Ainsi, un certain nombre de réformes deviennent de plus en plus indispensables :
– Il n’est pas acceptable qu’une partie importante des médecins fasse davantage confiance à la publicité de l’industrie pharmaceutique qu’au travail scientifique de la revue Prescrire, revue réellement indépendante et dont la fiabilité ne peut pas être mise en cause. Ne sont pas acceptables les énormes budgets publicitaires actuels de l’industrie pharmaceutique, permettant d’envoyer des agents de publicité intitulés « visiteurs médicaux » dans tous les cabinets médicaux, auprès de chaque médecin qui accepte de les recevoir, de même que dans les services hospitaliers, auprès des médecins hospitaliers, ainsi que des étudiants en médecine, organisant le plus tôt possible la confusion entre formation médicale et publicité. Ces budgets permettent aussi de financer la plupart des revues médicales et les congrès médicaux ou paramédicaux. Ces budgets étant inclus dans le prix des médicaments, ils sont financés par la sécurité sociale !
De la même manière, l’industrie pharmaceutique justifie souvent le prix des médicaments par les dépenses de recherche, mais une grande partie de cette recherche est orientée vers des intérêts commerciaux davantage que vers les bénéfices à attendre pour la santé publique.
Dans ce contexte, il est nécessaire de restreindre les budgets publicitaires en réduisant le prix des médicaments et de dégager ainsi des budgets publics servant à développer une politique publique de recherche, d’information et de formation médicale.
– Il n’est pas acceptable de laisser perdurer une possible confusion entre l’expertise technique et les intérêts industriels dans les cabinets ministériels, dans les agences de l’État ou dans les commissions d’experts.
L’ensemble des déclarations d’intérêt des membres de ces instances doivent être accessibles au public, une réglementation doit imposer de les limiter dans chaque instance et des sanctions importantes sont à prévoir en cas de manquement à ces déclarations. Par ailleurs, s’il est compréhensible qu’on puisse vouloir changer de travail, il est nécessaire d’interdire de quitter une responsabilité publique dans un domaine donné pour prendre directement un poste de responsabilité servant des intérêts privés dans le même domaine.
– Il n’est pas acceptable que les « lanceurs d’alerte », professionnels qui font la preuve à la fois d’une expertise et d’une exigence éthique, puissent être l’objet de dénigrement, d’intimidation, voire de menaces.
Une nouvelle réglementation est à mettre en place sur cette question et il suffit pour cela d’appliquer la loi proposée par les élus Europe Ecologie ? Les Verts puisqu’un amendement déposé par Les Verts dans la loi Grenelle 1, et voté à l’unanimité, prévoit une instance spécifique de garantie de la qualité de l’expertise qui aura pour mission :
– la garantie d’indépendance (vérification des déclarations d’intérêts et des protocoles);
– la protection des lanceurs d’alerte et une suite donnée à leurs alarmes;
– la médiation en cas d’expertises contradictoires voire la commande de nouvelles recherches