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S’entendre avec Téhéran ne suffit pas

 

Les négociations avec l’Iran sont arrivées à leur terme avec une « entente historique », selon le président Obama, permettant de rédiger un accord définitif d’ici au 30 juin. La France, elle, reste réservée. Pourtant, derrière ce jeu de puissance diplomatique, un problème demeure : comment empêcher la prolifération nucléaire au Moyen­-Orient ?

Depuis le début des années 1990, l’Iran est en recherche d’affirmation de puissance. Relancer son pro­gramme électronucléaire, démarré avec l’aide de la France, de l’Allemagne et des Etats­Unis sous la présidence du Chah, faisait partie de cette stratégie pour acquérir une indépendance énergétique. Malheureusement, au vu des révélations faites en 2002, tout porte à croire que l’Iran s’est lancé dans un programme nucléaire militaire clandestin. Les interrogations sur les infrastructures nucléaires, le nombre de centrifugeuses (près de 19 000) ou encore la concordance avec un programme balistique en sont les principaux faisceaux d’indices. L’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) n’a pour autant jamais pu le confirmer, malgré ses multiples investigations.

Mais, depuis quatorze ans, à travers ce jeu de cache-cache nucléaire, deux questions restent en suspens sans que le groupe du P5 (Etats-Unis, France, Russie, Chine, Royaume-Uni) + 1 (Allemagne) les aborde : la dualité des installations nucléaires civiles et l’arsenal nucléaire d’Israël.

L’Iran est en droit de posséder des installations nucléaires conformément à l’article IV du Traité de non-prolifération nucléaire (TNP). Evidemment, en 1970, quand ce traité a été écrit, nul ne pensait que la technologie par ultracentrifugation (celle mise en cause en Iran) serait si aisément accessible. Car cette technologie pose problème. Ces “essoreuses” à uranium permettent d’assurer le combustible pour des centrales nucléaires civiles. Mais, si elles tournent trop longtemps et parviennent au-delà du taux de 20 %, alors l’uranium devient hautement enrichi (UHE). Cet UHE, dit “de qualité militaire”, peut alors permettre de fabriquer une arme atomique. Cette technologie civile disponible – à travers les 6 000 centrifugeuses qui seront autorisées – et ce droit dit « inaliénable » constituent un réel problème qui offre à cet Etat, comme à une autre puissance régionale (l’Arabie saoudite, la Turquie si elles décidaient de s’en doter), une capacité d’enrichissement à des fins militaires.

Le problème israélien : La volonté iranienne – avérée ou non – de vouloir se doter d’un arsenal nucléaire, aurait dû obliger les puissances nucléaires à porter aussi le débat sur la possession d’une force nucléaire par Israël. Le P5 a été soumis à une certaine pression depuis 1995 dans le cadre des conférences d’examen du TNP. Pis, en mai 2010, le P5 a réaffirmé son « engagement en faveur de l’application intégrale de la résolution de 1995 sur le Moyen-Orient » qui prévoit l’établissement d’une zone exempte d’armes nucléaires (ZEAN) et autres armes de destruction massive et la mise en place en décembre 2012 d’une première conférence en vue de la création de cette zone. Cette conférence a été reportée à la demande des Etats-Unis, de la Russie et du Royaume-Uni. Washington invoqua l’atmosphère peu sécuritaire de la région (mais n’est-ce pas le cas depuis des décennies ?) et Moscou regretta la volonté de certains Etats de faire blocage à ce processus, visant ainsi directement Israël.

Israël est en droit de craindre la présence d’une puissance nucléaire régionale ; mais ces craintes concernent-elles sa propre sécurité ou le fait d’avoir à dévoiler son identité nucléaire ? Car c’est peut-être aussi pour cette raison que le premier ministre Nétanyahou multiplie les interventions. A ­t­-il peur que l’Iran – dont l’Irak a toujours été le principal adversaire – use un jour de son arme nucléaire contre Israël, qui compte une population palestinienne, le troisième lieu saint de l’islam (Al-Aqsa), au risque de déclencher une frappe militaire américaine ? Ou craint-il plutôt de devoir justifier à la communauté internationale sa possession d’une centaine de bombes atomiques ?

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Une solution régionale : Le résultat obtenu à Lausanne doit être applaudi. Mais la solution, au risque d’une autre puissance nucléaire dans cette zone, passera par la mise en place d’une solution régionale. En 2012, le P5 a écarté la conférence sur la création de cette ZEAN. Puis, en 2013, il n’a pas su saisir l’opportunité que lui donnait l’élimination des armes chimiques sy­riennes pour lancer ce processus.

