser des territoires délaissés par la mobilisation de l’ensemble de leurs acteurs.

Remerciements à Jean-Marie Collin, consultant Défense et référent de Novo Ideo, pour son expertise et ses précieux conseils pour la rédaction de cette contribution.

Propositions

1. Incorporation progressive de 30% d’une classe d’âge dans un service civique national et citoyen

2. Création de plates-formes du service civique, prioritairement dans les régions subissant la désindustrialisation

3. Accès facilité des incorporés à des formations de remises à niveau (lecture, écriture) ou diplômantes, valorisation des acquis : brevets et certificats qualifiants, Permis de conduire, informatique, etc.

4. Reconnaissance de cette expérience en lien avec les collectivités et le secteur associatif : cotisation retraite…

 

 

 

 

Les bibliothèques publiques face au défi du « vivre ensemble »

Les décideurs locaux ont trop souvent tendance à sacrifier la conception d’un ouvrage public sur l’autel des économies d’investissement de bouts de chandelle. Au delà des aspects liés à la construction, le souci accru du « vivre ensemble » dans des sociétés anxiogènes devrait nous inciter à faire évoluer leurs usages.

LA REVOLUTION TRANQUILLE DU « TROISIEME LIEU »

Une petite révolution tranquille semble pourtant gagner les municipalités les plus averties[L’article d’Anne Céline Imbaud sur le blog culturel des Administrateurs territoriaux de l’INET. Elle vient d’outre-atlantique, conceptualisée au début des années 1980 par Ray Oldenburg, professeur émérite de sociologie urbaine à l’université de Pensacola en Floride.

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L’idée de faire des équipements ouverts aux publics des « troisième lieu (Pour aller plus loin sur la notion de « troisième lieu »), distincts des deux premiers : foyer et travail. Des espaces « politiques » où les individus peuvent se rencontrer, se réunir et échanger, prendre un café ou simplement se poser. A rebours des effets pervers de l’individualisme social, pour renouer avec certains rituels du « vivre ensemble », comme on dit aujourd’hui.

Des lieux vivants, propices à l’échange comme dans la sphère privée entre individus placés en situation d’égalité. Accessibles, sur le plan des horaires (larges amplitudes), agissant comme « facilitateur social », où l’on vient « par hasard » rencontrer des habitué-e-s, rompre un peu de solitude dans des espaces confortables et douillets. Des lieux « comme à la maison » ou plutôt comme elle devrait être dans un idéal sans télévision. Celui des tavernes où l’on vient se décharger du stress sans tomber dans les comportements déviants.

Les bibliothèques se prêtent particulièrement à ce type d’expérimentations : à l’instar de celles de la ville de Chicago, réputées pour leur convivialité, les aides à la lecture, leurs salles d’études et des services d’aide aux devoirs ou de cours aux adultes. A Toronto, on trouve dans certaines d’entre elles des services à l’emploi ou au logement particulièrement appréciés des nouveaux arrivants.

« La bibliothèque en première ligne et en ligne au Québec remplit une mission sociale essentielle : elle est le temple de l’éducation informelle, le pilier de la démocratie, la gardienne de l’identité et de la liberté d’expression, et ces finalités passent par la culture. C’est dans ce maillage plus nuancé entre le social et le culturel que s’articule le modèle de la bibliothèque publique québécoise » Analyse comparée des modèles français, canadiens et USA).

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Le « modèle français » de la bibliothèque est davantage marqué par le souci de « collections savantes » et moins riche en services d’apprentissage et de savoir. Sans renier ses fondements, la crise sociale requestionne cette conception au regard des nécessités de décloisonner les usages, faciliter l’accessibilité aux publics dans un contexte de ressources budgétaires restreintes.

Tout en privilégiant une accessibilité accrue, les bibliothèques « troisième lieu » n’en perdent pas pour autant leur rôle d’architecte de l’information, d’éclairer la complexité du monde. Michel Melot([ La Géopoitique des bibliothèque, éd. du Cercle de la Librairie, 1997)] désamorce le conflit entre les partisans de cette approche et les défenseurs d’une position plus traditionaliste en proposant une vision multiple des établissements : « La solution est pourtant simple comme l’?uf de Colomb : il faut distinguer les bibliothèques qui se donnent comme mission prioritaire la conservation des documents, au détriment des lecteurs, de celles qui se donnent pour mission de servir d’abord les lecteurs au détriment des livres ».

