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La Note Verte #2 Quel nouveau modèle régional ?

L’émergence de l’échelon métropolitain consacrera-t-elle le déclin de l’échelon régional ou davantage son nécessaire dépassement ? Comment tenter de passer un nouveau compromis territorial favorisant une plus grande lisibilité et une efficacité accrue de la dépense publique ?

Dans un environnement instable pour cet acteur essentiel de la formation et des transports publics, pistes de travail sur un corpus associant fiscalité et compétences normatives.

 

« Pour une agriculture urbaine » : tribune publiée sur Les Echos.fr

Plusieurs organismes publics ou parapublics s’en sont émus auprès de l’État. Ã l’aube des années 2000, la SAFER dénonce le phénomène, et en 2004, dans un « Livre blanc », elle associe la question du développement économique de l’agriculture à la qualité des paysages.

La prise de conscience est désormais acquise, mais elle ne fait pas une politique publique. Certes, la protection des terres agricoles se traduit progressivement dans la gestion du foncier. Mais quelle valeur peut avoir un champ, même de la meilleure terre, face à la spéculation foncière ? Dans un projet porté aujourd’hui par le Groupe Auchan, sur les dernières grandes surfaces agricoles franciliennes du Triangle de Gonesse, peut-elle faire encore le poids ?

LE FONCIER A L’EPREUVE DE LA SPECULATION

Partout en Europe, des communautés urbaines ou des régions n’ont pas attendu « l’impossible » loi qui protègerait la terre agricole au même titre qu’un morceau de patrimoine. Dans les périphéries de Berlin, Milan, ou Barcelone, plusieurs centaines d’hectares sont intégrés à de grands parcs où cohabitent plusieurs formes d’agricultures, des zones de loisirs et des parcours de promenades.

à Lille autour du canal de la Deûle, la communauté urbaine a initié, il y a une vingtaine d’années, un parc d’un nouveau genre, associant propriétaires publics et privés, espaces agricoles, espaces naturels et lieux de loisirs. Sur près de 2000 hectares, l’agriculture est préservée et participe au maintien de grands espaces de promenade au c?ur du tissu périurbain. Agriculteurs, gestionnaires des espaces publics et naturalistes, travaillent en bonne intelligence.

Au c?ur des villes, l’agriculture est pourtant trop souvent reléguée à un enjeu symbolique. Elle est au mieux une source d’inspiration et de renouvellement des figures paysagères dans des parcs et jardins publics, déclinés parfois avec réussite.

L’enjeu du métissage entre l’agriculture et la ville relève d’une importance stratégique. Il ne porte pas seulement en lui un parti pris esthétique ou le défi de la rupture avec une agriculture productiviste mortifère pour notre santé. Il ouvre une opportunité : celle de la refonte de projets de territoires dans leurs dimensions les plus intimes.


Les projets de fermes pédagogiques se multiplient.

Une forme de microagriculture » liée à la pratique du jardinage et au besoin de recréer des liens sociaux (jardins familiaux, jardins partagés?) réinvente les anciens jardins familiaux. Dans ces lieux, on se retrouve autour d’activités de jardinage, on partage le plaisir de croquer quelques radis, de goûter des fraises.

Si ces jardins peuvent constituer, au temps de la grande crise, un complément à l’économie ménagère – comme ils l’étaient à leur création au XIXe siècle -, les microparcelles des écoles ou des jardins partagés ont avant tout un rôle pédagogique. L’agriculture « réelle » en a probablement besoin. Dans les grandes villes, la dernière mode est à la production de miel, sur les toits des grandes institutions, des entreprises, on installe des ruches dont la production est de meilleure qualité.

« BOBOLAND » OU BASE DE PROJET DE TERRITOIRE

D’aucuns dénigrent ces nouvelles formes agricoles justes bonnes à faire pousser un peu de convivialité pour citadins dés?uvrés. On serait là sur un terrain marginal et il semble difficile d’imaginer une régression de la ville au profit de l’agriculture. C’est pourtant arrivé à Détroit. Touchée de plein fouet par la ruine de l’industrie automobile, cette ville américaine a perdu une grande partie de ses habitants. La population restante, souvent très pauvre, a investi des parcelles anciennement loties, pour développer des cultures vivrières et une nouvelle urbanité.