Le 27 avril va s’ouvrir la conférence du TNP. Outre l’enjeu du désarmement nucléaire sur lequel le P5, ces Etats do­tés officiellement de l’arme nucléaire, a fait peu d’efforts, celui de la non­-pro­lifération sera un sujet majeur. La mise en œuvre de cette zone qui a comme objectif de stopper la prolifération, renforçant ainsi notre propre sécurité, doit être réalisée. Ces échéances politiques agitent par ailleurs un enjeu plus vaste encore : celui de la pertinence de la dissuasion nucléaire et de la nécessité du désarmement nucléaire

Les puissances du P5 doivent s’enga­ger à lancer dès cette année des négociations avec tous les acteurs concernés. L’écrasante majorité des Etats de la région était prête en 2012. Le sommet avec les pays du Golfe proposé par Obama à Camp David au printemps doit absolument être le lieu de ces discussions. La France a son rôle à jouer. Paris doit user de son influence pour convaincre partenaires du P5 et Etats-clés de cette région d’y être présents. Sans l’affirmation et la mise en œuvre de cette volonté, la porte vers la proli­fération nucléaire restera indéfini­ment ouverte !

 

Une Tribune publiée dans le Monde du 5/6 Avril, co-signée avec Luc Manpaey Directeur du GRIP. Retrouvez les tribunes de Jean-Marie Collin sur son blog.

2015, année géostratégique

Janvier : Et bien cela commencera par une cérémonie des vœux (logique) aux armées par le Président sur le porte-avions nucléaire Charles de Gaulle, qui a la possibilité d’emporter des missiles nucléaires ASMP-A dans ses soutes. Ce mois de janvier devrait aussi se poursuivre par un tir du M-51 après l’échec retentissant subi en mai 2013.  La pression est grande sur ce futur test, car en cas de nouvel échec, nul ne pourra plus dire que la crédibilité de la force de frappe française n’est pas atteinte en son cœur.

Mai, Conférence d’Examen du Traité de non-prolifération nucléaire : 20 ans après la décision de proroger de façon indéfinie ce Traité ; l’incertitude règne sur son avenir et sur la réussite de cette conférence. Il va être extrêmement compliqué pour les puissances nucléaires d’obtenir un Document final positif, car elles n’ont pas rempli leurs obligations faites en 2010. De même, la mise en place d’une conférence internationale en Finlande sur l’instauration d’une zone exempte d’armes nucléaires qui ne s’est pas tenue en 2012 (conformément aux obligations faites dans le document final), ce qui va provoquer la colère et l’animosité des pays Arabes. A ces tensions, il faut rajouter la crise nord-coréenne (nous ne sommes pas à l’abri d’un essai atomique) et le dossier Iranien, qui  reste encore très sensible. L’Ambassadeur Simon-Michel semble plus positif a la lecture de son message de “bonne année” ; il espere ainsi, sur la base de la “feuille de route adoptée par consensus“, que cette conférence de 2015 permette de “bâtir sur cet acquis” un futur promotteur. Bien evidemment pour la diplomatie française “les approches qui s’éloignent de cette voie ne font que renforcer les divisions et ne favorisent pas le but qu’elles prétendent poursuivre“… Je sens que les échanges vont être compliqués !

Juin, 70 ans de l’ONU. Et oui, le 26 juin 1945, à San Francisco, alors que la seconde guerre mondiale n’est pas encore terminée. 193 Etats sont aujourd’hui membres de cette organisation.

Août, 70e anniversaire des drames des bombardements nucléaires d’Hiroshima et de Nagasaki. La présence du Président américain Obama est fort probable. Ce serait une première, avec une très forte portée symbolique. Peut-être pourrions-nous avoir une suite au discours de Prague du 5 avril 2009. Obama est dans la dernière ligne droite de son mandat, ce qui peut lui permettre de réaliser et proposer des actions fortes pour le désarmement nucléaire…

Décembre : Le monde aura les yeux tournés sur la conférence du climat qui se déroulera à Paris. Le Ministère de la défense, de son côté, lui, commence à s’intéresser de plus en plus aux conséquences de ce réchauffement climatique. Le Ministère des Affaires étrangères, devrait peut-être, lui, se soucier également de corriger la non-ratification par la France de cette Convention internationale qui se nomme ENMOD pour : Convention sur l’interdiction d’utiliser des techniques de modification de l’environnement à des fins militaires ou toutes autres fins hostiles….

