Science et écologie ou l’amour vache
A l’opposé de l’image caricaturale d’adeptes du retour vers un passé prétendument mythifié, ils suivent l’évolution des connaissances sur lesquelles ils s’appuient pour étayer leurs convictions. Dénués de toute fascination aveugle pour la technologie, ils n’en restent pas moins attentifs à ce qui peut améliorer le bien-être humain tout en préservant le fonctionnement des écosystèmes qui nous font vivre.
Logiquement, les scientifiques se retrouvent en nombre parmi les écologistes convaincus. Pourtant, ceux-ci ne sont pas spontanément associés aux questions liées à la recherche scientifique, encore moins à la problématique de l’innovation technologique. Ces réticences, je les ai moi-même éprouvées quand en 2004 je suis devenu vice-président du conseil régional d’Ile-de-France en charge précisément de ces secteurs-là. Directeur de recherche au CNRS, directeur d’un laboratoire du CNRS et d’une grande université sud-francilienne, j’avais quelques atouts à faire valoir qui se révélèrent utiles pour convaincre de la pertinence de la politique que j’allais mettre en place. Six ans plus tard, celle-ci serait saluée positivement par les acteurs comme par les médias ? plutôt rares ? qui s’y intéressèrent. Une fois ce mandat de vice-président achevé, il me parut utile de tenter d’en rendre compte dans un livre qui resitue mon action dans une courte histoire des politiques menées en France depuis les années 80.
Mais l’ouvrage a aussi une visée prospective avec des propositions concrètes pour l’après-2012. Je tente ainsi de contribuer à la résolution de certains problèmes, pointés de très longue date, par exemple par Edgar Morin, mais qui restent d’une actualité brûlante: complexité des rapports entre sciences et citoyens; entraves aux recherches développées aux interfaces entre thématiques, potentiellement les plus productives; dualité délétère du système français d’enseignement supérieur opposant « grandes » écoles et universités …
REDONNER LA PAROLE AU TERRAIN
D’autres problèmes, apparus suite aux réformes imposées sous les derniers gouvernements Chirac et surtout en lien avec la politique menée par le duo Sarkozy-Pécresse, appellent d’autres réponses. Une refondation globale du système français d’enseignement ? du primaire au supérieur ? et de recherche est désormais impérative. Et pour dépasser la vieille querelle de la liberté des chercheurs opposée au pilotage de la recherche par le politique, je m’appuie sur l’action menée entre 2004 et 2010 en région Ile-de-France : en matière de stimulation des pratiques coopératives entre acteurs engagés, de politique de soutien à l’innovation en entreprise, d’ouverture aux apports citoyens…
Pour la recherche comme pour les autres secteurs de la politique nationale, il s’agit en premier lieu de redonner la parole et la confiance au terrain. Face aux grands enjeux sociaux et écologiques de ce début de XXIe siècle, des mesures d’urgence s’imposeront dès l’été 2012… si une situation politique nouvelle le permet. Cela ne suffira évidemment pas. Partout, il faudra ouvrir grand les débats pour dégager enfin des pistes innovantes de solutions politiques à apporter à la multitude de problèmes qui minent notre société. C’est l’objet de ce livre que d’y contribuer modestement.