Selon lui « Il faut inventer non pas une bibliothèque d’un type entièrement nouveau, des cultures mais plusieurs, répondant à la fois à la multiplicité des demandes et à l’organisation des cultures ». Selon Mathilde Servet ([Mémoire de Conservateur « Les bibliothèques troisième lieu », Janvier 2009)], « il n’est pas question d’évacuer ou de décourager les aspirations culturelles plus fortes de certains usagers, mais de dégager la culture de la gangue glacée et austère qu’elle peut présenter pour certains usagers moins rompus à ses codes afin de la leur rendre chaleureuse et vivante ».

 

Proposition

Au niveau local, organiser dès l’amont la « bibliothèque troisième lieu » comme une plate forme des politiques publiques liées à la lecture, au partage, à l’écriture et au « vivre ensemble »

 

Pacifier la relation du citoyen à l’administration

Novo Ideo a participé aux auditions de France Stratégie sur les « Service public de demain ». Nous publions notre première contribution, elle concerne la vie quotidienne de millions de citoyens.

Quelles relations entre les usagers et l’administration ?

Sur le modèle de Kafka dans le procès qui plaint celui qui ne connait pas les lois qui lui sont appliquées, le dédale des procédures administratives est devenu synonyme de démarches pénibles pouvant conduire à la « phobie administrative ». Las, les citoyens seraient donc tenter d’y échapper alors que l’objectif de l’administration est d’y intégrer le plus grand nombre. Ainsi l’administration fiscale a particulièrement travaillé à faciliter les moyens de paiement de l’impôt. A défaut de le faire avec plaisir, les contribuables peuvent désormais régler leurs contributions en se rendant au guichet ou par le biais d’une application sur smartphone.

Que retenir de ces évolutions ? Qu’une bonne réforme de la relation entre l’administration et l’usager passe par une simplification des démarches de celui qui en demande à l’autre : l’administration, qui met en œuvre ses procédures, pour des raisons qui s’expliquent le plus souvent (sécurisation des instructions, vérification des informations), doit être en mesure de faciliter les démarches des usagers.

Jérome Kerambrun

« La simplification devient alors un moyen de souplesse au profit de l’usager autant qu’une transformation des modes de production de l’administration »

Jérome KerambrunCadre territorial

Qu’une réforme doit être pensée dans toutes ses dimensions : de l’e-usager aux publics vulnérables, l’administration, au titre de ses missions de service public, doit être en mesure de s’adresser à tous : la multiplication des canaux doit tenir compte des profils des usagers ; en sachant qu’un usager, en fonction du domaine concerné, peut tantôt être ultra connecté, tantôt être ultra submergé.

Novo ideo, au regard de ces impératifs et des expériences de terrain, propose des actions globales et concrètes. Les usagers accomplissent chaque année une multiplicité de démarches via leurs administrations. De la commune à la CAF, du département à la CPAM, de la région à Pôle emploi, les usagers ont de multiples interlocuteurs. Toutes les administrations exigent des informations qui, sans concerner les mêmes demandes, impliquent les mêmes documents. Si votre commune a besoin de l’avis d’imposition N-2 alors que la CAF prend en compte l’avis N-1, si votre conseiller pôle emploi demande des justificatifs de domicile qui ne sont pas identiques à ceux que vous avez déjà pu remettre à une autre administration, deux solutions s’imposent :

  • Sur le modèle du service Canada et de mon.service-public.fr qui monte en charge, les administrations exigeant des documents doivent pouvoir les récupérer sur des portails sur lesquels sont stockées vos données. De la naissance à la mort, des documents résumant votre vie doivent pouvoir être traités, y compris à distance, par simple demande de l’usager. L’e-usager sera ainsi entendu.
  • En revanche, les usagers qui souhaitent s’adresser à un agent public, qui se sentant exclu de la révolution numérique, qui confronté à la complexité de sa situation, doivent pouvoir le faire à partir d’un point d’accès unique. Un espace partagé, qui pourrait certainement être la mairie, doit servir de point d’accroche aux citoyens qui souhaitent effectuer leurs démarches. C’est ici que se retrouve le mieux d’exigence de proximité qui ne résulte pas tant de la relation à l’élu que de la qualité des prestations rendues.

Propositions

1. Faciliter les démarches des e-usagers via la généralisation des open data à toutes les administrations

2. Renforcer la relation de proximité avec les publics exclus de la révolution numérique par la généralisation des points d’entrée unique des démarches administratives dans les mairies