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La Défense en questions

LA CRISE REQUESTIONNE LES CHOIX DE DEFENSE

Positif : La crise économique qui frappe la France a comme conséquence une obligation de réduire les budgets des armées, ce qui engendre un débat, des interventions et donc des nouvelles réflexions sur le rôle, les missions de l’armée et le budget à lui consacrer. Sans nul doute, le seul point positif de la crise économique.

1-François Hollande : Est-ce la fin des tergiversations budgétaires ? ? Certainement pas. Le Président a indiqué que le niveau du budget de la défense sera au niveau de l’année 2013 pour les prochaines années (soit 31,4 milliards) ; mais qu’il y aura dans tous les cas des choix à faire, car il y a une nécessité de réaliser des économies budgétaires, ce budget ne prenant pas en compte l’inflation.

2-François Hollande : « On peut penser ce que l’on veut de cette arme nucléaire, je sais qu’il y a un certain nombre de nos concitoyens qui y sont hostiles, il faut la conserver, la moderniser ». La phrase n’est pas « positive » en ce qui concerne un processus de désarmement nucléaire multilatéral, mais il y a un « mais ». En effet :

Pour la première fois, un chef de l’Etat français indique clairement et ouvertement qu’il existe une opposition à cet armement.
Cela montre que le Président est au courant de l’existence de cette opposition à cet armement. En faisant cet aveu, il lui confère une place et un rôle. Je rappelle que le Sénat avait déjà donné un nom « les contestataires » en juillet dernier à cette opposition, nommant même le Général Norlain (Co-auteur de « Arrêtez la Bombe »).
Enfin, la fameuse formule du « consensus » revendiqué depuis des décennies est cette fois (pour ceux qui pouvaient encore croire dans cette formule) mise à terre définitivement.

Réflexion ou révélation ? : Et oui, comme je l’ai dit ci-dessus, le point positif de cette crise est la réflexion. Mais dans le cadre des recherches d’économies que la défense peut réaliser, on peut se demander si la réflexion faite par l’ancien ministre de la défense Hervé Morin, lors de l’émission Europe 1 Soir, n’est pas une « révélation » (sans doute, car nous sommes en pleine semaine Sainte !). Alors que Paul Quilès (lui aussi ancien Mindef) présentait notre livre « Arrêtez la Bombe », qu’il indiquait la nécessité d’aller vers un désarmement nucléaire multilatéral, qu’il s’étonnait que l’on conserve la composante nucléaire aérienne, H. Morin a indiqué :
http://www.europe1.fr/MediaCenter/Emissions/Europe-1-Soir/Sons/Europe-1-Soir-Nicolas-Poincare-27-03-13-1463043/
« Je pense la même chose que Paul Quilès. Moi, j’ai souvent dit, dans des conversations privées, car, quand vous êtes Ministre de la défense, vous ne pouvez avoir un discours différent que le discours officiel, mais participer au mouvement de dénucléarisation de la planète et de l’abolition de l’arme nucléaire, moi j’y suis totalement favorable. Dans des contraintes budgétaires comme les nôtres, si vous continuez à consacrer 20% de l’équipement des forces aux nucléaires, vous rendez l’armée conventionnelle, celle que l’on a besoin, totalement exsangue. »

La question tabou
: Tous les parlementaires qui s’inquiètent d’une réduction drastique du budget de la défense, qui hurlent au déclassement de la France, à la perte de milliers d’emplois? disposent dans leur circonscription de garnisons et de sites industriels d’armements. La question doit donc être posée : Ces parlementaires, s’inquiètent-ils de savoir si la France aura les moyens d’engager des forces de manière « autonomes » ou s’inquiètent-ils de devoir faire face dans leur circonscription à de possibles pertes d’emploi, pouvant de ce fait avoir un impact négatif sur leur futur mandat ? Ou encore sont-ils sous la pression de ce que l’on appelle le lobby militaro industriel ?

