L’auto-partage pour développer l’éco-mobilité

Un peu partout en France, des dispositifs similaires sont mis en place à destination des citoyens, 25 au total selon le réseau national France Autopartage, qui s’ajoutent à ceux mis en place par certaines entreprises pour leurs salariés (Renault, Société Générale?).

Pour ce qui est des systèmes d’auto-partage à destination du grand public, leurs caractéristiques sont variables d’une ville à l’autre (tarification, choix de localisation des stations…). Mais tous les services ont en commun l’ambition de faire évoluer les pratiques de déplacement, dans le respect des objectifs d’un développement réellement durable.

AUTOPARTAGE : QU’EST CE QUE C’EST ?

Parmi les différentes formules possibles d’utilisation de véhicules en usage partagé, on peut distinguer deux modalités offertes aux usagers : l’auto-partage, c’est-à-dire la location de véhicules après réservation avec un retour à la station de départ, et le libre service, qui permet la location de véhicules sans réservation, avec la possibilité offerte de ramener la voiture à une autre station que celle du point de départ.

Une définition législative est venue encadrer les différents services. L’article 54 de la loi du 12 juillet 2010 portant engagement national pour l’environnement (dite loi « Grenelle 2 ») en retient les contours suivants : « L’activité d’auto-partage est définie par la mise en commun au profit d’utilisateurs abonnés d’une flotte de véhicules de transports terrestres à moteur. Chaque usager peut accéder à un véhicule pour le trajet de son choix et pour une durée limitée. ».

AVANTAGES REELS ET CRITIQUES RECURRENTES

Au-delà d’un « effet de mode », l’auto-partage constitue un levier de renouveau des pratiques de mobilité à plusieurs égards:

-* il favorise l’usage d’un même véhicule par plusieurs personnes, ce qui permet de diminuer l’empreinte écologique des transports et de réduire le nombre de voitures en circulation.

-* il propose une nouvelle modalité de déplacement aux citoyens, qui répond à une demande sociale et peut contribuer à l’amplifier.

-* il offre l’opportunité de donner de la visibilité à des véhicules non thermiques (hybrides ou électriques), et ainsi inciter les citoyens à se familiariser avec l’usage de ce type de véhicules.

Pour autant, certains critiquent l’auto-partage et mettent en doute la pertinence du déploiement d’un tel service, dans ses fondements ou dans son déploiement opérationnel. Sur le principe, il ne constituerait pas une alternative au modèle de la voiture individuelle, dans la mesure où il n’est pas adapté à de longs trajets et que pour des trajets courts, il y a un risque de substitution d’usage avec les transports en commun ou les modes doux. Dans ses modalités concrètes, le réapprovisionnement des stations par camion génère des émissions de gaz à effet de serre et l’emprise occasionnée sur le foncier urbain est conséquente (12,5 km de voirie pour les 500 stations d’Autolib prévues à Paris).

Il n’en demeure pas moins qu’une caractéristique de l’auto-partage fait consensus : il s’agit d’un outil utile pour faire évoluer les comportements. Si le système mis en ?uvre est bien adapté à la réalité socio-économique du territoire sur lequel il est implanté, il prouve que ce qui est écologiquement vertueux s’avère économiquement attractif.

COLLECTIVITÉS : COMMENT S’IMPLIQUER ?

Afin de déployer un service d’auto-partage, le rôle de la puissance publique est capital. L’Etat agit dans certains cas par subvention, via l’ADEME, afin encourager le développement de ces dispositifs. Mais ce sont surtout les collectivités locales qui sont motrices en la matière. Quelques exemples non exhaustifs :

-* la participation d’une collectivité au sein d’une Société Coopérative d’Intérêt Collectif : cela passe par un appui financier et une expertise technique mis au service de ce type de structure de l’Economie Sociale et Solidaire.

C’est notamment le choix fait à Bordeaux pour le service « Autocool », où près de 1000 abonnés utilisent les 35 véhicules qui sont mis à leur disposition.

-* l’encouragement au développement de l’intermodalité : en Languedoc-Roussillon, le Conseil Régional s’est associé à la SNCF et à une entreprise locale (Modulauto) afin de proposer une offre à destination des usagers du train. Grâce à un accord de partenariat initié par la collectivité, la possession d’une carte d’abonnement ferroviaire permet d’obtenir un tarif privilégié pour l’utilisation du service d’auto-partage.

-* une gestion de la voirie qui choisit de dédier des espaces de stationnement : selon la loi Grenelle 2, « le maire peut réserver des emplacements de stationnement pour les véhicules en auto-partage ». Cette disposition constitue un levier pour favoriser les véhicules en temps partagé et réduire progressivement le nombre de places disponibles pour les véhicules individuels (communes de la première couronne parisienne pour Autolib).

D’autres leviers sont également à disposition des collectivités territoriales pour développer cette forme d’éco-mobilité (appui technique aux porteurs de projets, flottes de service mutualisées entre collectivités?).

Après avoir été regardées avec circonspection, les expériences pionnières en la matière à La Rochelle et Strasbourg sont aujourd’hui montrées en exemple. C’est désormais un nombre croissant de collectivités qui s’engage dans une voie que toutes celles qui ont emprunté incitent à partager.