En France, les métropoles de Nantes et de Rennes se préoccupent de la protection de leurs terres agricoles. Ã l’initiative de designers locaux, le collectif des « Ekovores » imagine une agglomération résiliente, où « producteurs et mangeurs » vivraient en symbiose, les citoyens des villes consommant des légumes bios de maraîchers de la toute proche périphérie, en limitant les intrants et les hydrocarbures.

à l’heure des circuits courts, l’agriculture doit être appréhendée plus fondamentalement comme un système qui porte sa résilience et celle de la ville. C’est un enjeu transversal, de gouvernance environnementale, sur la gestion de l’eau, la biodiversité, mais également sur les champs de l’emploi et éducatifs. Produire pour et dans la ville appelle en effet des changements techniques, l’organisation de nouveaux modes de distribution, et de nouvelles formes agraires : des circuits courts comme la cueillette à la ferme et la vente directe (les fermes de Gally, près de Versailles?), des contrats de production (les Associations pour le Maintien d’une agriculture paysanne), des contrats d’entretien novateurs (le pâturage des moutons dans un parc public?).

Longtemps, les limites entre ville et campagne ont été franches, mais la situation s’est par la force des choses estompée. Cela n’a pas été le fruit de décisions politiques, au contraire. Dans le rapport de mars 2010 commandé par l’Établissement Public de la « Plaine de France », la très sérieuse Direction de l’Équipement du Val-d’Oise plaide en lieu et place d’un énième projet d’hyper marché de 80 hectares porté par la famille Auchan pour une imbrication entre ville et campagne féconde en termes de développement local. En traitant les franges de contact avec la population, citant des exemples réussis de pays nordiques, elle plaide pour que ces surfaces soient aménagées.

Cette nouvelle agriculture doit être pensée et spatialisée dans un projet urbain, économique et paysager, avec l’aide d’outils réglementaires, constitutifs « d’aménités urbaines » comme l’écrivait le chercheur Pierre Donadieu, dés 1988.

L’AGRICULTURE C’EST POUR MANGER

Hélas, trop d’élus cèdent à la paresse intellectuelle et aux promesses des marchands du temple qui aménagent et façonnent les grands projets de la cité à la place des schémas de cohérence territoriale (SCOT) et autres plans locaux d’urbanisme (PLU). Ce faisant, ils relèguent la semaine l’agriculture au rang d’une industrie bénéfique pour notre balance commerciale. Au pire, Lles week-ends d’élections, ils « caressent le cul des vaches » et une certaine idée passéiste d’une France mythifiée.

Dans les couloirs du salon de l’agriculture, se souviendront-ils que la préservation des terres agricoles est une nécessité vitale pour se nourrir ? On l’oublie souvent, mais dans l’exemple de Gonesse, les terres agricoles menacées dans le secteur représentent à l’horizon 2025 l’équivalent de la consommation de 500 000 personnes en pain pendant une année.

Les agricultures urbaines sont un enjeu pour les villes et les campagnes de demain, car elles impliquent les citoyens dans une connaissance et un rapport respectueux du substrat et pour maintenir aussi, dans des métropoles très denses, la présence du ciel, de grands horizons, des lieux où se promener.

Chroniques d’un hiver européen : Athènes

Série documentaire audio-photo racontant le quotidien des habitant/es de l’Europe en crise, « Chroniques d’un hiver européen » est un projet évolutif débuté en novembre 2011 en auto production, crowd funding et sous licence libre par le Français et résident berlinois Etienne Haug.

Hiver 2013 : les Grecs entrent dans la sixième année de la plus longue récession de l’histoire du capitalisme. Le contenu déjà réalisé ne représente que le début de chroniques en plusieurs saisons, la prochaine explorant entre autres la situation en Irlande. La première saison des « Chroniques d’un hiver européen » compte 3 épisodes de 45 minutes accompagnés d’un contenu vidéo. Athènes, de la récession à la dépression, Athènes, l’engrenage de l’austérité et Athènes, la quête d’un ailleurs, à écouter/voir ci-dessous, racontent le quotidien de quelques habitant/es d’Athènes en décembre 2011 et la façon dont la politique imposée par la « Troïka » (Commission européenne, Banque centrale européenne, FMI) les plonge dans une impasse. Ils sont agencés avec les images des photographes Anna Civetta, Stefania Mizara et Achilleas Zavallis, grâce à la collaboration de la commissaire d’exposition Camille Pillias et des monteurs français Nelly Ollivault et Sébastien Lecordier (Radiofonies Europe).