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Programmes nucléaires à la dérive

DES PREVISIONS SOUS EVALUEES

Le réacteur nucléaire EPR, est un réacteur à eau sous pression, actuellement en construction (depuis 2007) à Flamanville (Manche) qui sera d’une puissance de 1 650 MW. L’estimation initiale de son coût en 2005 était de 3,3 milliards d’euros. En 2011, EDF annonçait un EPR à 6,6 Mds ?. Le 3 décembre dernier EDF a indiqué un surcoût de 2 Mds ? dû à « l’évolution du design de la chaudière, les études d’ingénierie supplémentaires, l’intégration des nouvelles exigences réglementaires, ainsi que les enseignements Post-Fukushima ». Le coût total de ce réacteur nucléaire de troisième génération est en 2012 de 8,5 Mds ?. EDF assure cependant, que le démarrage de la production d’électricité de ce réacteur se fera bien en 2016, soit avec 4 ans de retard. Selon la Cour des Comptes (Rapport janvier 2012)], les EPR de série pourraient coûter 5 Mds ? ; soit 1,7 Mds ? de plus que le budget initialement prévu pour la tête de série, ce chiffre devrait sans nul doute évoluer, lui aussi à la hausse.

Le programme de Simulation des essais nucléaires, auparavant nommé PALEN (pour Préparation à la limitation des essais nucléaires) a été lancé en 1995. Son objectif est de reproduire le fonctionnement d’une arme, étape par étape (pyrotechnique, nucléaire, puis thermonucléaire). Son but est triple : assurer la sûreté, la fiabilité et la crédibilité de l’arsenal nucléaire, donc sa continuité. Il comprend :

Le [supercalculateur Tera 100 mis en place en 2010.
Une nouvelle machine radiographique, qui est en cours d’installation sur le site de Valduc (le site de Moronvilliers va en effet fermer, mettant un terme aux premières expériences réalisées sur la machine radiographique AIRIX) dans le cadre du programme Epure (en coopération avec les britanniques).
Le laser mégajoule (LMJ), situé au Barp, près de Bordeaux va « permettre de reproduire à très petite échelle les phénomènes thermonucléaires caractéristiques du fonctionnement d’une arme nucléaire ». Originellement, il devait comporter 240 faisceaux laser, mais celui-ci a été ramené à 176 pour faire des économies. Son entrée en fonction en 2010 a été repoussée à 2014.

En 1999, un rapport parlementaire indique un montant de 2,8 Mds ?, puis un coût global de 5 Mds ? en 2002 pour atteindre 6,6 Mds ? en 2009. Aujourd’hui « le coût du programme de simulation est évalué à 7 Mds ?, dont 3,25 Mds ? pour le LMJ », selon un dernier rapport parlementaire du Sénat. Heureusement, « les programmes en matière d’armement nucléaire sont toujours respectueux des calendriers, des délais et des coûts », selon les mêmes parlementaires !

Interrogation : Nulle question de savoir si ces deux grands programmes nucléaires, l’un civil et l’autre militaire, sont utiles pour la France, sa souveraineté énergétique et sa défense. C’est un autre débat. Mais savoir combien coûtera précisément ces programmes (avec une très faible marge d’erreur) dès le départ, est une obligation pour les finances publiques.

Force est de constater qu’il y a donc un très fort dérapage budgétaire dans ces deux programmes, que nul autre type de projet ne pourrait être en mesure d’accepter et de supporter. Certes, dans le cadre de l’EPR, de nouvelles mesures de sécurité sont en partie en cause dans ce nouveau chiffrage, mais cela n’explique pas tout : 5,2 Mds ? en plus, en 7 ans?

Alors d’ou viennent ces dérapages ? Est-il possible que ces entreprises de renommée internationale (EDF, Areva, .. ) et grandes institutions étatiques (CEA, MinDef, ?), qui dirigent ces projets soient incompétentes, au point de ne pas évaluer correctement ces projets ? Ã priori non. Alors, est-il possible d’émettre l’hypothèse que ces projets soient sciemment sous évalués, dans le but de les faire adopter ?.?

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Sous-marins nucleaires : combien de divisions ?

SOUS MARINS ET COURSE AUX ARMEMENTS

Qu’ils soient à propulsion nucléaire ou diesel/électrique, il apparaît qu’en cette fin de décennie, nous assistons à une prolifération de ces bâtiments de guerre (Un rapport de Forecast International, indique que 111 sous-marins conventionnels et nucléaires seront construits sur la décennie 2011-2020, dont une large majorité de type diesel-électrique), induisant clairement une nouvelle course aux armements.

