Le jour où la Seine déborde…
« Ports de Paris » avec, entre autres, son site de Gennevilliers est le 2e port fluvial d’Europe en terme de marchandises et le 1er au monde en trafic fluvial passagers avec 7 millions de touristes transportés chaque année.
(Un GIE « Haropa » (harbor of paris ou le HAvre-ROuen-PAris) vient d’être constitué pour devenir une plate forme fluvio-maritime de taille mondiale.)
crue 1910 Pont Alexandre III ? Ministère de l’écologie
Mais l’histoire nous a montré que la Seine pouvait être capricieuse et une crue exceptionnelle (la crue centennale) était probable. Les effets seraient sur Paris du « jamais vu ».
LES CONSEQUENCES DE L’HOMME ET DE SON ACTIVITE
François Landais directeur de l’agence Paris-Seine, à Ports de Paris, nous explique que l’urbanisation croissante alliée à une pluviométrie importante, malgré les grands réservoirs (lacs artificiels) en amont de Paris, régulants les crues et les sécheresses, pourraient provoquer la crue centennale tant redoutée.
La particularité de la région parisienne est la densité de ses habitants situés en zones inondables, et cela fait beaucoup de monde ! Pascal Popelin, maire adjoint de Livry-Gargan est Président de l’établissement public « Seine Grand Lac ». Il gère les 4 barrages réservoirs en amont de Paris.
Il évalue le nombre de personnes touchées directement ou indirectement entre 2 et 5 millions et les dégâts (remise en état des réseaux, des édifices, nettoyages….) aux alentours de 20 milliards d’Euros, soit 20 fois le coût de la tempête Xynthia. D’après lui, près de 800 000 personnes seraient privées d’électricité, sans compter les coupures d’eau et le problème d’évacuation des déchets. Par ailleurs, des mesures de précautions sont prises, comme celles de mettre « hors d’eau » les bâtiments (musées…) et de sécuriser les systèmes informatiques ou encore les archives.
Le Général Serge Garrigues est le chef d’état major de la zone de Défense de Paris. Sous le contrôle du Préfet de Police de Paris, il assure la coordination des secours et approvisionnements des personnes qu’on inciterait alors à rester le plus possible chez elles.
Cette solution est privilégiée à un déplacement massif des populations, d’autant que la crue généralement, ne dure que quelques jours.
Il tempère les effets par le fait que « la crue est aujourd’hui prévisible à au moins 8 jours », « et cela donne du temps pour informer et mettre les gens vulnérables hors de danger » comme par exemple évacuer les malades des hôpitaux situés en zone inondable (comme celui de Georges Pompidou) et les répartir sur d’autres lieux d’accueil.
Par ailleurs, cette préparation exemplaire à la hauteur de l’événement s’il se produisait, peut servir à d’autres catastrophes du type du plan ORSEC. une évacuation d’urgence des déchets (5000 tonnes par jour !) est même prévue, ainsi que la distribution de 1200 groupes électrogènes.
Interview complète du général Serge Garrigues
Le Général Dodane, spécialiste des crues nous explique également qu’une ville comme Alforville serait touchée à 100% et qu’un plan nommé « Neptune » réquisitionnant les armées, pourrait mettre à pied d’oeuvre environ 10000 hommes avec le matériel nécessaire.
Mais nous n’en sommes pas là !
Peut être même nous ne reverrons plus jamais ces images de la crue de 1910 où l’on peut voir nos députés se rendre en barque à l’Assemblée nationale pour débattre à la lueur des lampes à pétrole ! (et manger froid….).
Assemblée nationale sous l’eau ? Ministère de l’écologie
Toutes les indications, les alertes de crues et les consignes se trouvent sur le site « fluvial » de la ville de paris et pour la France entière c’est « Vigie crues ».
Mais comme dans toutes choses : mieux vaut prévenir que guérir ! Et comme conclu, Pascal Popelin (auteur d’un livre : « le jour où l’eau reviendra ») : « il n’existe pas de catastrophes naturelles, mais des phénomènes naturels qui deviennent des catastrophes par la présence de l’homme et de son activité ».
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Xynthia 2010 : le rapport qui accable
La Cour des comptes avait souligné les « insuffisances persistantes » en matière d’urbanisme, pointant des collectivités sous la pression des promoteurs. Dans les trois départements concernés ? la Vendée, la Charente-Maritime et le Var ?, les préfets avaient établi un dossier départemental sur les risques majeurs (DDRM) trop « général » et non « actualisé ». Le rapport soulignait que les plans de prévention du risque inondation (PPRI), adoptés sous l’égide des préfets n’avaient pas été prescrits dans toutes les zones à risques. Lorsqu’ils existaient, ces plans avaient fait l’objet de trop de négociations pour être encore contraignants. Si le système des secours avait été rudement mis à l’épreuve, on se souvient que l’intervention inédite des collectivités locales avait permis en partie de faire face à la détresse des citoyens, juste après la catastrophe. Un système de chéquier et de location de voitures permettant de faire face aux besoins les plus urgents avait ainsi été mis en oeuvre par la Région Poitou-Charentes sans pour autant que l’articulation avec l’action avec les autres collectivités ne fut réellement planifiée faute d’avoir été pensée.
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