Ces trois épisodes relèvent scrupuleusement les signes et les manifestations de la crise à travers le vécu des Grecs de la classe moyenne. Les témoignages font entendre ce que signifie concrètement, tant sur le plan pratique que psychologique, le fait de vivre dans un pays où le consensus social qu’on pensait acquis depuis des décennies se trouve détruit en seulement quelques années.

Visionner « Chroniques d’un hiver européen », épisode 1 : Athènes, de la récession à la dépression

Chroniques d’un hiver européen – Episode 1 : Athènes, de la récession à la dépression from Radiofonies Europe on Vimeo.

Visionner « Chroniques d’un hiver européen », épisode 2 : Athènes, l’engrenage de l’austérité

Chroniques d’un hiver européen – Episode 2 : Athènes, l’engrenage de l’austérité from Radiofonies Europe on Vimeo.

Visionner « Chroniques d’un hiver européen », épisode 3 : Athènes, la quête d’un ailleurs

Chroniques d’un hiver européen – Episode 3 : Athènes, la quête d’un ailleurs from Radiofonies Europe on Vimeo.

Retrouver (et suivre) « Chroniques d’un hiver européen » sur :
http://hivereuropeen.wordpress.com/
www.radiofonies.eu/Chroniques-d-un-hiver-europeen.html
www.facebook.com/eurowinter

Le projet « Chroniques d’un hiver européen » est en licence libre Creative Commons : il est permis (et même vivement recommandé) de le partager, de l’utiliser et de le diffuser gratuitement à la seule condition de citer les auteurs et le site internet http://hivereuropeen.wordpress.com.

Quelle place du politique dans un monde globalisé ?

Comment sortir des rapports de domination entre le « Nord » et le « Sud», et transformer le pillage des ressources naturelles en un outil de développement dont les fruits bénéficient réellement aux populations locales et ne sert pas seulement d’alibi à l’exploitation des terres ?

Transversale, cette problématique entrecroise les thématiques économiques, sociales et environnementales abordées ici sous l’angle de la responsabilité des entreprises transnationales.

Entreprises, Etats, citoyen-nes… Quelles responsabilités et quels outils pour construire un monde plus équitable, et moins destructeur de la planète ?

Nos modes de production et de consommation ont des conséquences lourdes dans les pays pauvres qui produisent les matières premières et les produits transformés qui viendront ensuite alimenter nos marchés. Une grande partie des émissions de carbone des pays émergents est liée à la demande des pays riches et à l’industrialisation qui en résulte. Non contents d’importer leurs matières premières, nous avons également trouvé un système efficace pour délocaliser la pollution et les salaires. Les retombées économiques existent, la croissance des pays émergents en témoigne. Mais à quel prix environnemental et social ? Et sur quels modèles de répartition des bénéfices induits par ces activités?

Au-delà de la morale, le droit


L’organisation transnationale des grandes entreprises françaises permet à celles-ci de s’appuyer sur la diversité des lois locales pour mieux se dégager des contraintes sociales ou environnementales qui pourraient peser sur leurs activités si elles étaient soumises aux lois des pays où sont implantées les sociétés-mères.

Avec des ressources leur permettant de s’assurer d’excellentes expertises légales, ces grandes entreprises savent s’appuyer sur le droit là où il leur est favorable, tout en entravant l’émergence d’une réglementation internationale dotée d’instruments de contrôle externe et d’outils de sanction.

Pourtant, cette régulation est nécessaire, d’abord pour prévenir les risques ? qu’il s’agisse de la violation des droits humains, de la destruction d’éco-systèmes ou des accidents industriels – ensuite parce qu’il faut pouvoir, le cas échéant, réparer les dégâts dus à un accident industriel, indemniser les victimes et sanctionner des violations flagrantes des droits ? ou des manquements aux mesures de sécurité.
Cette régulation s’impose aussi pour limiter les conséquences géopolitiques de la concurrence dans l’accès aux ressources ? les richesses pétroflifères et minières provoquant l’appauvrissement des populations vivant dans les zones concernées et nourrissant des foyers de guerre.