La propulsion nucléaire a révolutionné le monde maritime ; apportant discrétion, rapidité et capacité de tirs en second. Cette technologie reste encore l’apanage des 5 puissances (Etats-Unis, Russie, Royaume-Uni, France, Chine) possédant officiellement un arsenal nucléaire. Mais des outsiders (Inde, Brésil, Argentine, Australie, Malaisie, ?) sur les quatre coins de la planète sont en course pour maîtriser ce type de propulsion, qui permet un saut qualitatif majeur dans le monde de la défense.

Cette prolifération de sous-marins nucléaires est encouragée par la France et la Russie pour des raisons purement commerciales. Clairement, s’ils n’ont enfreint aucune règlementation internationale sur les transferts d’armements, ils ont ouvert une boite de Pandore qui sans nul doute ne pourra que faire peser des menaces supplémentaires sur la paix dans le monde comme des risques majeurs sur l’environnement.

BOITE DE PANDORE

En Amérique du sud, c’est le Brésil qui a donné le départ de cette course en signant en décembre 2008 un contrat d’achat auprès de la France pour une coque de Sous-marin Nucléaire d’Attaque – SNA- (très similaire semble t-il au futur SNA français de classe Suffren). Le montant de ce contrat pour DCNs est de 2 milliards ?. Ã charge aux Brésiliens d’incorporer toute la technologie nucléaire nécessaire à la propulsion de ce bâtiment.

Normalement – sauf close secrète- le Brésil réalisera seul ce réacteur nucléaire. Pourquoi ce besoin, selon la Présidente actuelle, Dilma Rousseff, pour « garantir la souveraineté du pays » et selon le Président Lula da Silva, alors au pouvoir en 2008, pour protéger « les grandes richesses nationales de l’océan Atlantique» comme le pétrole et pour prévenir « l’invasion d’un autre pays ou les actes de terrorisme »?

Evidemment, histoire de posséder une flotte complète, d’autres exemplaires sont prévus. En attendant, le Brésil s’est aussi lancé dans la construction de sous-marins conventionnels, en achetant à l’entreprise française DCNs 4 Scorpène (415 millions ? l’unité), livrables entre 2017 et 2021. Ces bâtiments seront armés de torpilles lourdes et de missiles antinavire Exocet SM39. L’ennemi d’hier l’Argentine, n’est pas en reste non plus. Malgré le coût (près de 2 milliards $) et les contraintes (démantèlement, déchets nucléaires, ?.) de ce type de propulsion, la Secrétaire à la Défense Nilda Garré a annoncé le 4 juin 2010 qu’un vaste programme de propulsion nucléaire pour des sous-marins était lancé.

L’Argentine compte bien ainsi être la seconde marine nucléaire d’Amérique du sud, quelques mois après le lancement du projet brésilien. Une coopération entre ces deux pays, n’est d’ailleurs pas à exclure dans le domaine de la conception du réacteur nucléaire (en se basant sur le réacteur nucléaire argentin de type CAREM), de nombreuses rencontres ayant eu lieu ces derniers mois. Si cela se confirme, cette militarisation de l’océan Atlantique Sud sera suivie de près par les britanniques. Leurs relations restant très tendues avec les argentins, qui revendiquent toujours les Malouines. Alors, se dirige-on vers un scénario noir ou un SNA argentin serait le fer de lance d’une invasion des Malouines ? En tout cas, ce schéma militaire va devoir être pris en compte par l’amirauté britannique.

En Asie, la situation est bien différente de l’Amérique du Sud. D’une part, il existe une rivalité ouverte entre les puissances nucléaires chinoise et indienne (problématique de frontières) et d’autre part, l’Inde à la volonté de se doter d’un sous-marin porteur de l’arme nucléaire, pour s’assurer une frappe nucléaire en second (principalement destinée à la Chine). Enfin, l’Inde peut désormais être considérée comme la sixième marine nucléaire du monde. La quête de ce premier SNA, réalisé avec l’aide de la Russie ([Tant sur le plan de l’ingénierie que de l’entrainements des équipages comme de la location dans les années 1990 de SNA)] est désormais une réalité. Le SNA indien, l’INS Arihant devrait être opérationnel en 2013 et un second exemplaire est déjà en cours de construction pour des essais à la mer en 2015. Dans l’optique de se construire une large composante océanique, dans la prochaine décennie, l’Inde louera également pour 10 ans le SNA russe Nerpa (classe Akula-II).

à cette liste, n’oublions pas d’autres états qui s’interrogent officiellement (l’Australie avec l’aide des Etats-Unis) ou officieusement (le Canada) sur ce type de propulsion.

Le marché est ouvert, « business is business », mais à quel prix ?