Le nécessaire retour du politique

Tandis que certaines multinationales montrent une puissance comparable voire supérieure à certains Etats, comment prévenir les risques sociaux, environnementaux, sociétaux liés aux activités économiques de ces entreprises, comment contrôler l’impact de leurs activités, et, le cas échéant, comment sanctionner les infractions aux droits fondamentaux, et assurer aux victimes des réparations qui dépassent le symbolique ?

Pour mener ce travail, la participation de toutes les parties prenantes est essentielle ? entreprises, syndicats, associations de consommateurs, ONGs, juristes… mais aussi politiques, qui doivent être en mesure d’imposer l’équité nécessaire et indispensable à la construction d’un monde moins destructeur de ses propres ressources, et plus juste pour les femmes et les hommes qui devraient pouvoir y vivre dignement.

Des efforts de la part des entreprises

Suite aux campagnes de sensibilisation menées par les ONGs, les multinationales ont pris la mesure du risque « réputationnel » qui accompagne leurs activités. La RSE (responsabilité sociale des entreprises) a parfois gagné un E pour mieux valoriser la préservation de l’environnement. Cependant ces efforts sont essentiellement basés sur l’auto-régulation, via des codes de conduite édictés et contrôlés en interne, quand il ne s’agit pas tout simplement d’opérations de pure communication, au fil de rapports dotés d’illustrations en couleur mais de peu de chiffres vérifiables et comparables d’une entreprise à l’autre.
Plus efficaces, des accords-cadres internationaux peuvent être négociés entre management et syndicats des sociétés-mères et des filiales.
Encore faut-il que la liberté syndicale puisse s’exercer dans les pays où les multinationales se sont délocalisées ? ce droit fondamental constitue un préalable indispensable à la création de contre-pouvoirs internes. Il concerne aussi directement les associations de consommateurs, qui, jusqu’ici, se sont peut-être moins emparées de la question que les confédérations syndicales, assez mobilisées. (Sur ces questions, voir le Forum citoyen pour la responsabilité sociale des entreprises http://forumcitoyenpourlarse.org/).

Ces accords-cadres s’appuient sur les textes internationaux issus de l’OCDE et de l’OIT à la fin des années 70, et retravaillés au début des années 2000. Depuis, les tentatives successives d’établissement de réels systèmes de contrôle assortis d’un arsenal de sanctions ont globalement échoué. Tout semble montrer que, depuis le milieu des années 2000, les entreprises transnationales ont pris la main sur le droit ? et sur le politique.
Est-ce une raison pour s’y résigner ?

Un chantier pour l’écologie politique

Quelles peuvent être nos propositions, au niveau national et international, pour mieux contrôler l’impact des activités des entreprises transnationales et, le cas échéant, avoir la capacité d’imposer des sanctions aux sociétés qui se rendraient coupables de violations des droits fondamentaux ?

Pistes de réflexion :

Comment interpeller les grandes entreprises françaises pour qu’elles s’impliquent plus activement dans la mise en oeuvre de bonnes pratiques ?

Comment instaurer, à l’échelle nationale et internationale, des contrôles menés par des inspections publiques (et non déléguées à des entreprises privées)?
Quels seraient, à l’échelle nationale et internationale, les outils juridiques les plus adaptés ?
Faut-il aller jusqu’à l’instauration d’un « droit d’ingérence économique » qui permettrait à l’Etat qui le souhaite de se saisir d’une violation des droits humains et/ou environnementaux pour demander des comptes à une entreprise située sur le territoire d’un autre Etat ?

En finir avec la France moche

PORTRAIT INHABITUEL DU PAYS

Des centres commerciaux, des zones d’activités, des lotissements et des routes élargies d’où ont disparu les arbres. Quatre à cinq enseignes et autant de lotisseurs sont responsables de la production de ces »non lieux »; comme les qualifie l’ethnologue Marc Augé.


Que s’est-il passé ?

Les causes sont nombreuses, parmi lesquelles les choix économiques faits depuis quarante ans, combinant toute automobile, grande distribution, l’absence ou l’empilement des réglementations, le clientélisme dans le classement des terres constructibles. S’y ajoute la volonté légitime des communes d’attirer emplois et taxes professionnelles.

La lecture de ces paysages raconte nos modes de vie, nos choix ou notre absence de choix où priment fonction et rentabilité immédiate. Tristes paysages que ceux des espaces verts et des ronds-points paysagers, d’un urbanisme par défaut avec haies de thuyas et clôtures sans lien avec les champs déserts qu’elles côtoient.

Depuis vingt ans environ, il y a une prise de conscience avec le travail de l’Observatoire photographique des paysages, le vote de la loi Paysage en 1993 et, plus récemment, la loi de Solidarité et de Renouvellement Urbain (Loi SRU) qui met en place le Plan Local d’Urbanisme (PLU). L’exemple est souvent venu avec l’expérience et la conviction d’élus et de professionnels engagés au sein des collectivités locales qui ont multiplié les projets d’aménagement et de requalification de leurs quartiers dans une démarche de planification et de cohérence territoriales.

Il s’agit pourtant d’une infime partie des actions d’aménagement à l’?uvre sur le territoire, car la plupart des communes n’ont pas de PLU au sens d’un véritable document d’urbanisme. Trop de communes décident de leur avenir avec les lotisseurs, les acteurs économiques et la pression démographique, et les règles les plus utiles sont remises en cause et contournées, surtout en période de crise. On a ainsi amoindri en 2010 l’impact des Zones de protection du patrimoine architectural, urbain et paysager (ZPPAUP) pour faciliter le secteur du bâtiment. Malgré cela, pas ou peu d’inquiétude à avoir pour les secteurs protégés.

L’ENJEU EST A LA PERIPHERIE

Dans les zones qui n’appartiennent ni à la grande ville ou à sa proche agglomération, et pourtant qui constituent le cadre de vie de la plupart des gens. C’est la France des espaces de trajets, des abords des centres commerciaux, des quartiers d’habitations, portée depuis 1990 par une dynamique démographique trois fois plus importante que dans les grands centres urbains. Celle des ouvriers, des employés, frappés, comme nous le rappelle Christophe Guilluy dans sa « Fracture française », par la désertification sociale, abandonnée par les politiques publiques et d’aménagements.

Lors des débats entre concepteurs sur les propositions pour le Grand Paris, il y a eu consensus pour s’emparer de la question des zones périurbaines dans leur diversité, en reprenant quelques orientations significatives du SDRIF (Schéma directeur d’Ile-de-France), comme la protection des terres agricoles, la densification du bâti et la mise en relation des territoires.

L’aménagement du périurbain est bien une question de paysage, car elle concerne autant l’organisation des territoires que leur forme, les deux étant liés. Le Grand prix national de l’urbanisme 2003, Michel Corajoud, attribue directement le problème des villes contemporaines à leur absence de paysage : « (?) Un des problèmes importants de la ville contemporaine me semble être son obstruction et, de ce fait, sa désorientation. L’accumulation non réglée des constructions dans la ville actuelle est telle que tous les horizons se ferment. »

Penser l’aménagement à travers le paysage implique de s’intéresser à toutes les dimensions d’un territoire : de comprendre l’histoire, la géographie, les mécanismes de transformation, l’interrelation des différents milieux, pour apporter des réponses. Un projet se bâtit dans la connaissance de ces mécanismes. C’est la seule façon de réconcilier ville et campagne, ville et milieux naturels. Il est urgent d’imaginer de nouvelles formes urbaines en réseaux où la nature et l’agriculture s’inscrivent en interrelation selon des circuits courts de production et de consommation.

Le contexte est propice à l’élaboration de projets novateurs traduisant dans la réalité les trames vertes et bleues (continuités biologiques territoriales), par exemple, décidés par le Grenelle de l’environnement. Un élément essentiel d’une ville durable.


« J’habite donc je suis »

Cette formule de Massimo Venturi Ferriolo, spécialiste des questions de paysage à l’école polytechnique de Milan, dans son discours lors de la célébration du dixième anniversaire de la Convention européenne du paysage, résume bien l’importance du paysage comme révélateur des interactions entre l’homme et son environnement.

à l’heure des contraintes budgétaires, rappelons à notre ministre de l’égalité des Territoires ce que fut l’invitation de cette convention à s’engager « ? à reconnaître juridiquement le paysage en tant que composante essentielle du cadre de vie des populations, expression de la diversité de leur patrimoine commun culturel et naturel, et fondement de leur identité? » Une piste féconde.